Nue, Jean-Philippe Toussaint

Publié le Catégorisé comme en lisant Étiqueté , ,

Il y a la « disposition océanique » aussi, de Marie,  son goût pour la nudité. Sa facilité à faire une, nue, avec la nature, dont aurait répondu le défilé en robe de miel, révélant, pourtant, avérant, questionnant la possible face d’horreur (de la nue dans la nature). Comme s’il avait fallu, pour elle, Marie, que la haute couture repondît de la grandeur, de la beauté de ce « sentiment océanique » que le narrateur dit donc observer chez elle. Et que ce soit au départ de la faille, de la faillite, alors de cette correspondance, du recouvrement « nature/culture » pour le dire très grossièrement – peut-être on aurait pu dire aussi « femme /robe », « nue/non-nue, vêtue », « une nue/une vêtue »- que quelque chose se révèle de la raison du travail de la jeune femme, et de leur couple.

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Moi, je déteste m’habiller. Je n’habille pas la nue. Je laisse nue la nue. Dois laisser nue la nue.

Comme si…. la nuée d’abeilles, la robe de miel, cherchaient à répondre de la nue Marie (semblant réel).

C’est le semblant qui m’est impossible.

Quelque chose n’est pas recouvert.

Pauvre F, qui déteste la nudité (dit-il).

 

Le croyant et la dupe alors ?

Là où l’obsessionnel se porte caution de l’Autre, c’est le Sans-Foi qui caractérise l’intrigue de l’hystérique, c’est-à-dire un « ne pas y croire ». A faire d’elle-même le point de référence, le lieu de la Vérité, elle déstabilise toute croyance dans la parole du Maître. …

Alors, les femmes sont-elles dupes d’elles-mêmes ? Sont-elles dupes de rester pour elles-mêmes leur seule vérité ? Sont-elles dupes de cette jouissance qu’elles éprouvent mais dont elles ne savent rien et ne peuvent rien dire ? Sont-elles dupes de l’amour dont le discours et la lettre les entraînent au-delà de l’aimé ? Sont-elles dupes de l’homme par l’inconscient duquel elles sont choisies ? Là, c’est ce que donnerait à penser le ravage que peut à l’occasion devenir la relation avec un homme.

 Nous mettrons ici le même écart entre « être dupe » et « se faire la dupe » qu’il y a entre être l’objet du fantasme d’un homme et accepter de s’en faire l’objet cause du désir. Cet écart est celui de l’accès à une place de semblant

Se faire l’objet du fantasme masculin conduit une femme à cette relation de « ravage » qui caractérise aussi bien la relation mère-fille quand, enfant, elle se fait objet du désir « pervers » de la mère. Tandis qu’accepter de se faire l’objet cause du désir pour un homme, accepter de se prêter à la perversion masculine, souligne l’accès à une place de semblant.  Adopter cette place est une façon pour une femme de se faire la dupe du choix de l’inconscient.

Le croyant et la dupe, Marie-Françoise De Munck

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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