Quand je me réveille, toutes les difficultés afférant* au travail dans lequel je suis, toutes sortes d’idées inquiètes m’engorgent la tête Ce matin il me sera apparu** comment le blog oblige à faire des choses qui puissent accrocher « le visiteur de hasard».*** Que tout y soit sur une seule page, celle de garde, l’index. Chaque note, chaque article devant constituer une petite entité qui puisse être indépendante des autres. Sans doute m’aura-t-il paru difficile de poursuivre une réflexion – une réflexion qui en passe par l’écriture, de la mener à son terme, peut-être lointain, à coups d’autant de moments de réflexion qui contiennent ou évoquent suffisamment leur propre terme qu’on puisse les séparer de ceux qui les précèdent et des possibles de ceux qui les suivront. Que je ne puisse m’appuyer sur ce que j’aurais déjà écrit dans la mesure où ça n’aura pas déjà été lu.**** Si tout doit se trouver sur l’index, c’est que n’est plus attendu que ce qui est daté d’aujourd’hui. Tout, c’est aujourd’hui. Les archives, c’est accessoire. Ça ne fait plaisir, ça ne rassure ou ça n’inquiète que celui qui les nourrit. Est-ce qu’il y a du nouveau ? Nous sommes des millions de blogs. Nous disposons des outils de Alors pourquoi passer par les blogs, le blog, moi qui connais si bien Le choix, dont il m’est arrivé de parler ici, c’est le choix Le surmoi tente de faire passer le « dire » au« dit» à force des «dits» et en se passant du «dire». Tente d’imposer ça. C’est pour ça que sa force d’impulsion, sa manoeuvre, se fait constante. J’ai été trop longue. J’en reste là . Même moi je ne me lirais Aussi, je vous embrasse. |
* « afférant » me vient de ce que je lisais Christian Oster hier soir, qui utilise à l’abord de son histoire d’amour un certain type de langage, d’ordinaire réservée aux bureaux. Donnant une idée du décalage entre ce que le narrateur vit et les mots par lesquels il en passe pour le décrire, de la distance entre ce qu’il vit et le langage même. Et donnant une idée d’où le narrateur se tient face à ça, pour supporter ça, cette distance, ce décalage, usant du ** Qu’il me soit « apparu »¦ *** Je pense ici au texte de Marcel Broodthaers qu’on peut lire sur l’index de 2balles : « Je voudrais rompre cette solitude, mais ça ne marche pas, car il n’y a pas foule ici. Et il m’est difficile de donner au pied levé une réponse théorique à votre question sur le visiteur. Disons ceci: je suis toujours heureux de voir arriver ici des amis ou des visiteurs que je connais, car il naît toujours un contact direct. Mais j’aime aussi le visiteur de hasard, bien qu’il viennne le plus souvent sur le conseil d’un ami ou d’une **** Or, c’est aussi ce que je cherchais au départ : « en finir (avec les faux impossibles) ». Apprendre à finir. A quoi, le blog, et son visiteur éclair, obligent. ***** ça a été un soulagement, un coup de panique d’abord puis un soulagement, que de me dire que vraiment ça n’avait pas d’importance qui venait sur mon site, combien ils venaient (les logs, les stat.), et de me débarrasser de l’outil qui me permettait de le savoir. ******* « Si le signifiant est ainsi un creux, c’est en tant qu’il témoigne d’une présence passée. Inversement, dans ce qui est signifiant, dans le signifiant pleinement développé qu’est la parole, il y a toujours un passage, c’est-à -dire quelque chose qui est au-delà de chacun des éléments qui sont articulés, et qui sont de leur nature fugaces, évanouissants. C’est ce passage de l’un à l’autre qui constitue l’essentiel de ce que nous appelons la chaîne signifiante. Ce passage en tant qu’évanescent, c’est cela même qui se fait Ce que nous retrouvons là encore, c’est que, s’il y a un texte, si le Jacques Lacan, Le séminaire, Livre V, Les formations de l’inconscient (1956-1957), p. 343. ******* Oster, qui a du talent, |
Étiquette : futur antérieur
la tentée du futur antérieur
oui, j’aurai souvent vécu de ce point de vue là, ou dans sa tentation, du futur antérieur, du point de vue d’après ma vie, de bout au bord de ma tombe.
(t uvois, je te cherche frédéric, et je tombe sur moi.)
ennui, angoisse, divertissement et futur antérieur
non, je connais pas l’ennui, mais je connais l’angoisse. et si je me divertis, c’est pour la vaincre elle. (probablement n’aurai-je pas beaucoup plus que du mépris pour ce qui me divertit).(futur antérieur, point de vue du mort. comptant sur ce qui là, enfin, se fige. se figerait).
(point de vue du suicidé, aussi: de l’attentatée du suicide. tentée, ratée, du s. de ce que l’on dirait du mort, de la morte. )
moi aussi, moi non plus
Contrairement à la loi qui veut que le meilleur livre soit celui qu’on est en train d’écrire, le texte au présent le déçoit. Sachs estime qu’il sera bon au futur antérieur. En effet, il sera bon une fois mort.
Maurice Sachs le désoeuvré, Thomas Clerc, p. 36.
Son obsession pour la valeur – Suis-je bon? Suis-je mauvais?…
Ibid., p. 37.
La postérité
J’ai été forcée d’approcher cette idée que j’aurai toujours vécu croyant à une postérité de mon père, à une survivance de son œuvre au travers des siècles, et que je lui aurai supposé avoir peint dans cette optique, ce dessein – maintenant que la possibilité existe que cette œuvre disparaisse, se détruise – et même si je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela n’arrive pas.
Qu’en est-il de ce désir de postérité que j’ai supposé à mon père. Que puis-je en savoir de plus. Qu’est-ce que cela a impliqué pour moi, dans ma façon de vivre.
Je me souviens avoir pensé n’écrire que pour la mort, que pour après, que dans un futur antérieur. Dans un discours sur la tombe. Aujourd’hui, je peux seulement dire qu’il n’en est plus rien.
L’héritage de mon père nous est apparu comme un fardeau, pour une grande part… quelle injustice.
Il a vécu, nous avons vécu ensemble, il faut bien qu’il y ait eu un présent, ce présent a eu lieu, le supposé désir de postérité ne peut pas avoir tout phagocyté. Il faut bien qu’il y ait eu, qu’il puisse y avoir un désir de présent, de présence, dans son désir de peindre.