mais – que nous mourrerons
me fait t’am et désir
nous mourrons
t’am, dés.
le monde à distance d'une lettre
mais – que nous mourrerons
me fait t’am et désir
nous mourrons
t’am, dés.
oui, j’aurai souvent vécu de ce point de vue là, ou dans sa tentation, du futur antérieur, du point de vue d’après ma vie, de bout au bord de ma tombe.
(t uvois, je te cherche frédéric, et je tombe sur moi.)
non, je connais pas l’ennui, mais je connais l’angoisse. et si je me divertis, c’est pour la vaincre elle. (probablement n’aurai-je pas beaucoup plus que du mépris pour ce qui me divertit.)(futur antérieur, point de vue du mort, de la mort, du moment où ça sera arrêté, du point de vue de l’arrêt.) (point de vue du suicidé, aussi: de l’attentatée du suicide. tentée, ratée, du s. , de ce que l’on dirait du mort, de la morte. )
rapidement j’ajoute, eau au moulin, à propos de l’homme revenu, d’Afrique, l’Africain :
Contrairement à la loi qui veut que le meilleur livre soit celui qu’on est en train d’écrire, le texte au présent le déçoit. Sachs estime qu’il sera bon au futur antérieur. En effet, il sera bon une fois mort.
Maurice Sachs le désoeuvré, Thomas Clerc, p. 36.
Son obsession pour la valeur – Suis-je bon? Suis-je mauvais?…
Ibid., p. 37.
Sors d’un rêve si long, comment l’écrire, si long si bon. Tout à l’heure psychanalyste, on est lundi, cette envie de lui donner une toile de mon père, apparue clairement au sortir du rêve. Cette question aussi : pourquoi l’inconscient me ferait-il pareil « cadeau » – ce tableau d’une boucle bouclée, d’un parcours de mon analyse.
Comment est-ce que ça a commencé?
« Je suis chez mes parents avec Dimitri, un ancien amoureux.1Dimitri, dirai-je à l’analyste, le seul amour qui fût réciproque, idéalement réciproque. Une flambée courte et puissante d’amour réciproque. Les choses vont plutôt bien entre nous. Puis, c’est de l’ordre de moi qui ne veux plus. A lieu alors l’accident parodontologique . J’ai une maladie des gencives. Mon… (mot manque), ma couronne a sauté, a explosé, je risque quelque chose de très grave. C’est une couronne qui couvre plusieurs dents, en bas à gauche. Je suis en danger de mort. Je veux voir mon parodontiste, mais je n’ai pas son numéro de téléphone. Je veux donc partir de suite. Je sors. Y aller. Je pensais que savais où c’était mais c’est chez Dimitri que je vais, je me suis trompée. Je me rends compte que je ne sais pas du tout où il habite.
Une jeune femme sort de la maison, vient à ma rencontre. Je lui explique que je cherche mon parodontiste. Elle me fait rentrer. C’est une sorte de cabinet médical. Elle me présente à un homme, lui parle. Je crois qu’il est dentiste, mais non. Ou ne veut pas s’occuper de moi, il n’y a pas le temps, pas de « trou » dans son agenda. Je devrais partir, chercher ailleurs, mais je reste. La jeune femme m’entraine à sa suite. Je ne sais pas qui elle est, si elle est une sorte de servante ou secrétaire.
Il y a de plus en plus de monde. La jeune femme devient mon amie. Elle est malade. Il y a de plus en plus de peintures au mur, d’œuvres d’art, de bric-à-brac. L’appartement s’agrandit, fait de plus en plus songer à un château. Je deviens de plus en plus silencieuse, en retrait, en état de distance, avec une difficulté à être là. On s’étonne que je ne sois pas auprès de la jeune femme malade, on me dit qu’on pensait que c’était mon amie. Il va peut-être y avoir une explosion auprès d’elle.
Je passerai la nuit là, à perdre des choses. Trois choses, trois objets : mon sac, un paquet de feuilles, un classeur. C’est à cause de ça que je ne peux pas partir. Jules apparaît. Lui aussi perd ses affaires. Nous les cherchons. C’est ce qui nous empêche de partir, nous les cherchons, les retrouvons, les reperdons. Ou, je perds Jules. Jules, chose.
Les gens chez qui nous sommes sont très riches, famille noble, très très grande famille. Jules joue de temps en temps avec d’autres enfants. Nous faisons plusieurs tours du château. La fête bat son plein. La nuit passe. Quelqu’un me dit que je n’ai pas besoin de boire pour être séduisante. C’est le matin.
Frédéric arrive pour nous chercher. Ils ont vidé tout le château. Il ne reste plus rien au mur. Avec F, nous voyons revenir des trains entiers remplis d’objets. Je sais qu’ils retournent au château. Ils ont tous été rangés. En effet, c’est la fin de la fête. Nous allons partir, F., J et moi.
Nous sommes tout en haut du château. C’est la dernière cène, nous sommes plusieurs assis à une longue table, malgré ma timidité, je me suis assise à côté du propriétaire du lieu, à côté du châtelain, je lui dis « Oh! regardez comme c’est beau, chaque fenêtre, on dirait une peinture différente. On dirait qu’il y a autant de paysages qu’il y a de fenêtres, autant de tableaux de paysages que d’ouvertures dans le mur. » (hier expo photo) – ce sont de grands paysages, très verts (comme les haricots, petits pois surgelés de la veille).
C’est vraiment magnifique. Le réveil sonne. »
Pas tout ça, faut que j’y aille.
L’action du sujet dans le fort/da est exemplaire. En nommant le vide créé par l’absence de la mère à l’aide de l’alternance présence/absence de la bobine, le sujet la détruit comme objet, mais il constitue cette action même comme objet en la répétant. Le sujet « élève son désir à une puissance seconde (…) Le symbole se manifeste d’abord comme meurtre de la Chose, et cette mort constitue dans le sujet l’éternisation de son désir. »15 Le fort/da n’est plus seulement scansion, mais véritable fondement de l’édifice subjectif du désir. La mélancolie, sacrifice suicide, s’identifie à cette mort du sujet qui se nomme dans le même temps où il s’éternise. Par là, le sujet se fait pur sujet de l’éternité du désir. La mélancolie ne se situe plus à partir du narcissisme, mais à partir des effets du parasite langagier. Plus exactement, le sacrifice narcissique est subordonné au sacrifice symbolique.
Éric Laurent, « Mélancolie, douleur d’exister, lâcheté morale », Ornicar? 47, p.11. La citation est de Jacques Lacan dans les Ecrits, p. 319.
On trouvera là les principaux extraits de l’article d’Eric Laurent, « Mélancolie, douleur d’exister, lâcheté morale » ( Ornicar? 47, 1988) qui m’ont paru porteurs d’une vérité ultime et néanmoins insaisissable. Il en est de ce texte finalement comme de ceux de Catherine Millot : détenteur d’une vérité agalmatique qui me convoque au travail, mais à un travail que je ne parviens fondamentalement pas à faire.
(Pas à faire, peut-être de toute éternité, de tout temps, de moins en moins. De toute éternité = depuis l’enfance, depuis l’école, depuis les bancs de l’école : si ça se trouve. Un travail, une tâche, qui m’échappe depuis les bancs de l’école. )
Cette vérité, n’y aurait-il à accepter qu’elle soit tel un diamant qui ne s’aperçoit que le temps d’un instant, qui éclaire tout, et dont rien ne se préserve l’instant d’après. Dont on est alors seulement requis de transmettre ce qui s’en serait, quelque part en soi, et d’une façon inaperçue, marqué. Le reliquat.
Requis ou pas. Ou pas requis.
Car s’agit-il de s’approprier ? Car s’agit-il d’un savoir dont on puisse être propriétaire ? Faut-il à tout prix qu’il soit vérifiable ? Ne se pourrait-il qu’il vous travaille sans que vous en sachiez rien ? Et s’il y eut un instant de certitude, quoi d’autre sinon baisser les yeux, recueillir en soi des échos du silence, supporter de n’en rien retenir : puisque retenir quoi que ce soit signifierait : c’est raté.
Et faut-il que je remercie le ciel de n’avoir pas le pouvoir de retenir, de m’approprier les mots des autres. Quels mots des autres? Ne puis-je, être celle qui raconte à mon tour? Toujours, est-ce au silence que. Et ta mère ? Y eut-il d’autre lieu que son silence ? N’est-ce l’ordre des choses ? Les uns parlent, les autres. Mais de quand parles-tu ? N’es-tu revenue des tablées familiales ? Et ce silence maternel dont tu t’enrobais toute, que ne donnerais-tu aujourd’hui pour le retrouver?
Aurais-je aimé parler de mes lectures? Faire montre de ? Etre comme mon père, comme mon frère?
Quelque chose dans ce texte de Laurent s’offre se dérobant. Je ne sais si c’est parce qu’il me dit quelque chose qu’il n’est pas de mon pouvoir d’entendre, parce qu’il me convoque à le comprendre par moi-même, à m’en approprier l’intelligence ou parce que le saisir me donnerait les armes pour combattre en moi ce qui se défend de l’être. Suis une fois encore non-claire?
Ce texte ne detînt-il encore rien de plus que rien que sa dérobade à elle seule semble suffire à me sidérer.
Tant de termes ici brûlants : sacrifice, suicide, meurtre, mort. Les mots de l’Autre scène.
Pas nécessairement de quoi papoter entre l’entrée et le plat principal.
Je n’ai rapporté dans le blog que ce qui concerne les jeux du fort-da de l’enfant et la question de la lâcheté morale vs le rejet de l’inconscient.
L’énigme pour moi se situe dans les jeux de l’enfant, et le lien qu’y tire Lacan entre ces jeux et un dit sacrifice primitif…
Jusqu’il y a peu, j’avais interprété cette façon chez moi de comprendre quelque chose sans arriver à le restituer, du côté de l’hystérie, comme une façon de faire exister le savoir en le maintenant dans l’Autre.
Aujourd’hui, je me demande si je peux le dire autrement.
Cela dit, indépendamment du fait qu’il m’échappe, ce dont j’attends de ce texte c’est qu’il modifie mon rapport à la mort. Que je puisse en comprendre quelque chose. Sans que ce ne soit absolument nécessaire, en fait. Et il y a le pari que des choses se comprennent sans qu’on n’en sache grand chose.