le supplice du nom
— prise dans la coulisse

Fort empêchée d’écrire en ce moment, à cause du travail1.

Il y a deux ou trois jours : rêve.

1. D’abord seule
Pendant longtemps, de plusieurs façons, je cherche à arriver à l’une ou l’autre piscine.

2. Plutôt à plusieurs
Finalement, il est décidé que nous y irons, à la piscine, à plusieurs. Nous partons du château (enfance).

3. Un nouveau chemin
Plutôt que d’aller vers l’une de celles que j’avais déjà repérées, il est décidé, par le groupe, que nous irons vers une autre, dont je n’ai pas souvent fait l’épreuve du trajet.

4. A droite, le connu, le château de l’enfance. A gauche, la ville de ma mère, l’inconnu
Celle que je connais, c’est plutôt vers la droite – le chemin qui descendait du château au village à travers les prairies, un chemin toujours le même, souvent re-parcouru en rêve. La direction que nous prenons, c’est plutôt vers le fond à gauche. Impression de Poperinge (ville de ma mère).

5. Bloquée côté spectateur. Impossibilité de se déshabiller. Noir
Arrivons à la piscine. Diverses tentatives pour arriver jusqu’à la piscine même, l’eau. Cela paraît impossible (en fait, ça le restera pour moi, jusqu’à la fin). Le genre d’obstacle que nous rencontrons, c’est par exemple que les vestiaires sont plongés dans le noir ou introuvables ou ressemblent plutôt à une salle de spectacle, côté spectateurs. Nous sommes dans les fauteuils des spectateurs, la salle est plongée dans le noir, il n’est pas facile, ou plutôt il ne m’est pas facile de trouver ma place, une fois que j’en trouve une, comment me déshabiller en présence de tous ces gens. Comment font les autres? Ils le font.

D’autres donc, les autres, parviennent à l’eau. J’ai à un moment un aperçu de la piscine, du bain, de haut.

6. Coulisse, courant, mécanisme – au cœur de pulsion… Moulin à eau de Vanneau
Je m’engage finalement dans quelque chose qui devrait me mener vers la piscine. J’ai un doute. Je me demande si je ne suis pas embarquée sur le côté, sur le bord du chemin. En effet, je suis plutôt dans la coulisse. Je suis très exactement dans la, les coulisse(s). Couchée à plat ventre, encagée, sans aucune possibilité de me dégager. Je suis dans l’eau d’une roue qui entraîne l’eau de la piscine, qui entraîne le mécanisme de la piscine. Le courant est fort, inéluctable.

7. Le tour, la roue, la chute
Pour le moment, je suis dans le mouvement ascendant. Mais à un moment, je passerai forcément dans le mouvement descendant – la chute. Je suis dans le premier demi-tour de la roue. Dans son deuxième demi-tour, je ne pourrai que tomber, et la chose paraît aussi dangereuse que de tomber, par exemple, du haut du Niagara.

8. L’angoisse
Quelqu’un m’aperçoit prise dans ce mécanisme. La question c’est : est-ce qu’on arrivera à l’arrêter, le bloquer à temps? L’angoisse me réveille.

Difficile de ne pas retrouver trace ici de mes élucubrations autour de la pulsion. Trace en forme de confirmation. La pulsion est un mécanisme, duquel on se dégage difficilement, dans lequel on est pris comme dans le tour d’un supplice, dont le mouvement est celui d’un aller-retour, et dont le retour, le deuxième demi-tour, est difficile, angoissant.

Piscine, mettons la jouissance :

1. D’abord seule

2. Ensuite, plutôt à plusieurs (contingence, rencontre)

3. Du coup, n’est plus la même, de jouissance.

4. Plus vraiment du côté de l’enfance, du connu, mais de la mère (sans chemin).

5. Bloquée un temps dans le fantasme (corrélé à l’objet du père) : l’impossible objet regard. Qui rend impossible le déshabillage.
A ce point devoir être l’objet du regard, mais l’objet d’un regard impossible, objet qui incarnerait le regard même, un objet dont la beauté puisse définitivement faire voile sur l’au-delà du regard, impossible  : ce n’est jamais ça – histoire de ma vie, jusqu’à un certain moment de mon analyse. L’incarnation de cet objet empêche certainement tout rapport amoureux (le déshabillage) puisqu’il cherche à incarner le point d’impossibilité même de ce rapport. Devoir être belle au point que ce voile, en quoi consiste la beauté, puisse occulter tout de qu’il en est du désir, de l’angoisse donc, que cette beauté même, sa vue, le regard, provoque. La beauté est re-présentation du regard. Mais si le regard est pris au sérieux, c’est-à-dire pris dans ce qu’il comporte de réel, c’est-à-dire de jouissance et de désir, de trou à la re-présentation justement, il s’avère impossible. D’où, mon impossibilité, pendant des années, à me montrer. Voir, oui, du haut de ma tour – être vu – impossible – quels que soient les compliments que je reçoive quand j’étais forcée à sortir. Quand j’acceptais de faire illusion. (On en est encore là, du côté du point 1, du D’abord seule, en arrêt sur le bord du désir)

6. Prise dans la coulisse… les coulisses de l’inconscient ou la glissière de la pulsion. C’est l’eau de la piscine, mais une eau sur laquelle je n’ai aucun contrôle, qui s’avère même mortifère.

Ce tour, cette roue, je l’ai déjà rêvée, presque sous cette forme. C’est la roue attachée à mon nom. La roue de mon nom.

Roue des supplices/délices.
Mon nom, Müller, Meunier. Et son moulin, au pied duquel je ne dors pas.

Jacques Muller, Dans la rue, 1972
Jacques Muller, Dans la rue, 1972

Müller, mélangez-en les lettres, vous y trouverez la « rue« , cette rue où je ne sors pas, cette rue comme une roue de supplices, de délices.

On notera que la rue est à mon père, ne dit-on pas qu’il est le « peintre de la rue, de la ville », et  son supplice à ma mère – son vieux rêve, ce fantasme secret : être martyr, pour sa religion, brûlée sur des charbons ardents, fidèle à sa foi, à Jésus.

 

Martyr bound naked to a wheel, which is revolved over iron spikes Martyrs bound to the circumference of a great wheel, and rolled down a precipice

 

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La descente aux limbes, Bruegel. Gravure, peu après 1560-1500 Illustration de l’article : La descente aux limbes, Bruegel. Gravure, peu après 1560 (détail: le supplice de la « roue d’enfer » ou « supplice des orgueilleux », voir : http://lespierresdusonge.over-blog.com/page-1436963.html)

Lien : http://www.fromoldbooks.org/Gallonio-TorturesAndTorments/index2.html

Notes:
  1. Eh non,  le mot travail ne vient pas du latin tripalium, instrument de torture à trois pieux. Voir Tripalium: une étymologie écran : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-luce-morlie/280911/tripalium-une-etymologie-ecran-archive []

blanche et le non au père

Suis au château. Beaucoup de monde. Devons partir, prendre train, rentrer à Bruxelles. Rencontre Nathalie F. Elle me demande de rester quelques jours encore à Assenois, qu’on puisse étudier, réviser ensemble pour… l’examen. Je pense que je n’ai aucune envie d’étudier, que je ne me sens pas du tout en état d’étudier, mais que je resterais volontiers là quelques jours.

Elle me dit de l’accompagner pour le petit-déjeuner, avant le départ. Je la suis, nous descendons au village. En chemin, nous fumons un joint.

C’est un drôle d’endroit où nous arrivons. Très grand, plusieurs niveaux, du monde. Je ne me sens pas bien (joint). Je repère la table du petit-déjeuner. Mon père arrive. Il s’y assied, en bout de table. Je m’en vais. Je dois chercher mon petit-déjeuner, et surtout, je voudrais appeler ma mère pour lui dire que je ne rentrerai pas tout de suite. Mais je n’arrive pas à faire son numéro. Je ne me sens vraiment pas bien.  Je retourne finalement à la table du petit-déjeuner, je sais que je les ai fait beaucoup attendre. Mes deux frères sont là assis, assis côte à  côte . Mon père fait une réflexion sur mon retard. Il dit : « Je déteste … » Je pourrais lui expliquer, lui dire que j’ai fumé, que je ne me sens pas bien du tout, mais je ne le fais pas. Je me lève. Je m’en vais, c’est définitif.

J’essaie peut-être encore de  téléphoner à ma mère.

Au travers d’une vitre, je vois l’intérieur d’une sorte de sauna, pour femmes. Nathalie et Irène sont là. Irène surtout. Elles sont toutes très bronzées. Je pense que ça a l’air agréable. Couchée sur une banquette, nue, peut-être recouverte d’une serviette blanche, Irène est comme envahie par des vagues, qui la prennent, la contournent. On sort Irène, sur sa civière, nue, élevée dans les airs, à bout de bras, son visage radieux.

Je m’étais demandée si je pourrais y aller moi aussi, mais j’avais pensé que je n’étais pas assez  bronzée. J’avais regardé toutes les femmes, il y en avait bien qui étaient moins belles, normales, mais toutes étaient bronzées.

*

Au réveil, je me rends compte que le numéro que j’essayais de faire n’était pas celui de ma mère, mais le mien. A un moment donné, je m’était même dit – mais c’est bien normal que je ne sois pas arrivée à faire ce numéro, je n’ai même pas fait « l’international » (j’habite aujourd’hui en France).

A l’analyste, je parle du fait que les autres fait sont bronzées. Mais j’ajoute surtout, à mon grand étonnement, que moi je suis blanche, blanche, blanche.

Je parle aussi de « semblant de mer » – pour la vague qui enveloppe, enroule Irène.

Au docteur G, que j’avais vu le même jour, je raconte « la sensation« , il me dit, « Mais oui, vous êtes une usurpatrice ».

 

rêve : un treillis sur la mer

rêve du 19 au 20 février 2011

avec ma mère. devons longer la mer, pour parvenir quelque part au-delà. mais la longer directement n’est pas possible, trop d’eau, de grandes flaques d’eau (les « petites mers » disait ma tante) laissées par la mer quand elle a reculé, qui contiennent toutes sortes de petits objets de natures diverses et indéterminées.  il n’y a pas vraiment de plage, de sable, on se mouillerait.

devons longer maisons, faire un détour par la rue.  sur la droite – alors que la mer est à gauche. la rue monte. devons, moi en premier, mère suit, passer sur des passerelles instables, faites de bric et de broc,  de vieilles portes, de vieux morceaux de bois, posés sur des cordes, en désordre  les uns sur les autres, sans assemblage. c’est vraiment très précaire. à un moment donné,  la passerelle s’ouvre sous nous, nous laissant suspendues au-dessus du vide, tenons à peine à l’une ou l’autre encoignure dans le mur. une fenêtre s’ouvre, je supplie les gens qui sont là de nous aider, de nous permettre de passer par leur fenêtre.  ils referment leurs volets. sommes au moyen âge. je crie encore. je crie l’âge de ma mère,  je dis « je suis avec ma mère de 80 ans, moi-même j’ai plus de quarante ans« . ils finissent par nous ouvrir, nous laisser entrer. nous continuons notre chemin. il est toujours aussi difficile,  aussi dangereux.

après catastrophe sur catastrophe dans une maison.

suis dans salle de bain. sens de l’eau tomber du plafond, de +  en+ . pense que ça se passe quand on utilise de l’eau dans la cuisine qui y est juste à côté.  vais dans la cuisine, ouvre l’eau, bruit énorme dans salle de bain,  au plafond. j’y fonce elle est complètement inondée. plafond probablement prêt à s’effondrer. cette inondation se propage. il est question du loyer que  nous payons et de qui aura à payer les frais. sommes, je crois, en france, mais fait penser à sous-sol de la rue waelhem. en tous cas sdb et cuisine sont en sous-sol. ne sais pas avec qui j’habite. il y a de la famille, mais aussi de la famille d’aujourd’hui. je pense que c’est Frédéric qui a la bonne idée d’appeler les pompiers. idée que je n’aurais moi-même jamais eue, comme j’en étais déjà à envisager, effrayée, les travaux de réparation qu’il y aurait à faire, peut-être impossibles. mais, à qui que ce soit qu’il incombe de faire les travaux, eux seront à même de juger de la situation. de situer les causes, voire même de faire quelque chose.  je pense que décidément, f. a eu une très bonne idée.

ensuite, les pompiers arrivent. ils sont habillés en treillis tricolores, en tenue de combat. je les vois arriver de loin.

 

la « maison au-dessus du garage », l’hiver dernier, vue du château. à gauche, la porte du garage. à droite celle du poulailler.

sommes maintenant en ardennes, au château. suis en haut d’une voiture qui ressemble à un 4×4, mais qui n’en est pas un. la voiture est noire. les battants latéraux ont été relevés de sorte qu’elle ressemble à un 4×4 ou à un camion, mais ce n’en est pas. je suis sur le toit de la cabine, invisible aux yeux des pompiers. je suis accompagnée d’une petite fille.

les travaux ont commencé. un tuyau est enfoncé dans un trou au sol, dans le garage – dont les portes sont largement ouvertes, qui font presque toute la hauteur et la largeur du mur, ouvrant complètement la pièce sur l’extérieur. je veux descendre du camion, voir ce dont il s’agit.  je veux participer au nettoyage de la chose qui a été remontée.  comme je ne suis pas très habillée,  j’enfile un large vêtement, je cois que les pompiers sont partis. je cours. un pompier me crie « très jolie dans ce survet!  mais pour courir, il faut mettre le bas« . je suis un peu gênée.  je m’approche du trou. la chose est affreuse. je dis « méconnaissable », il faut passer une sorte d’aspirateur dessus pour la nettoyer. elle est si horrible, si peu ragoutante que personne n’en n’a vraiment envie. il n’est pas sûr que cette chose ne soit pas organique, vivante, que sa forme ronde ne rappelle pas la forme d’une tête.

je m’éloigne. bientôt rattrapée par le pompier. je crois que je vais vers le château. le survêtement que je porte est également en imprimé camouflage. il est question de la couleur de la voiture. je crois qu’il est important qu’elle soit noire, et non pas « treillis »,  camouflage. néanmoins, parce qu’elle pourrait être confondue, elle est cachée de façon assez sommaire puisqu’il ne s’agit que d’un assemblage de bâtons qui l’encadrent aux quatre coins, mais elle est dans un lieu sombre (le garage, refermé, le poulailler?) – un peu ainsi que le sont certains papes de Francis Bacon. il s’agit plutôt du signe, du signal d’un cadre, qui délimite plus qu’il ne camoufle, même s’il y a bien un peu de paille, ça et là.

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