se faire livre (2)

cette histoire de brouillon (v. jp balpe sur to-be-or), c’est comme une damnation, d’écriture perpétuellement en train de se faire. se faire livre / se faire lire, ça n’est pas la même chose. se faire livre est une façon de se faire lire. mais se faire livre délire sur la chair. délire, ment. jouit, s’enivre, livre; or celle de chair paiera / dans son coin, seule / ou ne paiera rien du tout ou ne paiera rien du tout / or celle de chair livre paiera. / point final. / barre

se faire livre (4)

Chère, Cher,
Dès que je vois ce que je fais, cela devient insuportable
Bien à vous,
V.

NB: Il va falloir que je me résolve à écrire les yeux-bandés – je ne vois pas d’autre solution

El hogar de los Españoles

Bonjour, j’ai découvert, tu veux bien, me raconter, tu veux bien, une histoire? Voilà. Ah! Je savais bien qu’elle te plairait, je savais bien qu’elle te plairait,

Mail de C.Z.
J’ai découvert l’endroit le plus incroyable au monde, un ancien cinéma des années 30, presque intact, dont le hall est devenu une sorte de cantine avec tables en formica, squattés par des retraités Espagnols, et tenez-vous bien, une église désafectée de la même époque, squattée par ces mêmes retraités, je dis squattés, pour aller vite, mais ça leur appartient, quelques photos suivent, ( avec les fauteuils en bois d’époque) je pense qu’il faut en faire un film, ça vous intéresserait pas ?
Posté par Christophe Atabekian | 01 novembre 2005 13:52:08 | Commentaires (0)

voir / être vu . lire / être lu . voir / se faire voir . lire / se faire lire
— Un nouveau sujet

Souvenirs du Séminaire XI de Jacques Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse – Questions sur la pulsion, son éthique.

De ce séminaire, XI, lu il y a probablement 10 ans, je me souviens d’une phrase qui ressemble à ceci : Il est nouveau qu’un sujet soit là. Après que la pulsion ait fait son tour, son tour de l’objet, advient un nouveau sujet.

Sur base donc de mes seuls souvenirs, je me demande : de quel sujet s’agit-il? Quel est donc ce sujet que la pulsion, son mouvement d’aller et retour, d’entour, autour de l’objet – que Freud observe à partir de voir/se faire voir – non, cette formule-là est de Lacan : voir/être vu, telle est la formulation de Freud. Le se faire voir est de Lacan. Met le doigt sur le travail dont la pulsion prend la charge. La passivité de l’être vu de Freud prise en charge par un sujet qu’il est nouveau de voir apparaître.

entour objet pulsion de voir

Que le voir l’Autre implique d’alors avoir à être vu en retour de lui. Et que dans ce mouvement de retour, le tour se fait de l’objet – en l’occurrence, dans la pulsion scopique, de l’objet regard.

Mon idée donc, mon idée autrefois, lorsque je lisais ce Séminaire, XI, c’était que l’éthique de la pulsion s’attachait, tenait à ce second temps, ce mouvement de retour de la pulsion, depuis l’Autre vers le sujet, terminant de circonscrire l’objet.

(On aura toujours tendance à chercher l’éthique, ou plutôt j’aurai toujours tendance à chercher l’éthique, du côté du devoir, ici, « devoir se faire voir en retour ». Mais enfin bon, on n’en jamais loin, de là : chercher à savoir ce qu’il faut faire. On verra si de cette contrainte du devoir on peut se passer pour définir une éthique. Or ça, d’ores et déjà, on observera qu’il n’y a pas de décision prise dans la pulsion, elle ne doit pas, elle veut. En quoi, elle sera éventuellement empêchée. Ou forcée à des détours. C’est moi, qui crois de mon devoir de la rendre au parcours sans détour de sa supposée-initial volonté.)

Et ce, dans la mesure même ou c’est ce second mouvement que me paraissait difficile – et que l’éthique devait forcément tenir à ce qui me semblait hors de portée :

Oui :
Je voyais
Mais je supportais assez mal d’être vue en retour.
Oui : je lisais
Mais je supportais mal d’être lue en retour
Oui : j’entendais
Mais je supportais mal d’être entendue en retour

(Évidemment cette observation, je trouvais plus difficile à la faire appliquer au chier/se faire chier que donne également en exemple Lacan quand il parle du « se faire » de la pulsion. )

voir // être vu / se faire voir
lire // être lu / se faire lire
parler // être parlé / se faire parler
écrire // être écrit / se faire écrire

et l’on pourrait parler avec le « se faire » de la pulsion, de son mouvement naturel. ce qui permettrait d’en finir avec le devoir (et ses listes à rallonges).

noir sur blanc, pensées en italique :: le pas sur le tout

Lacan formules sexuation dans Encore

Vie étirée entre l’écran du jour et l’écran du soir et tous les deux sont très petits. Il est de ma nature d’être enfermée. Note sur l’angoisse de l’orgasme. Petite note sur l’adhérence à ce fantasme selon lequel il faut signifier à l’autre, au partenaire amoureux, qu’il y a à redire à son désir. Je ne trouve pas le mode du mien dans la mesure où je ne le supporterais calqué sur aucun (pas tout x phi de x :: je privilégie le pas sur le tout). Et puis il y a l’insupportable qui  consisterait à consentir à son désir, de l’autre, à dire oui à son mode, sa modalité. Ce mode, cette modalité, mienne également cependant (il n’existe pas de x tel que non-phi de x). Enfin, toujours: rester l’Autre. Je t’aime. C’était, l’émission des pensées du matin. Et pourtant, tout cela est faux. Et pourtant, tout cela est faux. Le monde tourne.

des noms et des noms propres

C’est que les noms m’importent. Ils m’importent en particulier à propos des Juifs. A la différence de millions de gens sur la surface de la Terre, je ne crois pas que les Juifs soient une race; je ne crois même pas que par des voies culturelles, ils aient acquis des caractères qui les feraient se ressembler entre eux (au sens où nous disons, en conversation, que les Français sont ceci, les Allemands sont cela, etc). Les Juifs, c’est un nom.
[…]
Soit donc la proposition : le propre de la politique issue de la Révolution française, c’est de ne pas poser la question des noms.
[…]
le nom de Juif est d’abord un nom proféré en première personne;
[…]
La plupart des noms d’une langue sont des noms de 3e personne. Ils se reconnaissent à ceci qu’ils peuvent s’employer de manière prédicative, dans la mesure exacte où ils s’analysent comme un paquet de prédicats. En revanche, insulter quelqu’un, le traiter de salaud, ce n’est pas lui attribuer un prédicat, ce n’est même pas le faire entrer dans une classe : les salauds sont ceux qu’on traite de salauds (où l’on retrouve Sartre); la circularité est ici structurante. La phrase apparemment prédicative « Untel est un salaud »n’est pas vraiment prédicative; elle est la transposition en 3e personne d’une insulte de 2e personne. Quant à l’aveu « Je suis un salaud », il intériorise une insulte, qu’elle ait été proférée ou pas.
En tant que Juif est un nom de personne, les Juifs sont ceux qui disent d’eux-mêmes « je suis Juif ». Mais ce propos, là encore, n’est qu’apparemment prédicatif. Le pseudo-prédicat est une réitération du sujet. C’est une manière de dire « je ». On est plus près de la proclamation performative, au sens de Benveniste, que du jugement d’attribution. L’insulte de 2e personne, « sale Juif », vient en second temps; c’est de fait une convocation requérant le sujet de dire de lui-même « je suis Juif », mais non pas sur le mode de la proclamation performative; bien plutôt sur le mode de l’aveu. La phrase de 3e personne « Untel est Juif » est transposition d’un énoncé de 1e personne ou de 2e personne, suivant les circonstances.
[…]
Si profondément que je m’inscrive en 1e personne dans mon nom propre, ce nom m’a été donné.

Réflexions sur une lecture. Seconde partie Théorie du nom juif par Jean-Claude Milner

voir / être vu . lire / être lu . voir / se faire voir . lire / se faire lire (2)

DELiRES (suite)

voir // être vu / se faire voir voir, je fais // être vue / me faire voir : à la condition d’avoir rejoint une certaine image (impossible)
lire // être lu / se faire lire lire, je fais // être lue, je suis, par moi-même, en analyse / me faire lire, par l’autre, je ne fais pas (ou je commence à le faire ici, ou je l’ai fait en analyse)
écrire // être écrit / se faire écrire écrire : parfois je fais //être écrite, je suis / me faire écrire, que l’on m’écrive : cela m’arrive
parler // être parlé / se faire parler parler : je ne fais pas // être parlée, que je sois parole de l’Autre ou que l’on me parle : oui / me faire parler, je fais, en analyse – et puis tout ce que j’entreprends ici, en fait, l’effort actuel.

Cependant que l’on observe déjà, ici, que c’est toujours l’un où l’autre des deux mouvements qui est privilégié, au détriment de l’autre.

les demi-tours d
le tour complet

Or, on n’a jamais entendu parler de demi-tour, de tour à moitié fait de la pulsion. De demi-tour et retour sur ses propres pas (essence de la répétition), plutôt que de retour qui emprunte un nouveau chemin qui contourne l’objet (dans l’autre sens, par un autre bord). A l’époque, pour m’expliquer ces demi-tours, je pensais que c’était le fantasme qui coinçait, qui détournait/kidnappait la pulsion. Et ça n’est pas loin de se voir, sur ces deux schémas : l’arrêt, le moment d’arrêt, de retour, c’est au niveau de l’Autre qu’il se fait. Plutôt que de revenir sur le sujet avec ce qu’elle a pêché dans l’Autre, la pulsion revient sur elle-même, on sera tenté de dire : laissant l’Autre, le grand Autre intact. Comme si, c’était d’en passer par lui, qui le barrait. Et que ni l’A (le grand) ni l’a (le petit) ne soient plus le même, une fois le tour accompli.

(la suite plus tard : j’ai égaré le carnet où j’avais pris ces notes…)

de la pulsion donc, le nouveau sujet

Avant que de poursuivre, j’ai retrouvé la citation dont je suis partie mais dont je n’étais pas plus sûre que ça, à propos du « nouveau sujet » qui advient une fois le tour accompli de la pulsion – et ce malgré que je ne sois pas sûre que ce soit le temps pour moi d’être exacte dans mes citations, que je ne sois pas loin ici de raconter un rêve et que mon souvenir, ce que je peux en dire, compte davantage que ce qu’il en est à l’origine.

Freud nous introduit maintenant à la pulsion par une voie des plus traditionnelles, faisant usage à tout moment des ressources de la langue, et n’hésitant pas à se fonder sur quelque chose qui n’appartient qu’à certains systèmes linguistiques, les trois voies, active, passive et réfléchie. Mais ce n’est qu’une enveloppe. Nous devons voir qu’autre chose est cette réversion signifiante, autre chose ce qu’il en habille. Ce qui est fondamental, au niveau de chaque pulsion, c’est l’aller et retour où elle se structure.

Il est remarquable que Freud ne puisse désigner ces deux pôles qu’en usant de ce quelque chose qui est le verbe. Beschauen und beschaut werden, voir et être vu, quälen et gequält werden, tourmenter et être tourmenté. C’est que dès l’abord, Freud nous présente comme acquis que nulle part du parcours de la pulsion ne peut être séparée de son aller-et-retour, de sa réversion fondamentale, de son caractère circulaire.

De même, il est remarquable que, pour illustrer la dimension de cette Verkehrung, il choisisse la Schaulust, la joie de voir, et ce qu’il ne peut désigner autrement que par l’accollement de ces deux termes, le sado-masochisme. Quand il parlera de ces deux pulsions, et plus spécialement du masochisme, il tiendra à bien marquer qu’il n’y a pas deux temps dans ces pulsions, mais trois. Il faut bien distinguer le retour en circuit de la pulsion de ce qui apparaît – mais aussi bien de ne pas apparaître, – dans un troisième temps. A savoir l’apparition d’ein neues Subjekt qu’il faut entendre ainsi – non pas qu’il y en aurait déjà un, à savoir le sujet de la pulsion, mais qu’il est nouveau de voir apparaître un sujet. Ce sujet, qui est proprement l’autre, apparaît en tant que la pulsion a pu fermer son cours circulaire. C’est seulement avec son apparition au niveau de l’autre que peut être réalisé ce qu’il en est de la fonction de la pulsion.

Jacques Lacan, Le séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 162.

vivre

tu es parti, tu m’as laissé des disques, j’écoute : king geedorah take me to your leader. oui, je suis triste, non, je m’en sors pas, oui, j’essaie de bien le prendre. et je préfèrerais me donner congé, me coucher ou m’en aller, sortir avec Jules. l’appartement est très bien rangé/ j’ai dû me batte ce matin avec une erreur php. quel ennui, comme si.

Il n’y a pas de demi-tours de la pulsion

Que ce soit au moment où le tour se fait de l’objet, dans l’aller-retour, lire/se faire lire à son tour, que l’épreuve se fait du manque dans l’Autre au cœur de soi.

C’est clair ?

C’est à se faire lire, c’est dans cette épreuve, que son propre manque s’avère, manque que le fantasme préfère occulter. (N’être ni vu, ni lu, permet de faire croire à une perfection possible. « Perfection » est le mot qui me vient sous la plume, qui certainement convient – dans la mesure où c’est mon dit « perfectionnisme » qui toujours m’a empêchée de considérer une chose comme finie.)

Il n’en reste pas moins que j’ai difficile à croire à ce demi-tour de la pulsion, difficile à croire qu’elle pût se faire empêcher – et j’opterais donc à croire que son tour, complet, elle le fait. Mais comment, mais lequel.

Pour l’exercice, appelons ce tour qu’elle ferait, qui offre l’apparence d’un demi-tour, son faux-tour.

Une pulsion à faux-tour donc, ça serait une pulsion obstinée sur un objet toujours même – une pulsion qui ne se contenterait pas, elle, de n’importe quel objet. En quoi elle serait faussée.

Je lisais et ne-me-faisais-pas-lire. No retour donc, apparemment. Où donc le tour se faisait-il « faussement »? (Compliquée, moi?)

On a posé deux choses : qu’une pulsion à faux-tour est une pulsion où l’Autre n’est pas barré, qu’une pulsion à faux-tour est une pulsion où l’objet (n’est pas celui de la pulsion dans la mesure où il) n’est pas indifférent, est privilégié. Implicitement donc, on a posé qu’une pulsion à faux-tour, c’est le fantasme.

On aura également avancé que la pulsion tiendrait de l’épreuve, qu’à faire son tour, la pulsion, c’est elle qui troue l’Autre. Que voudrait dire trouer l’Autre? Et que signifierait que ce trou dans l’Autre pût faire qu’un objet pût « indifféremment » en remplacer un autre. D’ores et déjà, on avance ceci, on rectifie : ce n’est pas la pulsion qui troue, c’est le fantasme qui bouche. Troué, ça l’est, dès le départ.

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