rêve : cette pièce a été vidée

6 février 2011 | février 2011 | cette pièce a été vidée, RÊVES, un treillis sur la mer | , , , , , , , , |

« suis sur le palier du grenier de la rue waelhem. une voix féminine me dit, parlant d’une chambre qui était ma chambre d’adolescente, que “cette pièce a été vidée, doit le rester complètement, complètement vide, complètement nue, blanche” avec seulement au sol des coussins pour les personnes qu’elle y reçoit et que personne ne peut pénétrer, et surtout pas de sa famille, en dehors de l’office auquel elle est consacrée. »

c’est très réel, tant qu’au réveil je me demande s’il n’y a pas chez moi aussi une pièce que je pourrais ainsi vider et consacrer à cet emploi.

souvenirs, liens

quelques jours auparavant, soldes pour jules, une tente d’indien toute blanche parsemée à l’intérieur de coussins blancs sert de cabine d’essayage  aux enfants. je me dis que c’est très chouette. et ça plaît beaucoup à jules aussi.

La bataille de Wounded Knee – Jacques Muller, 1996, acrylique sur toile, 122*152

souvent mon père disait qu’il était un indien. un jour je lui dis que non, qu’il n’était (même) pas un indien, ça le met dans une colère étonnante. colère aussi étonnante et forte que celle qui avait été la sienne quelques années auparavant, comme je refusais de débarrasser la table, et qu’il m’avait traitée, enragé, de « païenne« .

in-dien ¤  paiën-ne  ¤  colères du père

l’in-tranquillité du psychanalyste, journée  organisée par l’ecf, à laquelle je m’étais rendue la veille.

in-tranquillité

je raconte ce rêve en séance, et finis par dire  par que la pièce qui a été vidée, dont il est question dans le rêve, est un cabinet de psychanalyste – ce que le rêve même n’avoue pas. l’analyste conclut là-dessus d’un « bon! » et se lève.

blanche et le non au père

12 février 2011 | février 2011 | RÊVES | , , , , , |

Suis au château. Beaucoup de monde. Devons partir, prendre train, rentrer à Bruxelles. Rencontre Nathalie F. Elle me demande de rester quelques jours encore à Assenois, qu’on puisse étudier, réviser ensemble pour… l’examen. Je pense que je n’ai aucune envie d’étudier, que je ne me sens pas du tout en état d’étudier, mais que je resterais volontiers là quelques jours.

Elle me dit de l’accompagner pour le petit-déjeuner, avant le départ. Je la suis, nous descendons au village. En chemin, nous fumons un joint.

C’est un drôle d’endroit où nous arrivons. Très grand, plusieurs niveaux, du monde. Je ne me sens pas bien (joint). Je repère la table du petit-déjeuner. Mon père arrive. Il s’y assied, en bout de table. Je m’en vais. Je dois chercher mon petit-déjeuner, et surtout, je voudrais appeler ma mère pour lui dire que je ne rentrerai pas tout de suite. Mais je n’arrive pas à faire son numéro. Je ne me sens vraiment pas bien.  Je retourne finalement à la table du petit-déjeuner, je sais que je les ai fait beaucoup attendre. Mes deux frères sont là assis, assis côte à  côte . Mon père fait une réflexion sur mon retard. Il dit : « Je déteste … » Je pourrais lui expliquer, lui dire que j’ai fumé, que je ne me sens pas bien du tout, mais je ne le fais pas. Je me lève. Je m’en vais, c’est définitif.

J’essaie peut-être encore de  téléphoner à ma mère.

Au travers d’une vitre, je vois l’intérieur d’une sorte de sauna, pour femmes. Nathalie et Irène sont là. Irène surtout. Elles sont toutes très bronzées. Je pense que ça a l’air agréable. Couchée sur une banquette, nue, peut-être recouverte d’une serviette blanche, Irène est comme envahie par des vagues, qui la prennent, la contournent. On sort Irène, sur sa civière, nue, élevée dans les airs, à bout de bras, son visage radieux.

Je m’étais demandée si je pourrais y aller moi aussi, mais j’avais pensé que je n’étais pas assez  bronzée. J’avais regardé toutes les femmes, il y en avait bien qui étaient moins belles, normales, mais toutes étaient bronzées.

*

Au réveil, je me rends compte que le numéro que j’essayais de faire n’était pas celui de ma mère, mais le mien. A un moment donné, je m’était même dit – mais c’est bien normal que je ne sois pas arrivée à faire ce numéro, je n’ai même pas fait « l’international » (j’habite aujourd’hui en France).

A l’analyste, je parle du fait que les autres fait sont bronzées. Mais j’ajoute surtout, à mon grand étonnement, que moi je suis blanche, blanche, blanche.

Je parle aussi de « semblant de mer » – pour la vague qui enveloppe, enroule Irène.

Au docteur G, que j’avais vu le même jour, je raconte « la sensation« , il me dit, « Mais oui, vous êtes une usurpatrice ».

 

“La sensation”
— à la place de ma mère

15 février 2011 | février 2011 | un treillis sur la mer | , , , , , , |

La sensation. Souvenir m’en est revenu dimanche soir. J’avais passé le week-end à la retranscription du cours de Jacques-Alain Miller. J’étais un peu vidée. Contente, mais dans le doute, comme je peux l’être à chaque fois que j’ai passé « trop » de temps à quelque chose. Je voulais me remettre à la séance psy du lendemain, retourner, réinvestir ça, l’analyse.

Comme je pensais aux derniers mots du dernier cours de Miller, sur la jouissance féminine, je me suis souvenue de la sensation que j’avais décrite à G (l’analyste rencontré au moment de mon arrivée à Paris). Il  m’avait répondu :  « C’est un très bel exemple, une très belle description de jouissance féminine, ce dont vous me parlez là ». Je n’avais pas été vraiment convaincue, pensant que la jouissance féminine, c’était ce dont, justement,  on ne pouvait pas parler.

Ce dont il s’agit.

Enfant, j’ai beaucoup manqué l’école. Je simulais la maladie en faisant augmenter artificiellement la température du thermomètre. Des otites m’étaient à chaque fois diagnostiquées et, maintenant que j’y pense, des angines (blanches). Je devais alors rester à la maison – en général une semaine. J’étais autorisée à m’installer, à m’aliter,  dans le lit de mes parents, à la place de ma mère.

Parfois, tout d’un coup, ça venait. Ça s’annonçait par une sorte de sensation de ralentissement du temps. Il me semblait que j’entendais le temps ralentir. Tout me semblait aller plus lentement. Rien ne bougeait dans la chambre, mais le temps -même des objets inertes- m’apparaissait. Je l’entendais, ralenti. Le son de la présence des choses m’apparaissait, lent. Alors, couchée sur le dos, les yeux fermés ou ouverts, des parties de mon corps s’allongeaient, s’éloignaient de moi, allaient loin, très loin, et gonflaient. La sensation était si curieuse que je me suis souvent risquée à la vérifier, à la tester – me disant qu’elle disparaîtrait alors, mais non, je pouvais, presque à volonté, en faire l’épreuve, sur une partie au choix de mon corps. Mes pensées se poursuivaient, au ralenti, j’observais, j’étais dans l’infini, calme, dans un espace noir et infini.

J’avais demandé à ma mère si elle connaissait ça, elle m’avait répondu que c’était probablement dû à la fièvre. Comme je savais que je n’en n’avais pas, j’en avais conclu qu’elle ne connaissait pas.

Lors de la dernière séance, lundi, quand je raconte ça, je me souviens, je me rends compte, que j’étais alors dans la chambre de mes parents  chambre sous les combles, au même niveau donc que celui de la chambre blanche dont il était question dans un précédent rêve – la chambre vidée et devant être maintenue vide… 

Comme je racontais cette sensation au docteur G, le psychiatre qui me fait mes prescriptions d’antidépresseurs et que je vois une fois par mois, il me lança :  « C’est ça, vous êtes une usurpatrice ». Oui, cela fait partie du rapport à ma mère, ce sentiment d’avoir été trop aimée par mon père. Mais, dis-je à l’analyste, ce n’est pas de ça dont je voulais parler. Ce dont je voulais parler c’est de cette identification, ce collage, cette répétition d’elle. Par ailleurs, le mot du docteur G était juste. Je ne trouve pas ma place, de penser que je l’usurpe. C’est l’histoire de ma vie. Mais ça n’explique pas l’angoisse qui m’étreint aujourd’hui dès que je suis en sa présence.

Une autre chose m’est revenue – mon père était toujours en vie -, je parlais avec ma mère en voiture, j’étais seule avec elle, elle conduisait, j’étais à ladite place du mort et j’ai pensé  « ça devrait toujours être comme ça » (seule avec ma mère).

 

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