rêve : un treillis sur la mer

rêve du 19 au 20 février 2011

avec ma mère. devons longer la mer, pour parvenir quelque part au-delà. mais la longer directement n’est pas possible, trop d’eau, de grandes flaques d’eau (les « petites mers » disait ma tante) laissées par la mer quand elle a reculé, qui contiennent toutes sortes de petits objets de natures diverses et indéterminées.  il n’y a pas vraiment de plage, de sable, on se mouillerait.

devons longer maisons, faire un détour par la rue.  sur la droite – alors que la mer est à gauche. la rue monte. devons, moi en premier, mère suit, passer sur des passerelles instables, faites de bric et de broc,  de vieilles portes, de vieux morceaux de bois, posés sur des cordes, en désordre  les uns sur les autres, sans assemblage. c’est vraiment très précaire. à un moment donné,  la passerelle s’ouvre sous nous, nous laissant suspendues au-dessus du vide, tenons à peine à l’une ou l’autre encoignure dans le mur. une fenêtre s’ouvre, je supplie les gens qui sont là de nous aider, de nous permettre de passer par leur fenêtre.  ils referment leurs volets. sommes au moyen âge. je crie encore. je crie l’âge de ma mère,  je dis « je suis avec ma mère de 80 ans, moi-même j’ai plus de quarante ans« . ils finissent par nous ouvrir, nous laisser entrer. nous continuons notre chemin. il est toujours aussi difficile,  aussi dangereux.

après catastrophe sur catastrophe dans une maison.

suis dans salle de bain. sens de l’eau tomber du plafond, de +  en+ . pense que ça se passe quand on utilise de l’eau dans la cuisine qui y est juste à côté.  vais dans la cuisine, ouvre l’eau, bruit énorme dans salle de bain,  au plafond. j’y fonce elle est complètement inondée. plafond probablement prêt à s’effondrer. cette inondation se propage. il est question du loyer que  nous payons et de qui aura à payer les frais. sommes, je crois, en france, mais fait penser à sous-sol de la rue waelhem. en tous cas sdb et cuisine sont en sous-sol. ne sais pas avec qui j’habite. il y a de la famille, mais aussi de la famille d’aujourd’hui. je pense que c’est Frédéric qui a la bonne idée d’appeler les pompiers. idée que je n’aurais moi-même jamais eue, comme j’en étais déjà à envisager, effrayée, les travaux de réparation qu’il y aurait à faire, peut-être impossibles. mais, à qui que ce soit qu’il incombe de faire les travaux, eux seront à même de juger de la situation. de situer les causes, voire même de faire quelque chose.  je pense que décidément, f. a eu une très bonne idée.

ensuite, les pompiers arrivent. ils sont habillés en treillis tricolores, en tenue de combat. je les vois arriver de loin.

 

la « maison au-dessus du garage », l’hiver dernier, vue du château. à gauche, la porte du garage. à droite celle du poulailler.

sommes maintenant en ardennes, au château. suis en haut d’une voiture qui ressemble à un 4×4, mais qui n’en est pas un. la voiture est noire. les battants latéraux ont été relevés de sorte qu’elle ressemble à un 4×4 ou à un camion, mais ce n’en est pas. je suis sur le toit de la cabine, invisible aux yeux des pompiers. je suis accompagnée d’une petite fille.

les travaux ont commencé. un tuyau est enfoncé dans un trou au sol, dans le garage – dont les portes sont largement ouvertes, qui font presque toute la hauteur et la largeur du mur, ouvrant complètement la pièce sur l’extérieur. je veux descendre du camion, voir ce dont il s’agit.  je veux participer au nettoyage de la chose qui a été remontée.  comme je ne suis pas très habillée,  j’enfile un large vêtement, je cois que les pompiers sont partis. je cours. un pompier me crie « très jolie dans ce survet!  mais pour courir, il faut mettre le bas« . je suis un peu gênée.  je m’approche du trou. la chose est affreuse. je dis « méconnaissable », il faut passer une sorte d’aspirateur dessus pour la nettoyer. elle est si horrible, si peu ragoutante que personne n’en n’a vraiment envie. il n’est pas sûr que cette chose ne soit pas organique, vivante, que sa forme ronde ne rappelle pas la forme d’une tête.

je m’éloigne. bientôt rattrapée par le pompier. je crois que je vais vers le château. le survêtement que je porte est également en imprimé camouflage. il est question de la couleur de la voiture. je crois qu’il est important qu’elle soit noire, et non pas « treillis »,  camouflage. néanmoins, parce qu’elle pourrait être confondue, elle est cachée de façon assez sommaire puisqu’il ne s’agit que d’un assemblage de bâtons qui l’encadrent aux quatre coins, mais elle est dans un lieu sombre (le garage, refermé, le poulailler?) – un peu ainsi que le sont certains papes de Francis Bacon. il s’agit plutôt du signe, du signal d’un cadre, qui délimite plus qu’il ne camoufle, même s’il y a bien un peu de paille, ça et là.

moyen-âge

ce rêve « un treillis sur la mer », donne quelques indices de que nous sommes au moyen-âge. il fait sombre, il fait sale. longeons des murs, comme longerions des murailles, sommes en hauteur comme si grimpions une tour. la fenêtre qui s’ouvre dans le mur découvre son épaisseur. il est fait de gros moellons. les fenêtres sont fermées par des volets, des battants en bois, mais ne comportent pas de vitre. quand les personnages apparaissent, ils sont plutôt vêtus de longues tuniques, sombres. le mobilier est très sommaire, rudimentaires. ce sont de très pauvres gens qui habitent là-  dont il est important de noter l’in-différence.

cet aspect du moyen-âge, pauvreté, dangerosité, m’a fait penser à François Villon et à sa biographie que j’avais prêtée à mon père. il m’en avait lu des extraits et surtout parlé du peu de prix qu’avaient les vies dans les rues à cette époque là.

donc, nous sommes au moyen âge et je donne l’âge de ma mère qui n’est pas exactement  le sien, 80, et le mien qui n’est pas tout a fait le mien non plus, « + de 40, dis-je ». je donne une sorte de moyenne. son âge valant 2 x le mien.

ça m’a fait penser à ce que je disais de la façon dont j’entendais le temps ralentir quand j’étais dans le lit de mes parents, à la place de ma mère.

dans mes petites recherches sur le schème kantien suite à un cours de Miller, j’avais été intriguée par la place du temps, ayant moi-même avec le temps de grandes difficultés. Miller rapportait l’écriture du schème de Kant à celle du fantasme, situant le réel de la jouissance du côté de l’intuition et le symbolique du côté de l’entendement. Le schème de Kant, pour lequel il aurait inventé une capacité de l’âme, le schématisme, agit à la façon du fantasme en reliant, nouant des catégories qui autrement seraient sans rapport, en nouant réel et symbolique, le réel apportant lieu et temps au symbolique.

L’intuition,   relevant des contingences spatio-temporelles (le réel),  tandis que l’entendement, le concept,  est spontané, relèverait d’une nécessité intérieure du sujet, de déterminations conceptuelles.

« Le schème kantien, dit Lacan, on peut arriver à le réduire à la Beharrlichkeit, à la permanence, à la tenue, dirais-je vide, mais à la tenue possible de quoi que ce soit, dans le temps. »

On voit bien que le concept puisse être considéré comme a-temporel, « le mot est le meurtre de la chose », c’est aussi, nous dit Lacan, ce qui lui apporte l’éternité. Le mot d’une  chose la fait être de tout temps. Ce qui m’a intriguée, c’est que le temps et le lieu puisse être induits par la jouissance, le réel.  que ce soit la jouissance  qui apporte le temps au concept, qui introduise au temps. le schème, nous dit lacan, est-ce qui permet la tenue des choses dans le temps.

 

de l’holocauste au sinthome

Je  renvoie ici à un texte dont je suis absolument sûre qu’il a un rapport avec mes interrogations actuelles sur le temps et l’espace, la jouissance, la répétition, la possibilité de passer du cardinal à l’ordinal, le désir de la mère et le désir de l’analyste, l’objet de l’angoisse et le trauma, l’acte de parole. Ce texte magnifique a été publié dans Quarto n° 66, Des conditions d’une transmission, en novembre 1998.

modification du 23 mars 2011 : Rivka Warshawsky m’ayant autorisé à le re-publier sur le site où je publie le cours de Miller, après qu’elle l’ait relu et corrigé,  on le trouvera donc là.

 

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