moyen-âge

ce rêve « un treillis sur la mer », donne quelques indices de que nous sommes au moyen-âge. il fait sombre, il fait sale. longeons des murs, comme longerions des murailles, sommes en hauteur comme si grimpions une tour. la fenêtre qui s’ouvre dans le mur découvre son épaisseur. il est fait de gros moellons. les fenêtres sont fermées par des volets, des battants en bois, mais ne comportent pas de vitre. quand les personnages apparaissent, ils sont plutôt vêtus de longues tuniques, sombres. le mobilier est très sommaire, rudimentaires. ce sont de très pauvres gens qui habitent là-  dont il est important de noter l’in-différence.

cet aspect du moyen-âge, pauvreté, dangerosité, m’a fait penser à François Villon et à sa biographie que j’avais prêtée à mon père. il m’en avait lu des extraits et surtout parlé du peu de prix qu’avaient les vies dans les rues à cette époque là.

donc, nous sommes au moyen âge et je donne l’âge de ma mère qui n’est pas exactement  le sien, 80, et le mien qui n’est pas tout a fait le mien non plus, « + de 40, dis-je ». je donne une sorte de moyenne. son âge valant 2 x le mien.

ça m’a fait penser à ce que je disais de la façon dont j’entendais le temps ralentir quand j’étais dans le lit de mes parents, à la place de ma mère.

dans mes petites recherches sur le schème kantien suite à un cours de Miller, j’avais été intriguée par la place du temps, ayant moi-même avec le temps de grandes difficultés. Miller rapportait l’écriture du schème de Kant à celle du fantasme, situant le réel de la jouissance du côté de l’intuition et le symbolique du côté de l’entendement. Le schème de Kant, pour lequel il aurait inventé une capacité de l’âme, le schématisme, agit à la façon du fantasme en reliant, nouant des catégories qui autrement seraient sans rapport, en nouant réel et symbolique, le réel apportant lieu et temps au symbolique.

L’intuition,   relevant des contingences spatio-temporelles (le réel),  tandis que l’entendement, le concept,  est spontané, relèverait d’une nécessité intérieure du sujet, de déterminations conceptuelles.

« Le schème kantien, dit Lacan, on peut arriver à le réduire à la Beharrlichkeit, à la permanence, à la tenue, dirais-je vide, mais à la tenue possible de quoi que ce soit, dans le temps. »

On voit bien que le concept puisse être considéré comme a-temporel, « le mot est le meurtre de la chose », c’est aussi, nous dit Lacan, ce qui lui apporte l’éternité. Le mot d’une  chose la fait être de tout temps. Ce qui m’a intriguée, c’est que le temps et le lieu puisse être induits par la jouissance, le réel.  que ce soit la jouissance  qui apporte le temps au concept, qui introduise au temps. le schème, nous dit lacan, est-ce qui permet la tenue des choses dans le temps.

 

Entretien avec Marcel Duchamp

Entretien avec l’artiste Marcel DUCHAMP (1887-1968), fait en juin 1967, portant uniquement sur les « ready-made » inventés à New York. L’interview est faite à Paris à la galerie GIVAUDAN. Le ready made est né d’un ensemble de conclusions : de nombreux éléments d’un tableau sont achetés tout faits, la toile, les pinceaux… en poussant le raisonnement jusqu’au bout on arrive au « ready made ». Lui, l’artiste ne fait que signer. De toutes les façons une œuvre d’art est toujours un choix de l’artiste. Le ready made doit être indifférent à son auteur, ce n’est pas un choix esthétique. On doit se débarrasser de cette idée du beau et du laid. Les premiers « ready made » remontent à 1913, c’est « la roue de bicyclette ». La première chose qui l’a intéressée c’est le mouvement, puis il a compris que le mouvement n’était pas nécessaire. En 1914, est venu le « porte bouteille », puis en 1915-16, il a cessé d’en faire depuis très longtemps. Il commente  » l’effet rétinien » qu’il utilise à propos des tableaux. Il n’aime pas beaucoup l’art abstrait à cause de « l’effet rétinien ». Un ready made ne doit pas être regardé, on prend notion par les yeux qu’il existe, on ne le contemple pas. Il suffit de prendre note. La notion de contradiction n’a pas été assez exploitée. Les readymade ne sont qu’en huit exemplaires. A la simple reproduction d’un readymade, il manque la troisième dimension. Il s’explique par l’œuvre « Pharmacie ». Ce n’est pas l’effet rétinien qui compte pour le readymade, il peut exister seulement par la mémoire. L’œuvre n’est plus rétinienne. Les phrases des readymade sont des couleurs verbales, elles ne sont ni descriptives, ni explicatives. Les readymade avaient été oubliés, on ne les retrouve que maintenant. Il ne fait rien, attend la mort, les questions d’art ne l’intéressent plus.

la chute dans la vie

la chute de l’homme dans la banalité, sa « seconde chute » selon Heidegger, est une chute dans la vie (assomption meurtrière où nous sommes à la fois « les auteurs et les victimes »).

« Nous sommes devenus des êtres individués, c’est-à-dire non divisibles en eux-mêmes et virtuellement indifférenciés. Cette individuation dont nous sommes si fiers n’a donc rien d’une liberté personnelle, c’est au contraire le signe d’une promiscuité générale. »

« Tous télé-guidés » par Jean Baudrillard

 

 

 

(l’image, sa fiction POUR échapper au réel, où nous sommes tombés)

« Plus on avance dans l’orgie de l’image et du regard, moins on peut y croire. »

« Tous télé-guidés » par Jean Baudrillard

Catherine, spectatrice, se déplaçait «déjà dans le récit de la scène […]. Il arrive que le regard se fixe sur le visible pour permettre à la conscience de se dérober; on ne peut être présent à l’intérieur d’une image»

« De l’utilité des fictions »  par Jeanne Joucla citant ici Catherine Millet dans Une enfance rêvée.

25 août 21 – C’est la fin de l’été

Outrée,

Qu’on ne me rende pas mes étés éternels, c’est ce que je ne comprends pas. De l’enfance, l’éternité de mes étés. Et c’est ce que j’attends. J’ai beau rester immobile, j’ai beau me tenir coite, le temps passe. Tout juste ai-je eu le temps quelques instants de m’arrêter, de fondre en moi-même, d’admirer.

Ceci aura fait le fond de mes angoisses durant toutes ces années, dès les premiers signes de l’été, face à son inexorable passage, alors que j’aurais voulu m’enfoncer éternellement dans son arrêt, sa chaleur, son oubli.

Ah, que ne se plaint-on un peu partout davantage de cette fin de l’été. C’est maintenant qu’il en faudrait des processions de pleureuses, des cérémonies de lamentations. De protestation. Des fêtes où l’on se tiendrait les mains, où on les lèverait au ciel, où dans des feux de joie se raconteraient jusqu’à l’aube les mille mini-merveilles rencontrées. L’infinité des riens, des silences splendides dans les cieux scrutés et ramenés au creux des entrailles. Ne pourrait-on ensemble cette fabuleuse indifférence célébrer. Reconnaître, célébrer. Cette matière dont nous sommes. Baisers de chair mouvements de vertèbres cœurs pognés. Dans le détournement, les yeux qui voient au-delà, loin. Cette volonté de plus de davantage d’encore. La fin les dents l’éblouissant écrasement. Adieux à jamais, rendez-vous à l’année prochaine.

D’aucuns aiment l’hiver et je les comprends, or ce n’est pas tant de saison qu’il s’agit, que des grandes vacances passées…N’allons-nous pas devoir retourner qui à l’école, qui au travail. Ne va-t-il falloir recommencer à compter. Et faire mille choses contre notre gré.

N’est-ce à pleurer, vraiment.

Parenthèse : Tout cela n’est pas valable pour moi qui y suis arrivée à force d’anxiétés, à faire de ma vie un éternel été. Mais, rien ne vaut le vrai le beau le grand l’admirable été, l’été originaire, fût-il pourri, comme le fut celui-ci, aussi y ai-je droit moi aussi, à faire couler des larmes et courir embrasser ses derniers jours.

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