alors pervers /névrosé c’est pareil, c’est jouissance substitutive à « celle qu’il faudrait », jouissance qui se substitue à « celle qu’il faudrait » – seulement chez l’un c’est conscient, chez l’autre pas – inconscient. (d’après milR, 3 juin 09)
Étiquette : perversion
he – who leads from the drive to love
The paternal function is tied to an existence that supposes sexuated articulation.“He (a father) can be a model for the function only by realising in it a type of paternal perversion, that is to say, that the cause is a woman whom he acquired in order to give her children, of whom, whether he wants to or not, he takes paternal care”. This surprising recourse to the “perversion” in order to save the subject from psychosis is the fecund way, (a very appropriate way of saying it in this case), for the Name-of-the-Father to be recomposed in a world where the exception is no longer transcendent. It is tangled everywhere. This recourse definitely implies that we renounce the myth of the father of the horde. The “useful” Name-of-the-Father is not the father of the “all”. He needs a regulating fiction in order to exist. The “a la carte” recomposition in the bric-a-brac of tradition, or any other “formalist” conception, requires flesh to subsist. Concerning this, I refer to the developments of J.-A, Miller in Le Neveu de Lacan. There is no need to find its foundation in a hypothetical psychosomatic basis, or to wager everything on the experience of parenting, strictly pragmatic.
Lacan gives a precise foundation to this flesh along a double principle. In the existence of a cause of desire ; and in the love which it may authorize. The consequence is to be read in the following logical sense: he who leads from the drive to love and not the reverse.Extract from » How to recompose the Names-of-the-Father » (Eric Laurent) http://2doc.net/591oy // Translated from: “Comment recomposer les Noms-du-Père?” Élucidation nº 8/9, Paris, Verdier, 2004.
Variations sur Deux notes, Philippe Cullard
Exposé à Strasbourg le 7 mars 1999, à la Journée d’étude Metz-Nancy-Strasbourg, « L’enfant, l’adolescent et l’agressivité ».
La partition de la symptomatologie infantile que Lacan expose, en quelques lignes denses, dans ses « Deux notes »1 remises à Jenny Aubry, peut en imposer, à une première lecture – parfois retenue dans notre communauté – pour une correspondance avec la dichotomie classique névrose-psychose.
Cependant, dans le commentaire de Jacques-Alain Miller intitulé « L’enfant et l’objet »2 , cette division de Lacan en, d’une part, symptôme relevant du couple des parents, et d’autre part, symptôme du ressort de la relation prévalente mère-enfant, n’est clairement plus référable à cette opposition simple de structure. Ce commentaire constitue, au surplus, une synthèse lumineuse de l’enseignement de Lacan et balise, de façon tout à fait renouvelée, le champ clinique et théorique de l’enfant dans la psychanalyse, non sans empiéter largement sur celui de cet enfant vieilli qu’est l’adulte. Plus qu’un pont, il établit même une continuité.
Avant d’illustrer cette thèse d’un cas, il importe de rapporter brièvement l’essentiel de ces deux textes complémentaires.
Les « Deux notes » qu’il convient de lire, comme l’a montré Jacques-Alain Miller, en inversant l’ordre initial de leur parution s’ouvrent sur un constat dont Lacan prend acte: « L’échec des utopies communautaires. »
Ouverture politique, donc, et évocation probable, non seulement du mouvement contestataire de mai 1968 – puisque ce court manuscrit est daté de 1969 -, mais aussi de ces expériences qui ont jalonné le milieu de notre XXème siècle, qui visaient toutes, peu ou prou, à l’avènement d’un enfant libre, sinon d’un homme nouveau, en se passant des fonctions du père et de la mère, en tant qu’elles impliquent « la relation à un désir qui ne soit pas anonyme (1) », c’est-à-dire » particularisé ».
De cet « irréductible » « résidu » (1) que constitue cette famille nucléaire – seule apte à » la transmission » de la sociabilité -(1), Lacan déduit une alternative simple quant au symptôme que peut présenter l’enfant issu du « conjungo ».
Soit, « le symptôme peut représenter la vérité du couple familial ». « C’est le cas le plus complexe, précise Lacan, mais le plus ouvert à nos interventions (1) « . Soit, et c’est le thème que Lacan développe le plus, « le symptôme qui vient à dominer » – ce qui en suppose au moins un autre mineur – « ressortit à la subjectivité de la mère« , et c’est alors » directement comme corrélatif d’un fantasme que l’enfant est intéressé ». « Il devient l’objet de la mère et n’a plus de fonction que de révéler la vérité de cet objet « , c’est dire qu’il « réalise l’objet a dans le fantasme (1) « . Le développement accordé à ce thème constitue sans doute une indication, tant d’une avancée théorique, que de la prise en compte d’une clinique nouvelle, contemporaine du « déclin de l' »imago » paternelle » et de la prolifération des objets.
En résumé, « vérité du couple familial « et « identification à l’idéal du moi » pour le premier thème, S1 ; » vérité de l’objet a dans le fantasme de la mère » et, quant au mécanisme, « réalisation« , le terme est souligné par Lacan, pour le second, S2.
Notes:
Le caprice féminin, Frank Rollier (extrait)
[…]
A la fin du paragraphe, Kant note entre parenthèses quatre mots en latin : « Sic volo, sic jubeo », « Ainsi je le veux, ainsi je l’ordonne », dont J.-A. Miller retrouvera l’origine chez Juvénal. À Rome à partir du premier siècle (années 90), Juvénal écrit une série de satires dans lesquelles il dénonce l’hypocrisie des puissants, les mauvais exemples que donnent les parents à leurs enfants, la corruption et la luxure de la société impériale. Dans la satire VI, il s’en prend avec véhémence à la femme mariée, dépeinte comme étant toujours insupportable, sinon dépravée. Il tente de dissuader un ami qui songe à se marier et, entre autres exemples, rapporte cette saynète entre une femme et son mari, sans en préciser le contexte : « Cet esclave, en croix ! » ordonne la femme à son mari, lequel rechigne à obtempérer, pas tant par humanité que par souci de son patrimoine humain. Il essaie de discuter : « Mais quel crime a-t-il commis pour mériter un tel supplice ? Où sont les témoins, le dénonciateur ? On ne saurait prendre trop de temps quand il y va de la mort d’un homme ! ». Ce à quoi elle réplique : « oh le sot ! Un esclave, est-ce donc un homme ? Il n’a rien fait, soit ! Mais je le veux ! Je l’ordonne ! Hoc volo, sic jubeo – Comme raison, que ma volonté suffise ! »1
Le caprice mortifère de la matrone de Juvénal renvoie directement au surmoi dont Freud soulignait la parenté avec l’impératif kantien. Il s’agit donc d’un surmoi qui se situe dans une autre dimension que celle du surmoi qui interdit, dimension que Freud avait précédemment développée. Depuis Lacan nous concevons le surmoi comme une instance qui pousse à la jouissance, qui « pousse au crime » écrit Eric Laurent. J.-A. Miller, dans sa « Théorie du caprice», pointe « l’affinité de la femme et du surmoi »2 que vérifie la saynète racontée par Juvénal.
Lacan fera de la Sphinge (version féminine du Sphinx) une incarnation du surmoi féminin, la surmoitié d’Œdipe qui lance – dans la version du mythe créée par Lacan – un « tu m’as satisfaite petithomme » (( 20 LACAN J., « L’étourdit », Autres Écrits, Seuil, 2001, p. 468. )) , qui apparaît comme un défi, « une exigence de jouissance distincte de la jouissance phallique. » 3 Bien sûr, à travers Œdipe, chaque petithomme est interpellé par cette exigence mortifère qui, selon la lecture qu’Eric Laurent fait de ce passage de « L’étourdit », à la valeur d’un impératif lancé à l’homme : « Fais toi l’ami des femmes ». Pour vraiment les comprendre, fais-toi femme toi-même, essaye de t’approcher de l ’Autre jouissance. C’est à ce propos que Lacan convoque le devin Tirésias : «…tu sauras même vers le soir te faire l’égal de Tirésias… ».
Le point important, me semble-t-il, éclaire ce fait que « la voix du surmoi féminin (…) s’origine (…) de son Autre jouissance qui lui est propre ». Eric Laurent démontre l’issue de ces appels de la surmoitié « à jouir davantage». Loin d’y voir le destin de chaque petithomme , « la psychanalyse consiste plutôt à soutenir que la voix de la surmoitié n’est mortifère que pour celui qui refuse d’affronter l’originalité de la position féminine ».
(…)
La thèse proposée par J.-A. Miller est que « le principe de cette volonté», de ce « je veux », « c’est un énoncé qui est un objet détaché et qui mérite d’être qualifié d’objet petit a, le caprice-cause de ce qu’il y a à faire», « qui en l’Autre divise le sujet». La matrone de Juvénal demande la mort de l’esclave mais « c’est son mari qu’elle veut diviser, elle veut lui faire sacrifier son bien, à savoir un de ses esclaves, pour son caprice à elle» et, de fait, il doute. De la même manière, la Reine fait tourner en bourrique le Roi falot du pays des Merveilles et Lucinde veut faire plier son père, cela afin qu’ils sacrifient leur pouvoir au caprice de chacune. Cette volonté de diviser l’Autre, Lacan l’identifie à la volonté de la pulsion, laquelle est acéphale et se manifeste « comme volonté-de-jouissance»4 , traduit J.-A. Miller.
Peut-on qualifier cette volonté de diviser le partenaire, de perversion ? De Kant à Sade5, il y a une parenté manifeste, marquée par le fait que Lacan introduise ce concept de volonté-de-jouissance lorsqu’il écrit le schéma du fantasme sadien et dégage que c’est la volonté qui semble dominer toute l’affaire. Le pervers s’emploie explicitement à angoisser l’Autre «en bouchant le trou dans l’Autre» ; si le partenaire de la patiente que j’évoquais semble bien avoir été angoissé par la «trituration » de sa compagne, il ne me paraît pas certain que l’époux de la Matrone de Juvénal soit angoissé, pas plus que le Roi d’Alice ou le père de Lucinde : ils sont simplement divisés, déroutés dans leur prétention à gouverner. J.-A. Miller propose que «cette volonté-femme veut séparer le sujet de son avoir […] de ses idéaux». Il tire le caprice féminin du côté de la maîtrise du signifiant-maître, sans en faire une position perverse, ni une posture hystérique pour occuper la place du S1.
Le « hors la loi » ou le « sans limite » de cette volonté-femme est différent du «être contre» de l’hystérique, dont « l’expérience historique est faite ». Aujourd’hui, les femmes peuvent tout à fait légalement« commander avec le signifiant-maître en main » – et J.-A. Miller voit là une nouveauté à encourager.
Pour conclure, avançons qu’avec J. Lacan et J.-A. Miller, s’opère une réhabilitation, ou tout du moins une revalorisation du surmoi féminin. Freud situait cette instance plutôt du côté masculin, au point qu’il apparaissait « même douteux que la femme soit dotée d’un surmoi»6.
Je propose que le caprice puisse être envisagé selon deux registres. Le premier serait de considérer le caprice spécifiquement féminin comme un fantasme masculin, tout comme le masochisme dit féminin et décrit par Freud. L’autre registre, qui n’est pas antinomique au premier mais, me semble-t-il, supplémentaire – tout comme l’Autre Jouissance est supplémentaire à la jouissance phallique – serait de poser que tout ce qui se manifeste comme volonté, telle que définie avec J.-A. Miller, comme relevant d’une jouissance sans limite, hors la loi, puisse être rangé du côté droit du tableau de la sexuation. Cette volonté-de-jouissance se réfère donc au féminin, même si elle émane éventuellement d’un homme. C’est le versant pulsionnel du caprice, qui n’exclue pas sa dimension mortifère, sans que la folie d’une Médée soit en jeu, puisque dans le fond, toute pulsion tend vers la pulsion de mort. Fort heureusement, J.-A. Miller nous rappelle que du côté du vivant, « le caprice est au principe des plus grandes choses ».
Franck Rollier
https://www.lacan-universite.fr/wp-content/uploads/2011/01/Carnet-de-route-9.pdf
Notes:
- JUVENAL., « Satires », p 67, Les belles lettres, Paris, 2002. [↩]
- 19 MILLER J.-A., « Théorie du caprice », Quarto, n° 71, p. 6-12. , p. 11. [↩]
- 21 LAURENT E., « Positions féminines de l’être », Quarto, N° 90 « La femme et la pudeur », pp. 28-33. [↩]
- 22. LACAN J., « Kant avec Sade », Écrits, Seuil, p. 775. [↩]
- 23 MILLER J.-A., « Théorie du caprice», op. cit, p. 10. [↩]
- 24 MILLER J.-A. : « Un répartitoire sexuel », La cause Freudienne, N° 40. [↩]