l’école les filles lacan l’impossibilité du fer = le génie

02.08.09, 1h50

Mme Jenaerts  Jenaerts / S. Jennarts, je crois que c’est plutôt cela, son nom, à la Directrice.

1h50 – je n’arrive pas à dormir.

Jenaerts comme Arzt –> médecin, mot vu en Allemagne sur des façades.

Recherche sur Google, c’est Madame Jennaert.

ça se prononçait gêne-art ou encore   je-narre

Lacan/ gêne-art, Lacan / je-narre

Jennaert –> Je venais d’écrire à Jenny /  qui nous avait autrefois expliqué que son nom, ça voulait dire Génie (en grec) / et je n’étais donc pas sûre de la façon dont « Jenny » s’écrivait – et je n’en suis toujours d’ailleurs pas, sûre.

revoilà ma chère lettre G

Lut – G – ar – de

mais pourquoi la trahison des filles le choix du génie

je trahis donc elles complotent

génie je nie  donc parano

lecolelesfilleslacan

anne et jp ; le travail qu’elle ne fait pas et celui que je ne veux plus faire ; l’amour pré-génial

02 08 09

L’amour pré-génial

Cette nuit, rêvé d’AW et de JP. JP est mon frère. Anne W  fut un moment ma meilleure amie. oui, je l’aimais vraiment beaucoup beaucoup. travaille comme psy au C. et était chez l’analyste chez qui je suis maintenant.

1/

Je dois travailler pour JP, il m’engueule du fait de mon retard et de ce que toutes les idées, dans le travail, dit-il, viennent de lui. C’est faux. Je lui raccroche au nez, lui disant que dans ce cas, c’est terminé. J’essaie d’expliquer ce qui vient de se passer à mes parents. Je pense lui envoyer un mail pour lui dire que c’est faux, que les idées ne viennent pas de lui, mais de moi, mais je renonce.

2/

Veux voir Anne W. Sors pour la chercher, suis rue Waelhem (rue de mon adolescence, où habitais avec mes parents et mes frères, à Bruxelles). Au bout de la rue, Anne m’appelle. elle a l’air en forme. Avec d’autres (collègues analystes), ils préparent le prochaine colloque (titre du colloque :  « Le rapport sexuel qui n’existe pas« . Je suis étonnée (de ce qu’elle fasse ça. j’ai honte, mais dans le rêve, je m’étonne de ce qu’elle soit arrivée à ça, à travailler à un colloque, à travailler avec des analystes, ce à quoi, je ne suis pas moi, arrivée). Elle me dit : « Oh! mais tu sais, il y a toujours beaucoup d’intendance. » (soit, oh, mais sais, t’inquiète, je ne fais rien de vraiment intéressant, il ne s’agit que de travail d’intendance… elle est consciente de ce que je suis jalouse, consciente de ce que je n’aurais pas cru qu’elle puisse arriver à ça. c’est triste. )

Je vois  J-C E. (autre ami, analyste, qui lui n’a aucun problème d’ambition). Il me dit qu’il travaille sur le « pré-génital » (bon, là, c’est drôle, je le vois maintenant, en recopiant ces mots, mais pré-génital, ça fait aussi bien pré-GENIE-tal … ce génie dont il fut récemment question) et sur le développement intra-utérin. Il parle de l’amour de sa mère qui a été  » … » (mot qui manque). Je voudrais lui parler de l’amour de ma mère à moi qui aurait été « … » mais je ne trouve  pas le mot (plus « adhérent » encore?)

1/… le « génie » de jean pierre. le travail que je ne veux plus faire.

2/ AW et moi – intendantes.

génie ≈ génital

Fini le faire, reste le nom. Fini le tour de main, reste le Witz.

L’impossibilité du fer,

génie de l’impuissance

« Ainsi, le readymade est de l’art à propos de la peinture avant d’être de l’art à propos de l’art. L’art de peindre, c’est l’art du faire, dit Duchamp, qui répète là une très vieille définition de l’art comme artisanat et habilité manuelle. Mais si l’industrialisation a rendu objectivement inutile l’artisanat, alors l’habilité manuelle est aussi ce que l’artiste sensible à l’époque doit ressentir comme impossible. Ce sentiment est, dans la peinture, même normale, sa « nécessité intérieure », la nécessité qui poussa Kandinsky et les autres pionniers de l’abstraction à abandonner presque toutes les conventions traditionnelle de la peinture, et qui poussa Duchamp à l’abandon du métier lui-même.

Fini le faire, reste le nom. Fini le tour de main, l’habilité, le talent, reste le génie, le Witz. A Denis de Rougemont qui lui demande « Qu’est-ce que le génie? », Duchamp répondit par un calembour : « L’impossibilité du fer« .

Puisque faire signifie choisir, le syllogisme de tout à l’heure conduit à la conclusion, cette fois, que le génie tient à l’impossibilité de choisir. Et puisque l’exemple exemplaire d’un tel choix impossible est un tube de bleu, un tube de rouge, il faudrait imaginer que le génie tient à l’impossibilité de choisir ses couleurs, d’ouvrir un tube, de commencer son tableau, de peindre. Génie de l’impuissance en lieu et place de l’impuissance du talent ! »

Thierry de Duve, Résonnances du readymade, « Le readymade et le tube de couleur » (1984-1989), Éditions Jacqueline Chambon, 1989, p. 127, 128, 129, 130

« Voilà donc, dans le concret, où se situe le vide. Comment articuler le vide, c’est ce qui intéressait Lacan. L’usage correct du vide, de ce Vide-médian qui est une sorte de version du littoral, soit ce qui sépare deux choses qui n’ont entre elles aucun moyen de tenir ensemble, ni aucun moyen de passer de l’une à l’autre. » E.L.

Créer ce n’est pas assujettir mais consentir ; non pas saisir, mais se laisser surprendre.

L’œuvre d’Hantaï est une anti-performance.

Son parti pris de faire silence est une protestation contre l’ère des productions exemplaires. Peindre, pour ce peintre, ce n’est ni démontrer, ni se démontrer. Aussi son silence, loin d’être anecdotique, a-t-il la portée d’une initiation, que l’on peut rassembler autour d’un double refus

Premier refus : le refus d’interpréter, le refus du discours-clé, du concept dévoilant, qui serait le garant de l’énigme de l’œuvre. Cette œuvre refuse le “message” et c’est là sans doute une provocation à une époque où l’on place toute œuvre dans le prolongement d’une volonté de dire. Hantaï ne se veut le prophète d’aucune signification. Non pas que son œuvre ne donne pas à penser, mais elle ne saurait se réduire au simple prêt-à-voir d’un concept.

[…]

Comment interpréter cette attitude sinon comme le refus de faire de l’œuvre l’illustration d’un concept ?

Hantaï veut nous laisser voir, en dehors de toute prévention interprétative et n’est pas ainsi sans nous rappeler, comme le poète Francis Ponge que, si nous sommes des «animaux à paroles, nous sommes [aussi] les otages du monde muet». «Monde muet» : monde dont la présence sensible ne saurait être épuisée par les procédures du discours ou de l’action. Ainsi, cette œuvre se veut sans pourparler, ni mode d’emploi. Hantaï, dans un entretien avec Didi-Huberman, parle ainsi de son œuvre comme d’une «machine à broyer», et ajoute : «Broyer quoi ? Le pouvoir, le projet, l’idée».

Second refus : le refus du génie et de l’exploit talentueux.

L’artiste n’est pas le “patron” de son œuvre, le Sujet Suprême, qui, tel un démiurge quasi-divin, accomplirait dans son œuvre l’idéalité singulière qui le hante. Aucun dieu aux commandes de la “machine” : Hantaï refuse cette maîtrise dont on affuble l’artiste. L’art n’est pas le triomphe de l’homo faber, l’intelligence qui plie la matière aux dernières nuées de l’esprit

«On peint à l’aveugle, à tout hasard, jetant le dé», confie-t-il à Didi-Hubermann. Au “chef-d’oeuvre” doit se substituer la “machine”. Machine est ce qui roule de son propre mouvement, ce qui a un rythme propre et produit des formes à partir de soi.

La technique du pliage est ainsi une façon de préserver l’œuvre de l’intentionnalité de son auteur : replier l’œuvre, c’est la préserver de l’ingenium, du plan, de la prouesse technique. Et comme le note Didi-Hubermann, «dès lors que la toile est pliée, ce qui se passe dans le pli échappe au regard du peintre». Créer, ce n’est pas assujettir mais consentir ; non pas saisir, mais se laisser surprendre. Hantaï semble chercher sans cesse tout ce qui pourrait ainsi libérer l’œuvre de l’empire de la subjectivité pour la rendre à la spontanéité. Ainsi, l’artiste est celui qui sait se perdre pour laisser-être l’œuvre : «Quand je plie, je suis objectif et cela me permet de me perdre». L’œuvre se fait échappée, effet de surprise, imprévu.

Ainsi toute les techniques d’Hantaï sont-elles des contre-techniques : chacune a pour fonction de désarmorcer les procédures de contrôle par lesquelles nous nous assurons du réel. C’est ainsi la technique du regard flottant dont il parle dans une de ses lettres à Didi-Huberman : «Inattention, distraction, attention éparpillée, flottante, périphérique, décentrée, délocalisée. […] Peindre sans voir, en regardant ailleurs, vacant, absence de valeur, de contenu, inoccupé, inhabilité, vague…» ; et dans une autre lettre : «J’essayais de voir (qu’est-ce que ça veut dire, voir ?) pendant ce court temps, moins des objets localisés, mais si possible de manière flottante, périphérique».

Laisser flotter le regard, c’est suspendre l’identification immédiate de toute chose, c’est refuser de distinguer selon l’évidence et d’assigner une place selon le bon sens.

Peindre, c’est aussi savoir s’aveugler.

L’idée revient comme une obsession dans les lettres d’Hantaï : il faut savoir fermer les yeux. Il y a là quelque chose de la réduction phénoménologique : fermer les yeux sur ce monde que nous occultons pour qu’il puisse surgir enfin.

Dépossession de l’œuvre, délocalisation du regard : l’“anti-méthode” d’Hantaï n’est pas sans rapport avec la déterritorialisation deleuzienne. Et si on allait errer par-delà les champs clos, sans surprise de la subjectivité ? L’art d’Hantaï, comme la philosophie de Deleuze, est une invitation au nomadisme. «Ne suscitez pas un Général en vous !» lance Deleuze ; Hantaï, de façon moins tonitruante, nous invite à tirer l’oeuvre hors de l’économie subjective qui cherche à la mettre en ordre. Il aime ainsi citer la formule de Cézanne : «Longtemps je suis resté sans pouvoir». Sans pouvoir, désarmé, pour laisser l’oeuvre apparaître. Cette dépossession est mise en scène par Hantaï sur un mode aussi humoristique que liturgique. Enterrer ses toiles, comme il le fait, est une “plaisanterie sacrée”.

Dans la Physique, Aristote distingue l’objet artificiel de l’objet naturel en notant que le second a en lui-même le principe de son mouvement ; ainsi, on peut toujours enterrer un lit, aucun lit ne poussera à la première averse comme poussent les champignons. Hantaï défie Aristote : et si l’oeuvre, loin d’être un artifice inerte, une production amorphe, est belle et bien douée de spontanéité ? Ainsi, il semble difficile d’appréhender l’oeuvre de Hantaï sans tenir compte de cette désacralisation de l’artiste qui l’accompagne comme un rite initiatique. On peut sans doute être agacé par ces “silences”, cette façon d’abandonner l’oeuvre sans l’éclairer par une intention ; mais gageons qu’il s’agit là d’autre chose qu’une simple manière de “jouer” une modernité mondaine.

Hantaï veut libérer une oeuvre, plus encore : libérer une présence. Tous ces “rites” de dépossession n’ont pour fonction que de tirer l’oeuvre hors des mythes de la production, hors des machinations de la technique, hors de l’arraisonnement conceptuel. En ce sens, cette oeuvre peut introduire à la lecture de Science et Méditation de Heidegger, ainsi qu’à La question de la technique, non pas comme une “illustration”, mais, au contraire, comme la répétition décisive d’une protestation contre l’impérieuse sujétion de toute présence à l’appel d’un calcul qui veut qu’elle fournisse du plaisir et des raisons. A une époque où toute chose est interpellée sur le mode de l’utilité, la question est : «Comment produire quelque chose d’inavalable ?», comme le dit Didi-Hubermann. Hantaï prend les précautions nécessaires (provocantes) afin que nous ne puissions pas réduire ainsi son œuvre à une “performance”, une marchandise de plus qui prendrait place dans l’ordre de nos intentions, une preuve de plus à joindre à l’ordre de nos raisons. En ce sens, son œuvre participe de la Gelassenheit, veut laisser place à la rencontre, laisser être cet Incontournable qui n’entre dans aucun calcul, dont Heidegger nous parle (Science et Méditation).

C’est pour cela que cette œuvre se veut sans métaphysique, même une métaphysique de la réconciliation avec le sensible. Reste à savoir, toutefois, si l’art peut ainsi totalement échapper au piège de la représentation… et de la consommation.

http://pedagogie.ac-toulouse.fr/daac/dossierspdf/hantai.pdf

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