vendredi 13 janvier

7h41 Réveillée par J, qui commence tôt. Il fait encore noir.  Hier 2 gouttes + hhc, + 1 goutte. Profond sommeil. Au réveil, effondrements de sol, dans rêve, sous voiture, une personne aspirée, la sauver, mais comment j’ai fait ? 

Hier, quand recouchée après avoir écrit « dénonciation » prof de tai chi, curieusement de tendre humeur. Depuis avant-hier, envie de faire l’amour. C’est rare. Ne veux pas l’exprimer d’ordinaire, et hier n’ai pas cherché à l’exprimer, mais. Me suis rapprochée de F, ai posé ma main, mes mains sur son dos, son ventre, l’ai caressé et serré contre moi. De bonne humeur. Dans le noir de la chambre. Il réagissait doucement, juste ce qu’il faut. Je ne pourrais pas supporter des baisers, je ne suis pas prête. Sommes restés longtemps comme ça. Puis il s’est levé. 

Je suis restée encore au lit. J’ai dû faire de l’internet. Il y a des choses intéressantes sur internet, c’est pas le problème. Non, le problème c’est qu’il y en a trop, le zapping. Je vois beaucoup de choses qui me plaisent sur Instagram, des gens, des artistes qui font des choses qui me plaisent. Et beaucoup d’annonces d’expositions que j’ai envie de voir, ou de livres que j’ai envie de lire. Mais ce n’est jamais suivi d’action, je ne m’arrête pas pour prendre note dans un calendrier. Janvier. Ce serait encore le temps d’acheter un calendrier pour ça ? Mais noter les choses comment? 

Il fait noir, j’écris dans le noir, j’adore, sur le coin du canapé, mon coin, les rideaux sont tirés, on dirait qu’il ne fait pas beau, j’écris sur mon téléphone, mon « smartphone ». Et j’écoute les bruits de la rue. 

Ensuite, hier matin, entendu J revenir déjà de ses premiers cours, bondi hors du lit. Je suis honteuse qu’il me trouve comme ça, au lit. Si je pouvais finir par produire un écrit, ça irait, un travail quelconque, ça justifierait, mais je n’y arriverai jamais, à produire quelque chose de lisible par lui ou F. Ou alors sous un autre nom. 

J’ai alors décidé de prendre un bain. De me laver les cheveux. Ils deviennent trop longs, je ne parviens pas à aller chez le coiffeur. Je ne parviens pas à prendre RV. De quoi ai-je peur. Principalement, je repousse toute interruption dans le long continuum de mes jours. Mais aussi, je ne vais pas savoir comment m’habiller, m’apprêter pour aller dehors. Est-ce que c’est ça ? Et puis, il y aura le tête à tête désagréable avec mon image, désagréable et forcé. C’est à chaque fois une surprise. Je ne reconnais pas la personne que je vois. 

Je me suis lavé les cheveux, j’ai mis de l’après-shampoing, et ensuite seulement j’ai pris le risque de me doucher. Je n’ose plus faire les 2 en même temps, la douche ne fonctionne plus bien, soit l’eau n’est pas suffisamment chaude soit elle l’est trop. Si je me lave les cheveux agenouillée devant la baignoire sans me mouiller le corps, je peux supporter d’utiliser de l’eau un peu trop froide. 

Mais quel intérêt d’écrire tout ça ? Tout devient compliqué à expliquer, je renonce de plus en plus. Le jour se lève, la lumière arrive. Alors, à ce titre, d’exercice, et d’exercice pour la mémoire. Chester sur mes genoux, puis Chester parti. Enfin, on ne sait jamais qu’on tombe sur quelque chose. Là, je visais le grand désagrément où j’étais. Je n’aime pas tout ça, le temps passé à la salle de bain, ces difficultés avec l’eau, l’inconfort, le débit de l’eau qui n’est pas assez fort. Me brûler. Tout ça. Je tempête alors. Est-ce que ce sont ces petits embêtements qui m’ont mise de si mauvaise humeur. S’agissait-il de mauvaise humeur. D’angoisse.? Le jour se lève et je n’aime pas. Je commence à avoir mal aux mains. J’avais dû décider de mettre de l’ordre et  mon œil devait déjà y être et ce qu’il voyait ne me plaisait pas. Qui plus est, il fallait que je m’habille et je ne savais pas comment. Je m’habille toujours de la même façon, mais ce n’est pas sans une envie de faire autrement. Je me sentais grosse. Quelque chose était physiquement désagréable, je me le disais. J’ai eu l’idée de mettre la grande robe et les collants. J’ai pensé que ce serait une bonne idée, que je deviendrais jolie, que mon ventre ne m’embêterait plus, mais l’image que le miroir m’a renvoyée était vraiment mauvaise, sans que j’aie besoin de m’y attarder, je l’ai vu, c’était affreux. J’ai attaché mes cheveux qui frisottaient malgré ou à cause du nouveau duo shampoing /après-shampoing utilisé. J’ai mis mes lunettes et j’ai enlevé les chaussettes blanches mises sur les collants noirs, les babouches en cuir roses plutôt que les chaussons en velours noir, ça devenait un plus supportable. 

Que s’est-il alors passé. Un temps pour la nourriture, I suppose. 

J’ai mis de l’ordre, autant que j’ai pu.  

Ce qu’il y a de désagréable, c’est que s’ouvre alors, comme déjà dit plus haut, l’œil qui s’occupe de ça, qui voit alors ça, et ne voit plus que ça, le désordre, et ne trouve pas le moyen de le traiter. Ça n’arrête pas. Je le fais en général sans méthode, je prends le premier objet déplacé (c’est-à-dire non à sa place) qui me tombe sous les yeux en main et je le déplace vers sa place en général l’autre bout de l’appartement, arrivée là, rebelote, je prends, je reprends le premier objet qui sous les yeux déplacé et je le déplace vers sa place, un autre coin de l’appartement.  Il y a des tas d’endroits dont je n’ai aucune idée comment les ranger, où les objets dispersés n’ont en fait pas leur  place assignée, et où c’est ce travail, d’assignation (symbolique) qui reste encore à faire, je suis confrontée à quelque chose de réel, dans lequel j’ai appris en temps normal à circuler sans le voir, sans mettre en fonction mon œil critique. Le réel est toujours à sa place, dit Lacan. C’est une fois qu’on lui a assigné une place qu’il peut venir à y manquer. Quand je me mets en état de rangement, je me mets en état de voir tout ce qui manque à sa place. Je me plie à un certain ordre du monde que je réfère à une certaine convention qui se fait exigence et qui ne me paraît absolument pas à portée. Je voudrais habiter dès lieux qui ressemblent à un hôtel (de luxe!!). Mais comment font les gens comment font les gens. Cela occupe beaucoup internet, les photos de beaux intérieurs.  

Il fait de plus en plus clair. L’effet que ça a sur mes yeux,qui s’élargissent, pour accueillir, c’est agréable. 

F dort encore. Où en étais-je ? 

Douleur aux mains, pourquoi perdre son temps à l’écrire.  

8h57. 

Je n’aime pas écrire quand il fait clair, au fond.  

Hier, parvenue donc à ranger quelques objets, ensuite mangé à 3. Là, je me suis enfuie de la maison, ce dont j’ai rarement le réflexe. Allée à la bibliothèque, ramené des livres en retard, que je n’avais pas lu. Lu au RDC de la bibliothèque. 

[12/01 à 16:38] Eoik: Je suis à la  bibliothèque où je lis et il n’y a que des hommes ! 

[12/01 à 16:38] Eoik: 11 hommes et une femme, moi 

[12/01 à 16:39] Frédéric : Zut 

[12/01 à 16:39] Eoik: Incroyable, non ? 

[12/01 à 16:40] Eoik: Je crois que c’est parce que c’est le coin journaux et revues. Ces hommes viennent lire le journal. 

Moi, je lis un bouquin….  

[12/01 à 16:43] Eoik: Peut-être qu’ils voudront me chasser. 

[12/01 à 16:44] Frédéric: Tu me tiens au courant si ça arrivait 

[12/01 à 16:45] Eoik: OK. 

[12/01 à 16:59] Eoik: A bunch of white men over 60. Il y a tout de même un jeune homme avec un béret. 

Un béret et une fausse écharpe Burberry. 

J’ai fait une recherche sur Burberry et extrême droite. Je lisais un livre de Mondzain, il était question d’extrême-droite.  

C’est bien de lire à la bibliothèque. Les choses se passait d’une façon telle que j’ai pu sentir que j’avais mal au ventre. Qu’il se passait de mauvaises choses dans mon ventre. Sortie de ma routine, je sortais de l’anesthésie physique qu’elle me procure /provoque. Ce n’était pas désagréable, intéressant. Mais douloureux. Je pensais qu’il fallait que je fasse attention et boive plus, ainsi qu’il m’a été prescrit (calculs). Je me suis promise de boire en rentrant. 

Clair, F levé. 

Ches, sa tête sur mon pied ! 

Mais il n’y a pas de soleil. 

C’est l’intérêt d’écrire. Passer un peu plus de temps avec l’une ou l’autre pensée, prolonger un fil, un peu plus longtemps. 

Je ne suis pas arrivée à lire tout le chapitre que je m’étais proposée de lire., intitulé  « Radicalisation », du livre Confiscation, de MJ Mondzain. 

Je lis, j’essaie de lire plus, d’arriver au moment où mon attention sera vraiment captée, et je sais que je vais tout oublier.  

Pris des photos de certains passages pourtant mémorables. 

Quelle femme ! Marie José Mondzain. Il  y a marie, il y a j’ose, il y a monde, il y a mondain, il y a haine. Il y a mond, de bouche,en flamand.  Il y a zin de zinzin. De saint-saint.  Quelle femme !

Je cherche, j’attends ce qu’elle pourrait dire de l’addiction aux images. Elle utilise le terme. Pour elle aujourd’hui (ne pas me croire, je retiens toujours mal), la radicalisation passe par l’addiction aux images. 

J’attends qu’elle m’apprenne quelque chose là dessus. 

Je l’avais par hasard entendue dans un live de l’école des Beaux-arts sur Instagram, une conférence qu’elle donnait. J’essaie de donner un prolongement à ce qui parfois m’arrête sur internet. 

09:28 

Le soleil est légèrement sorti, j’écarte mon pied de la tête de Ches. Je me lève de mon canapé.  

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