mardi 5 juillet 2005 · 17h28

la fiction de ma vie

séance d’hier
– la fiction, j’en rêve…
– vous en REVEZ?
– ben oui, pour me débarrasser de la psychanalyse. me débarrasser de moi.

au sortir: je n’ai pas du tout envie qu’on pense que je veux voudrais devrais pourrais écrire de la fiction. qu’on pense que mon désir soit là . et qu’à  nouveau on veuille m’en embarrasser.

le jour après: mais souligner que je « rêve » de la fiction, n’implique pas nécessairement qu’on pense que mon désir soit là .

je veux me débarrasser de l’écriture. je veux me débarrasser de mon lien malade à  l’écriture. je veux justement cesser de « rêver » d’écrire. ça en passe par écrire. ça en passe par écrire, ça en passe par le faire. ce blog pourrait me le permettre.

je ne pense pas que je puisse retourner à  la fiction. et il est vrai que la psychanalyse, la pratique de la psychanalyse, a entraîné que je me suis passionnée pour la fiction que j’y découvrais, que j’y construisais, de ma vie.

jeudi 21 octobre 2010 · 12h32

Je me disais : «Honneur, honneur, où dit-il cela?»

On le trouve par exemple d’emblée lorsqu’il fait le compte rendu d’un de ses derniers Séminaires, «… ou pire» : «D’autres s’… oupirent. Je mets à ne pas le faire mon honneur. » Ce mot «honneur» consonne avec toute cette configuration que j’ai dessinée. Ce n’est pas seulement l’honneur de Lacan Jacques puisqu’il ajoute : «Il s’agit du sens d’une pratique qui est la psychanalyse.» Le sens de cette pratique n’est pas pensable sans l’honneur, n’est pas pensable si ne fonctionne pas l’envers de la psychanalyse qui est le discours du maître et le signifiant-maître qui est installé à sa place. Pour le faire recracher au sujet, il faut d’abord qu’il en ait été marqué. Et l’honneur de la psychanalyse tient au lien maintenu du sujet avec le signifiant-maître.
Extrait de la « Note sur la honte » de Jacques-Alain Miller (5 juin 2002)

mardi 5 juillet 2011 · 08h57

à corps perdu et moyen de communication
— 5 juillet 2011

« L’écriture machinale prive la main de son rang dans le domaine de la parole écrite et dégrade la parole en moyen de communication[…] « 

« Lorsque par conséquent l’écriture fut arrachée à son origine essentielle, c’est-à-dire à la main, et lorsque l’acte d’écrire fut transféré à la machine, une mutation est advenue dans le rapport de l’être à l’homme ».

Heidegger

*

Je me suis quant à moi détachée d’une parole à laquelle je tenais beaucoup (l’analyse). je payais pour ça. j’y suspendais mon être (avec tout ce que je sais / ne sais pas de l’être grâce à ce que ce cher miller cette année m’a enseigné…), mon être , en devenir. j’y trouvais du plaisir, et disais la seule parole qui à mes yeux me paraissait compter, quoi d’autre? ma dignité? deviens-je indigne ? ou ni l’une ni l’autre ? ni digne ni indigne?

mais l’argent que j’y mettais, je voudrais ne plus l’y mettre / cela est vrai aussi. Je ne guérirai pas , cela n’est pas normal, je ne guérirai pas, il ne s’agit pas ici de restes inanalysables, non, non, il s’agit de quelque chose de probablement analysable à l’infini, mais qui ne bougera pas. je ne peux pas continuer à m’accuser, si vertement, si cruellement, si méchamment, de ce que je n’y arrive pas… je me suis diagnostiquée névrosée obsessionnelle, cela, j’ai été seule à le faire, ça n’est pas un diagnostic comme un autre, c’est un diagnostic qui me permet de dire qu’effectivement j’ai besoin d’un autre qui m’autorise et plus encore d’un autre qui m’interdise, et qu’un soupir, de la part de mon analyste,  je l’ai interprété comme un « non, à mon désir d’être analyste », et non, je ne me passerai pas de son aval, de son adoubement, de son aide, de son encouragement, de ses conseils, tout cela qu’il ne me donnera pas. alors, au bout d’autant d’années d’analyse, n’être pas arrivée à dépasser ça. c’est que c’est comme ça.

cela n’est pas tout. cela me fait également renoncer à une amitié, à la possibilité d’une communauté. cela me laisse seule avec mon inconscient et ma pulsion. cela ne ferme pas les possibilités de savoir encore, d’apprendre encore. et cela me permet de dire que quelque chose dans la théorie analytique n’a pas été énoncé, qui me permette de dépasser cela. au lieu donc de continuer à me taper la tête contre un mur, du moins est-ce que je crois, et d’y prendre plaisir, bien sûr, à chaque coup, et de porter ces coups en n’étant pas seule, mais avec un autre qui les compte, je détourne le mur, renonce à une difficulté, qui me paraissait essentielle, et je contourne le mur. je le longe et je passe à côté, par la barrière là, qui est ouverte. je perds une amitié, celle de l’analyste, et je perds la possibilité d’être analyste à mon tour. j’aime la psychanalyse. j’aime la psychanalyse, mais mon cas n’a pas encore été envisagé par elle, abordé. alors, je cesse d’être un cas, au moins pour LA psychanalyse. pourrais-je cesser de l’être à mes propres yeux, le dois-je même ? c’est à peu près tout ce que j’ai, tout ce que j’aime, chez moi. non, je ne me déteste pas comme cas analytique. et non, dit-on, il n’y a pas d’auto-analyse. mais après-tout, freud lui-même… n’y a pas manqué, à s’auto-analyser. alors, s’il n’y a de jouissance qu’auto, si ça trouve on peut encore bien se contenter d’analyse-auto.

« Il fait alors référence à ce que Kundera a appelé la sagesse du roman, à une essence de la fiction empêchant le je du romancier de se confondre avec le je du citoyen, du doctrinaire »
Jacques Henric, « De Céline et de son temps », Art Press juillet-août 2011

j’ai pris un abonnement à art press…

bientôt nous partons en italie, une maison, près de sienne… une semaine là, puis  nous resterons 2 jours à florence. st. et v. garderont le chat, chester, ici à paris. ensuite nous partons à donn, avec ches.  je ne sais pas si la piscine sera ouverte, mais nous aurons déjà eu une semaine de piscine en italie. nous aimerions également retourner à londres, au mois d’aôut. à ostende aussi, moi j’aimerais. et bruxelles. il y a la possibilité des ardennes, aussi, au château, avec ma mère et annick…

i changed the colour of my hair again.

samedi 27 avril 2013 · 10h10

Sans titre

Je ne suis ni de droite ni de gauche. Mes parents étaient catholiques,  ma rencontre de la psychanalyse m’a permis de m’éloigner du sacrifice de moi-même que leur catholicisme exigeait de moi.  C’est ce qui me reste de catholique qui me situe aujourd’hui politiquement à gauche. À certains égards viscéralement, passionnément. Quand cela n’a rien de politique, mais répond de ce qui reste de la façon dont j’ai été dressée au sacrifice.  Lequel fabrique encore aujourd’hui,  par en dessous,  le levain de ma  jouissance. Pour moi cela ne relève pas de la politique mais de l’inconscient. La psychanalyse lacanienne m’a appris à me défier du sacrifice. Du sacrifice, du don de soi, de l’oblativité, de la bonté, de l’amour.

dimanche 6 juin 2021 · 10h53

emmanuel carrère, suite

réveil. au lit, noir de la chambre, je ne sais pas encore qu’il est tard déjà, bon sommeil, cauchemar, chaleur, souvenirs des lectures de la veille.
j’entends : tuuuue…. toi – un très long tue, qui pourrait presque valoir pour tu es ou tue, finalement arrive toi.
je pense à tout ça, ces formules entendues depuis si longtemps, qui reviennent régulièrement. que je ne retiens plus que comme le signal de quelque chose qui ne va pas, qui seraient celui d’une « mélancolie enclenchée ». il faudrait que je raconte quand ça a commencé, ces cruelles pensées, mais pas maintenant. que j’ai un moment appelés les fracassemeurs, quand les injonctions étaient beaucoup plus violentes, puissantes, et alors pleines d’intentions là où aujourd’hui elles interviennent vides de sens.
au milieu de ces réflexions, j’entends, distinctement : je vais me tuer. j’en suis étonnée. c’est ma voix, oui.
je pense à la façon dont le tai chi m’a aidée à faire face. à lancer à mon tour des injonctions contraire : vis, vie.
à nouveau, j’entends : je vais me tuer. distinctement. à nouveau j’en suis surprise. ces trois mots ensemble, cette voix, la décision qui la possède. je pense à diverses choses.

je me lève pour écrire tout autre chose que ce que j’écris là, que j’écris parce que c’est rare que j’aie des souvenirs exacts des formules. d’habitude je sais qu’il y en a, qu’il y en a eu, mais tout de suite j’oublie les mots utilisés. qui me paraissent à chaque fois différents, qui me surprennent à tous les coups, et qui sont toujours les mêmes, interchangeables, possiblement indifférents. au départ, cruels.

que voulais-je écrire, rapidement.?

j’ai repensé hier à Emmanuel Carrère, à cette dernière relecture relatée ici. et la conviction, accompagnée même de dégoût, s’est renforcée que je ne connaîtrais pas de crise aussi grave que celle qu’il a connue.

j’ai eu depuis la révélation de Yoga, le temps de réfléchir à tout ça, de l’interroger, de l’assimiler. je suis ce que je suis depuis très longtemps. si je suis bipolaire, c’est depuis très longtemps. cela fait très longtemps que la calme envie de mourir me possède.

ma vie s’est passée sur une note plutôt basse (sombre, sourde et paradoxalement constante : constante dans l’inconstance, les hauts et les bas tant succédés qu’ils se sont finalement confondus) et plutôt sur le versant de la dépression. dépression qui s’est très vite contingentée, contenue entre les 4 murs du bureau d’1 analyste et par mes lectures sur la psychanalyse.

c’est là que j’ai installé mes défenses. je me suis construite comme cas. ma passion de la psychanalyse était grande. et m’a apporté suffisamment de douceurs, de bonheurs, jouissance, plaisirs, pour que j’en devienne ce que je suis devenue. une bipolaire tranquille. douceurs bonheurs jouissance, etc, toutes liées à la pensée, la pensée à ce que j’allais dire, à ce que j’avais dit. toutes liées à l’analyse (au décorticage, au détricotage, au retricotage), aux délices de l’analyse. c’est un terrain de circonscription. ça vous préserve de l’infini. ça vous fixe. (peut-être parfois trop fixement et s’aperçoit-on qu’on tourne en rond, chèvre autour de son piquet, mais, de nouveau, tourner en rond fait circonscription, le piquet fait arrêt, l’aire délimitée par la corde fait aire de jeux, de jouissance, fait lieu d’appartenance, fait habitat, fait tour de propriétaire. je ne suis pas sûre que ce que je dis parle en faveur de la psychanalyse, mais à tout le moins, cette parole qui trouve son point de butée, ça n’est pas la tachypsychie. )

la bipolarité a été inventée par big pharma. ils ont fait le médicament pour la maladie qu’ils ont alors faite inscrire dans le DSM. c’est dire que ca ratisse aussi large que possible. j’écris ceci, sans en être sûre, j’irai le vérifier dans le livre où je l’ai lu, je le rapporterai ici.

ce que j’ai lu sur la bipolarité décrit des symptômes. ce que j’ai lu, de psychanalyse, sur la psychose ordinaire, la maniaco-dépression, la mélancolie, décrit des structures, des arcanes, des mondes/modes de fonctionnement.

pour ce qui est des crises maniaques, elles aussi ont été plutôt soft. j’en sortais tout juste d’une. de ce qui rétrospectivement s’éclairait à être considérée telle. juste avant encore, il y eut ce grand amour. si je remonte plus haut dans ma vie, dans l’ensemble, dès que j’ai entrepris quelque chose, dès que j’ai été dans le sens d’un accomplissement, ça s’est pris dans le tapis de la manie. l’échec qui s’en est toujours suivi, m’a valu ces mois, ces années dans les tonalités de la dépression. petit à petit, à force de me cogner à l’angoisse qui n’a été que s’amplifiant, mes velléités d’accomplissement se sont réduites, je suis allée vers cette vie qui est la mienne aujourd’hui dans les limites, les marges étroites, du faire et du non-faire.

et puis, le diagnostic de bipolarité ou de maniaco-dépression, ou celui que j’ai préféré, que je me suis moi-même décerné, de mélancolique, me sauvait du sacro-saint désir lacanien. j’échappais à l’obligation de « débusquer mon désir », je n’avais plus à m’accuser de « lâcheté morale » ou d’avoir « cédé sur mon désir » selon la formule consacrée. non. ça n’était pas à ma portée, point. je ne suis toujours pas sûre de pouvoir parler comme ça, mais, il y avait depuis quelques temps déjà en moi, une forme de suspicion face à cette antienne du désir obligatoire, moi qui n’arrivait à tenir la rampe d’aucun.

j’ai longtemps été arrimée à la psychanalyse. après l’analyse principale, qui a duré 18 ans, il y a eu plusieurs crises, plusieurs reprises. plusieurs changements d’analyste. jusqu’à ce que je m’éloigne complètement de la psychanalyse et me tourne vers le tai chi. ce n’est que récemment, à cause du livre d’Emmanuel Carrère, que j’ai recommencé à lire de la psychanalyse. alors qu’entre-temps, j’avais d’ailleurs repris une analyse, à cause d’une rencontre amoureuse, le grand amour mentionné plus haut.

la logorrhée, ce trouble de la parole lié à l’excitation maniaque, s’est toujours chez moi contenue à la pensée, que j’essayais alors de canaliser par l’écriture. ma parole ne s’y est jamais prise, au contraire. ma parole est d’ailleurs de moins en moins perméable à ma pensée. dès qu’elle veut en passer le seuil, ma pensée, par ma bouche, le seuil de la parole, elle me brûle, me rend malade, m’asphyxie, me fige.

ça doit être la jouissance qui ne passe pas. de la pensée, la jouissance, c’est quand même un truc d’abord autiste, la jouissance. ça n’est pas fait pour être semé à tous vents. il y a de l’impartageable. par l’écrit, ça passe mieux, voire trop. comme un miroir grossissant. l’écrit grossit et dès lors contraint.

non, c’est de la pensée que je suis malade. même s’il m’apparaît à l’instant qu’elle aurait pu primitivement chercher à me guérir de ce qui m’a toujours, en fait, fondamentalement, absolument manqué : la parole justement. du coup, dès lors qu’elle cherche à prendre voix, c’est le vide qu’elle conçoit.

il ne lui manque que la parole.

je suis devenue malade de la pensée, ce que j’ai longtemps considéré sous les auspices de la névrose obsessionnelle. au moins, même s’il s’est agi d’une erreur de diagnostic, cette aire de folie, ce gouffre de jeux, trouvait à être nommé, délimité et sa jouissance pointée. (il s’est toujours agi de faire monde habitable de l’immonde, c’est-à-dire de ce qui n’appartient à aucun monde connu. et le diagnostic, la volonté de diagnostic, m’a permis de vivre dans les livres, a fait identification, plutôt que nulle part. quelle que soit d’ailleurs l’erreur, le réel au cœur de la psychanalyse est ce qui m’y a rivée. le réel, c’est-à-dire l’au-delà du bien et du mal. (qu’il s’agit de rejoindre, dont il s’agit de faire monde (parallèle) habitable. et sinon : avec lequel composer.)

Je connais également le symptôme opposé à la tachypsychie, la bradypsychie, un ralentissement qui va vers le vide.

mes lectures récentes de Millot m’encourage à tenter de m’y laisser aller, au moment où ça m’arrive. lorsque je suis perdue, plutôt que de chercher à boire ou fumer ou à m’écraser dans les réseaux sociaux, m’isoler, me coucher, observer, accepter. j’y ai été amenée hier, et c’était étrange.

le point important dans ces lectures, c’est la façon dans ces états mystiques, et qui sont les états qui interrogent Millot, pointent tendent vers un état de non-jugement, un état où il n’y a plus ni de bien ni de mal. et un état d’acceptation. il faut penser le bien ou le mal pour vouloir que les choses soient autres de ce qu’elles sont. comme le disait N, devenir identique à son destin. où je peux donc échapper à ma constante auto-surveillance, à ma constante dévaluation. dès lors que j’ai trouvé le moyen de m’éloigner de mes pensées par le tai chi, et le bonheur que j’y trouvais, j’ai retrouvé du prix à mes yeux.

oh, seigneur, comment cela sonne niais quand je le dis. je rechercherai l’un ou l’autre de ces textes.

time for a cup of coffee.

tachypsychie, bradypsychie, il y a moyen d’en tirer quelque chose. l’intérêt de ces concepts que je ne connaissais pas jusque là, c’est qu’ils délimitent autrement cela qui vous environne. vous donne le temps l’opportunité d’observer de nouvelles aires de la réalité, aires qui ne sont pas nouvelles mais qu’il est nouveau d’observer de cette façon là. dans cette réalité d’un trop de vitesse ou d’un trop de lenteur. d’un trop de vie, de violence, d’un effacement, d’ un vidage. ce qui manque à la tachypsychie, c’est le point d’arrêt, le point de sens (l’effet rétroactif du point de capiton). la psychanalyse contient une pensée au non-sens. cet horizon du non-sens qui fait la trame de chaque instant peut agir pour moi comme point d’arrêt. tachypsychie. lenteur et gouffre, étrangeté. embarras. vide qui souvent se dérobe (presqu’autant que le sol sous vos pas).


cauchemar ? un enfant, des parents. un enfant, un bébé, un père, une mère. Le père la mère poursuivis, terroristes. le père enfui. grâce, je crois à un policier ou une policière. la mère restée avec bébé. policière lui permet également de s’enfuir. risque son poste car on découvrira que c’est elle qui a facilité cette fuite. le bébé reste là (avec la policière qui a sacrifié sa carrière). les parents ont des pouvoirs de super-héros.

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