Showgirls, de Paul Verhoeven, en ce moment, au cinéma Grand Action

8 octobre 2016 | octobre 2016 | art | , |

Quelle est cette énergie dont elles font montre les filles, et dont rien ne répond. Dont elles font montre quand elles dansent, dont rien ne répond. Quelle est cette force, ce pouvoir, cette séduction.   Qu’est-ce qui les habite,  les porterait à l’amour, dont rien ne répond. Ou si mal. Cherchant à les  ramener vers quels en-deçà. Dont il faut qu’elles se préviennent alors, qu’elles se gardent.  L’insolence que ça leur donne en retour, l’ascendant sur tout, tous et toutes, ce qui les entoure. Dont rien ne répondra jamais et qui les sépare, les isole profondément. Cette force vive qui éclate alors sur les scènes de Showgirls

Vous savez, la séduction des jeunes filles,  qui les gonfle,  les porte, dont elle ne savent rien, dont elles connaissent le feu, la joie, l’énergie pure, est bien réelle. Et que ça doive se réfugier sur une scène, se couvrir de paillettes ou se défendre au couteau, c’est bien réel aussi. 

Il est quelque chose au monde, chez les jeunes filles, dont rien ne répond, sinon le mal, le mépris (mé-prix), l’agression, le viol. 

Ça n’est pour autant pas une calamité absolue, ni une fatalité. Une fatalité, que cette énergie soit promise à de si funestes destins. Pas une calamité, cette énergie qui m’habite encore, qu’il  m’est encore donné d’apprivoiser. Son feu  moins intense, ses couleurs moins chatoyantes. Comme le ronronnement d’un chat, me fonde. 

Et l’expérience nouvelle que j’en ai, délestée de la séduction, me confirme que si le monde aujourd’hui est organisé en spectacle, nous pouvons tous, encore,  il est temps, descendre de la scène,  danser. 

I mean, really. 

Re: langage, corps, inconscient

13 octobre 2016 | octobre 2016 | brouillonne de vie, correspondance, Non envoyé | , , |
Que nous vivons dans un monde qui vit dans un tel mépris, déni du corps. Et qui privilégie le monde du langage au point qu’il oublie qu’en s’y transportant, en s’y installant, il entraîne avec lui son corps, en passager clandestin. 
 
La raison de ce déni, c’est que le corps obéit à des lois du langage que le langage ignore. C’est que le corps réécrit les lois du langage. L’inconscient, c’est le fruit de la réécriture des lois du langage par le corps. 
 
Le plus souvent le langage se donne comme pouvant vivre totalement en dehors du corps. C’est notre  pratique du langage privilégie cet aspect, qui est en cause. Notre pratique du langage déserte le corps, à pris le pli de déserter le corps. 

discipline « Reply #1

26 octobre 2016 | octobre 2016 | brouillonne de vie | , |

Online eoik

« Reply #1 on: October 26, 2016, 02:31:14 pm »

j’ai parfois l’impression que si j’arrivais à être un peu plus disciplinée (je rêve de me concocter des horaires auxquels je me plierais tous les jours que dieu fait, des horaires du style de ceux du lycée (je ne suis jamais allée plus loin)), je serais beaucoup plus équilibrée.

et vous, avez-vous des états d’âme par rapport à la discipline. êtes-vous plutôt naturally borned disciplined ou la tenez-vous en horreur ?

(tout ça pour ça; pour rien)

27 octobre 2016 | octobre 2016 | brouillonne de vie | , , , , |
Donn. réveillée à 6h50. j’entends le bruit du chauffage,  je déteste le bruit du chauffage.  je déteste les manifestations de tout ce qui tourne pour rien, à vide. 
le chauffage qui chauffe la nuit, c’est pour rien, c’est comme ça. l’hiver, la nuit, c’est soi au fond du lit, tout autour le froid.
c’est une question d’éducation, aussi.
et si ça avait été de la part de mes parents une façon d’être radin. qu’est-ce qu’être radin? s’agit-il d’être près de ses sous, sont-ce les sous qui comptent, ce qu’ils comptabilisent? enfin, comment auraient-ils pu être près de leurs sous, ils n’en n’avaient pas. s’agissait-il alors de ne pas en avoir. de faire ce qu’il fallait pour n’avoir pas de sous. ne pas dépenser pour ne pas avoir à avoir (de sous) (préserver l’être). c’est, de toutes les façons, plus proche de ça. 
mais, c’est autre chose. autre chose que ça que je n’aime pas dans le pour rien du chauffage. 
je n’aime aucun pour rien
auquel je m’identifie, comme si ma vie. pour rien
« il ne faut pas que ce soit pour rien. »
ne pas dépenser pour rien. ne dépenser que pour l’utile. quand commence l’inutile, où? selon Lacan, c’est la jouissance qui se définit de l’inutile. pour rien, c’est l’inutile. 
je logeais au sous-sol de la maison des mes parents (le reste de la famille dormait sous les toits). je me souviens, je me réveillais la nuit et je voyais par le jour qui encadrait la porte qui se trouvait face à mon lit que la lumière était allumée dans le couloir, que je l’avais laissée allumée, que je ne l’avais pas éteinte, qu’elle brûlait pour rien. c’est une sorte de souvenir-écran. quelque chose qui est arrivé plusieurs fois. il arrivait que je me lève, dans le froid, que j’ouvre la porte, monte, tourne l’interrupteur en haut de la volée d’escaliers, redescende dans le noir les marches en bois, passe ensuite sur le carrelage, me glisse à nouveau ,frissonnante, dans mon lit. mais, le plus souvent, non, le plus souvent je ne me relevais pas. je me laissais emmailloter par une culpabilité triste et sourde. c’est quelque chose que je n’ai pas raconté en analyse. qui n’a pas trouvé sa place, son moment. c’est un souvenir qui cependant me poursuit. je ne me levais pas pour éteindre la lumière. aujourd’hui encore, cela me poursuit. je laissais l’électricité se consommer pour rien. 
moi-même, je me sens comme cette électricité qui brûle, qui se consomme pour rien. je me sens privilégier ce qu’il ne faut pas. l’inutile à l’utile. le pour rien à pour quelque chose. et pourtant je déteste ça. 
c’est quelque chose que je n’arrive pas à saisir. 
que ça ne compte pas. ce qu’il faut : que ça ne compte pas. 
car, il y a dans ce que je continuerai d’appeler la radinerie de mes parents, quoique j’aie pu en dire plus haut, une radinerie à l’envers, une radinerie pour n’avoir pas, une façon de comptabiliser, de vouloir comptabiliser la jouissance : et le compte , c’est toujours : trop. trop cher. donc, tenter de maîtriser la jouissance, le pour rien, l’inutile, en le comptabilisant, en vivant près de ses sous que l’on n’a pas. 
l’idée, c’est de ne pas dépenser, de ne pas consommer. 
c’est curieux , parce qu’elle a été au cœur, cette idée, de mes deux dernières colères : donc, tu ne veux pas que je dépense, tu ne veux pas que je coûte de l’argent, tu regrettes que je vive. car malheureusement vivre coûte. ai-je lancé. 
et : donc, je ne vaux pas cet argent, je ne vaux rien. 
que la surveillance par mes parents de leurs dépenses, de nos dépenses, de mes dépenses, je l’aie également vécue, étant donné que tout coûte, comme un reproche fait à ma vie. et alors que je me sente si coupable. de toutes ces dépenses pour rien
que pour rien, c’était pour vivre. qu’il y a dans le bruit du chauffage la nuit aussi le bruit de la vie. elle qui m’a réveillée ce matin, et l’insupportable de ce qu’elle se consomme, consume pour rien. et qu’il en aille d’elle, comme de moi. 
et comment je m’acharne à ce que vraiment, tout soit pour rien. (cet échec encore récemment , avec JC.) à désobéir à mes parents.  
à défendre mon être de rien. 
que je hais. 
si bien défendre rien, que rien devienne quelque chose, quelque chose, la seule qui compte. 
que mes parents d’ailleurs eux-mêmes défendaient : puisqu’il s’agissait de ne rien avoir, de n’avoir pas d’argent. d’être sans rien. d’être comme les oiseaux des cieux et que Dieu s’occupât d’eux. 
on n’y comprend plus rien . 

mes lettres cherchent elles aussi à comptabiliser le jouissance : par le conte. enfin, tout cela mérite d’être nuancé.

Re: discipline « Reply #10

28 octobre 2016 | octobre 2016 | brouillonne de vie | , |
« Reply #10 on: October 28, 2016, 11:51:59 pm »
 

je tape « discipline » dans google. je tombe sur « un ensemble de règles ». je suis très étonnée. je relis. « le mot discipline renvoie à un ensemble de règles. »

à la réflexion, je me demande à quoi je m’attendais.

étymologie, tout de même, « du latin disciplina, issu de discipulus, disciple, élève, lui-même dérivé de discere, apprendre. » plus proche déjà de ce que j’imaginais.

aussi, instrument : « Une discipline est un objet servant à se flageller. »

et dans les contraires de discipline, je trouve bien : désordre.

 
sinon : Georges Bataille : « Tout problème, en un certain sens, est un problème d’emploi du temps. »
 
puis, cette formule de Benjamin Constant : « Constant dans l’inconstance »,  reconnue mienne dès que je l’ai découverte…
 (l’inconstance s’oppose à la discipline et la constance va bien au-delà)

Re: discipline « Reply #16

30 octobre 2016 | octobre 2016 | brouillonne de vie | , , , , |
 
« Reply #16 on: October 30, 2016, 10:23:45 am »
 

merci beaucoup pour vos réponses. tous les deux au fond, mais Juliet aussi, vous vous en sortez avec des projets.  il vous faut quelque chose à accomplir à l’intérieur d’un délai.

s’agissant de l’écriture, c’est quand elle est hors projet, que tu as, dis-tu Élise, la tentation de la discipline. ah non,  je te relis : tu ne parlais pas de l’écriture, mais de « travailler pour faire ce que tu dois faire », sans autre précision. a priori donc, hors projet, hors délai (si ce n’est l’ultime. c’est alors que la discipline te manque.

toi, Guy, tu ne fais pas la distinction entre les tâches qui te tiendraient à cœur, la musique, par exemple, et des contraintes administratives. tel que tu l’as présenté, tu traites cela de la même façon : ce qui doit être fait, doit être fait (c’est sans état d’âme,  mais le plus vite possible néanmoins (pourquoi ?) ) j’aime beaucoup l’expression : je n’ai besoin que de savoir l’heure.

donc, dans une certaine mesure, le projet vous sert de discipline.

c’est certainement ce qui me manque. et pendant longtemps ce à quoi j’ai tenté d’échapper (rien au monde de plus angoissant qu’un délai à tenir, qu’un projet à accomplir). pour tromper cette angoisse,  je suis obligée à chercher à faire sans faire.

je m’aperçois aussi, à vous lire, qu’au bout du compte, ce que je fais ou veux faire est toujours lié à un soin que je prends de moi-même. bien sûr, j’en ai un peu honte.  j’écris, c’est pour m’aider. je fais du taï chi, c’est pour m’aider. même la cuisine, c’est encore pour m’aider. grande malade. je suis toujours dans une notion d’apprentissage et d’amélioration (d’amélioration non pas par rapport à un Bien quelconque, mais pour tenir le coup . je travaille sur moi

et j’ai renoncé à accomplir, achever, terminer.

quand j’écris, il me semble que je pourrais ne pas cesser d’écrire, idem quand je fais du taï chi, et tout le reste finalement.  enfin, c’est toujours le même problème qui ressort : je fais ce que je fais au moment où je le fais, en dehors de ça, je ne tiens à rien.

la discipline, les horaires, m’aideraient à passer d’une chose à l’autre sans l’inconfortable sensation de vertige que j’éprouve entre deux activités.

voilà. j’ai des activités (comme les enfants), pas de projets. sinon des projets à long, très long terme (puisque je ne supporte pas le terme).

la mort, m’est un peu égal, quand elle n’est pas souhaitable. vieillir par contre est très embêtant.

la question du temps apparaît donc centrale pour chacun d’entre nous.

(^_-)
 
« Last Edit: November 01, 2016, 07:36:55 pm by eoik »
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