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(tout a été très vite. incroyablement vite. et je suis nettement moins seule.)
le monde à distance d'une lettre
merci beaucoup pour vos réponses. tous les deux au fond, mais Juliet aussi, vous vous en sortez avec des projets. il vous faut quelque chose à accomplir à l’intérieur d’un délai.
s’agissant de l’écriture, c’est quand elle est hors projet, que tu as, dis-tu Élise, la tentation de la discipline. ah non, je te relis : tu ne parlais pas de l’écriture, mais de « travailler pour faire ce que tu dois faire », sans autre précision. a priori donc, hors projet, hors délai (si ce n’est l’ultime. c’est alors que la discipline te manque.
toi, Guy, tu ne fais pas la distinction entre les tâches qui te tiendraient à cœur, la musique, par exemple, et des contraintes administratives. tel que tu l’as présenté, tu traites cela de la même façon : ce qui doit être fait, doit être fait (c’est sans état d’âme, mais le plus vite possible néanmoins (pourquoi ?) ) j’aime beaucoup l’expression : je n’ai besoin que de savoir l’heure.
donc, dans une certaine mesure, le projet vous sert de discipline.
c’est certainement ce qui me manque. et pendant longtemps ce à quoi j’ai tenté d’échapper (rien au monde de plus angoissant qu’un délai à tenir, qu’un projet à accomplir). pour tromper cette angoisse, je suis obligée à chercher à faire sans faire.
je m’aperçois aussi, à vous lire, qu’au bout du compte, ce que je fais ou veux faire est toujours lié à un soin que je prends de moi-même. bien sûr, j’en ai un peu honte. j’écris, c’est pour m’aider. je fais du taï chi, c’est pour m’aider. même la cuisine, c’est encore pour m’aider. grande malade. je suis toujours dans une notion d’apprentissage et d’amélioration (d’amélioration non pas par rapport à un Bien quelconque, mais pour tenir le coup . je travaille sur moi…
et j’ai renoncé à accomplir, achever, terminer.
quand j’écris, il me semble que je pourrais ne pas cesser d’écrire, idem quand je fais du taï chi, et tout le reste finalement. enfin, c’est toujours le même problème qui ressort : je fais ce que je fais au moment où je le fais, en dehors de ça, je ne tiens à rien.
la discipline, les horaires, m’aideraient à passer d’une chose à l’autre sans l’inconfortable sensation de vertige que j’éprouve entre deux activités.
voilà. j’ai des activités (comme les enfants), pas de projets. sinon des projets à long, très long terme (puisque je ne supporte pas le terme).
la mort, m’est un peu égal, quand elle n’est pas souhaitable. vieillir par contre est très embêtant.
la question du temps apparaît donc centrale pour chacun d’entre nous.