( en forme de souvenir )

instantaneisme

c’est drôle, que nous soyons passés si vite d’une époque où nous voulions apprendre à  nous passer du projet, où nous nous initiions à  l’immédiateté, à  l’ici et maintenant / tout de suite / pas tout à  l’heure, à une époque toute immédiate. je me souviens de mes lectures, je n’oublierai jamais cette découverte, de cioran et de bataille – je déménageais, en bus, les livres, de poche, dans mes poches, je quittais le domicile de mes parents, c’était l’été, j’avais 19 ans. je devenais seule.  ce qu’ils ouvraient pour moi, ces auteurs. ce qu’ils ouvraient et que pourtant tout de suite immédiatement je vivais j’ai vécu, sans que je ne me le formule évidemment, comme une nouvelle forme d’aliénation, d’obligation, non dénuée d’angoisse, non non-ressentie avec un sentiment d’impuissance. mise à  pied de jouir. la vérité de ce que je découvrais alors, je la ressens encore. encore, tandis que je me bats pour retrouver le désir le délai le retard – le rendez-vous -, sortir de la présence, de la fantomatique présence.

(tout a été très vite. incroyablement vite. et je suis nettement moins seule.)

( pour en re-venir à  l’histoire)

ils pensaient avoir le projet de sortir du projet, en fait c’était le monde
qui en sortait.
le monde sortait du projet.

duchamp parlait des readymades en terme de rendez-vous, de retard aussi. parlant de l’art, il disait c’est un choix. ça aurait été une forme de prescience, de ce qui se perdait; dont il aurait voué/espéré/destiné l’art à  la garde.

Marcel Duchamp (28 Jul 1887 - 2 Oct 1968) Sorte de sous-titre / Retard en Verre (Note autographe pour "Le Grand verre") 1912
Marcel Duchamp (28 Jul 1887 – 2 Oct 1968)
Sorte de sous-titre / Retard en Verre (Note autographe pour « Le Grand verre »)
1912

Employer « retard » au lieu de tableau ou de peinture; tableau en verre devient retard en verre – mais retard en verre ne veut pas dire tableau sur verre –
C’est simplement un moyen d’arriver à ne plus considérer que la chose en question un tableau – en faire un retard dans tout le général possible, pas tant dans les différents sens dans lesquels retard peut être pris mais plutôt dans leur réunion indécise / « Retard » –  un retard en verre comme on dirait un poème en prose ou un crachoir en argent.

Marcel Duchamp (28 Jul 1887 - 2 Oct 1968) Préciser les Readymades (Note autographe pour "Le Grand verre") 1912
Marcel Duchamp (28 Jul 1887 – 2 Oct 1968)
Préciser les Readymades (Note autographe pour « Le Grand verre »)
1912

Préciser les « Readymades » en projetant pour un moment à venir (tel jour, telle date, telle minute), «d’inscrire un readymade ». Le readymade pourra ensuite être cherché (avec tous délais). L’important alors est donc cet horlogisme, cet instantané, comme un discours prononcé à l’occasion de n’importe quoi mais à telle heure. C’est une sorte de rendez-vous. Inscrire naturellement cette date, heure, minute, sur le readymade comme renseignements. Aussi le côté exemplaire du ready-made.

je t’oppose mon retard alors viens

01:16

Quant à moi, je prendrais bien un peu de retard.

C’est volontiers que je reprendrais de ce délicieux retard.

Vous, enfin, mon bon retard.

La joie qui est la mienne de pouvoir vous annoncer ce retard.

Chronique d’un retard annoncé.

Je me balaie

Tu te balaies

Il se balaie

Nous nous balayons

Longtemps, je me suis balayée de bonne heure!

En retard, à la bonne heure !

Le loup et le retard.

Sur son arbre perché, un retard.

Je suis Jean sans terre. et toi, qui es-tu?

Je suis Jean Sampeur.

Je suis sûre que Jules a cherché à vomir.

La faute, le phallus. Je vous renvoie à ce texte de Sterck-Devos sur l’erreur d’interprétation. Sa conclusion fut qu’il n’y avait pas d’erreur possible. Contre quoi je me révoltai.

Ce retard embrasé,
ce paysage aussi.

Au bout de ses ongles, géographies rouges désuettes

Je l’aime au-delà de tout. Je peux bien le dire, il est mort.

Retard. Retard et séparation. Retard est séparation.

Lapoisse, c’est pas donné comme nom. Ne se balaie pas qui peut.

Les amant zen retard.

Les amants ZAN ont le mérite d’exister.

J’arrive en retard à la nouvelle école.

Le retard est la politesse de l’art.

Il faut décoller, faut-il pas?

Ecrit dans le noir

Raisons

Ensuite, plus ou moins arbitrairement, s’arrêter.

J’ai tellement besoin d’eux.

MATIN

danseur acteur trapéziste fildefiériste analyste.

1er septembre
1er septembre
1er septembre

IL PLeut
et Jules n’a pas 37°2

d’écoler.

oups,

Lapsus réjouissant,

L’artisan du retard
pour
L’artisan du regard

 

J’avais reçu un coup de fil de L’artisan du regard pour m’annoncer que mes lunettes étaient prêtes. le regard, le regard, c’est bien lui la cause de mon infini retard. (cette vie que je lui ai sacrifiée, à mon image.

relectures

19.XI.16

7h30

Réveillée, levée, bu grand verre d’eau tiède, ne sais pas bien quoi faire, assise au salon dans le noir, ne peut pas faire de bruit, tout le monde dort. 

Hier, et ça m’a pris la journée, retournée sur le blog. Avais plus allumé l’ordi depuis longtemps. Y ai relu des textes sur le retard.  Sur Duchamp et le retard.
 
( Dans la foulée, trouvé un beau texte sur l’internet à propos du retard et des deux Marcel, Proust et Duchamp. Il y est également question de Socrate.)
 

De fil en aiguille, dans mes pérégrinations, tombée sur de vieux rêves de mai 2006  que j’ai tenté de retravailler, tant leurs analyses sont  mal foutues. Leur analyse et leur présentation. Je sais qu’à l’époque je n’aurais pas pu faire mieux. Je ne pense d’ailleurs pas pourvoir faire beaucoup mieux aujourd’hui. Il me semble toujours, il finit toujours pas me sembler que je n’arrive pas à saisir de conclusion. J’analyse, je développe. A chaque fois, il me semble qu’un « donc » se dessine, se profile qui reste fantomatique, insaisissable, décourageant. Là, je ne sais pas si je dois tenter de les reprendre à nouveau, ou laisser tomber.

Je cherche une voie à mon assiduité. Je n’en n’ai plus aucune, pas la moindre. Pour ça que je rêve de discipline.

« D’autre part, si vous être trop spacieux sans focalisation suffisante, vous n’êtes pas centré et vous pouvez facilement vous évader et faire du tort à vous-même et aux autres. Être spacieux sans focalisation crée un esprit qui saute continuellement d’une chose à l’autre – une forme de déficit d’attention – et ne ralentit pas suffisamment pour observer réellement ce qui se passe et comment accomplir ce qui doit vraiment être fait. »

Hier, j’ai finalement rouvert dans Word, un autre texte, plus récent, que je ne suis pas encore arrivée à finir.   Un texte en réaction à un propos d’Élise sur Stromboli, à propos du travail et de la pente, ce que j’appelle là  » la pente », reprenant un terme à lui dans son bouquin

Possiblement, je n’ose plus atteler ma pensée à quoi que ce soit. Peur de ses emballements aussi bien que de ses blocages. Je me vide.

S’agissant de ma mémoire. C’est parce que je la perds que j’ai arrêté les antidépresseurs, mais je n’ai plus du tout confiance en elle. Dès qu’il y a quelque chose qu’il faudrait retenir, je panique, je cherche de quoi noter. Dans ce que je relisais hier sur le blog, j’ai trouvé des traces déjà de ces perturbations. En plusieurs endroits, je cherche le nom de quelqu’un, qui ne me revient d’abord pas, puis qui finit par me revenir. De ces hésitations, de ces trous, j’ai toujours voulu laisser la trace. Je n’aurais pas pu renoncer à cela, renoncer à faire état de mon « manque à savoir ».  J’aurais trouvé cela malhonnête et surtout, il m’aurait semblé y perdre quelque chose, y perdre ce qui m’importe : parler depuis l’absence de maîtrise, faire état des trous, des manques, et que ça parle depuis là.  L’oubli cependant m’inquiète.  J’ai tenté de le traiter en symptôme.  Au départ, il ne s’agissait que de celui des noms propres (que j’ai beaucoup analysé, m’appuyant du texte de Freud sur l’oubli des noms propres). Mais il s’est ensuite étendu bien au-delà.  Et je ne cesse de rebuter sur cette perte des mots, sans que je sache quand ça a commencé ;  si ça a commencé un jour, oui, il me semble, que ça n’a pas été comme ça de toute éternité. Il s’agit bien d’une perte.  Qu’on attribuera pour partie à l’âge ( ou à une tu-meurs au cerveau) mais que j’impute également à un manque d’exercice, à force de solitude. Ça a toujours fait partie des raisons pour lesquelles j’ai voulu écrire, continuer d’écrire dans le blog : m’exercer, continuer de m’exercer au maniement du langage. Quand j’y renonce, c’est que cela me paraît vain. Et que je m’effraie de cette aspiration par le désir d’écrire, qui tourne à l’obsession, que je considère malade.  Et que je veux retourner, aller plus loin encore,  dans l’oubli du langage.  D’où mes longs silences, et sur le blog.  Mon intérêt pour le zen, le taï chi, la méditation. 

// Et puis, c’est toujours quand je suis sur le point d’écrire quelque chose que j’arrête. D’écrire quelque chose d’autre, et que je n’y arrive pas. Que j’arrête. Jusqu’à l’oubli. Pour le redécouvrir, alors, plus tard, neuf et légèrement modifié. //

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