dimanche 5 mars 2006 · 14h05

voir / être vu . lire / être lu . voir / se faire voir . lire / se faire lire
— Un nouveau sujet

Souvenirs du Séminaire XI de Jacques Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse – Questions sur la pulsion, son éthique.

De ce séminaire, XI, lu il y a probablement 10 ans, je me souviens d’une phrase qui ressemble à ceci : Il est nouveau qu’un sujet soit là. Après que la pulsion ait fait son tour, son tour de l’objet, advient un nouveau sujet.

Sur base donc de mes seuls souvenirs, je me demande : de quel sujet s’agit-il? Quel est donc ce sujet que la pulsion, son mouvement d’aller et retour, d’entour, autour de l’objet – que Freud observe à partir de voir/se faire voir – non, cette formule-là est de Lacan : voir/être vu, telle est la formulation de Freud. Le se faire voir est de Lacan. Met le doigt sur le travail dont la pulsion prend la charge. La passivité de l’être vu de Freud prise en charge par un sujet qu’il est nouveau de voir apparaître.

entour objet pulsion de voir

Que le voir l’Autre implique d’alors avoir à être vu en retour de lui. Et que dans ce mouvement de retour, le tour se fait de l’objet – en l’occurrence, dans la pulsion scopique, de l’objet regard.

Mon idée donc, mon idée autrefois, lorsque je lisais ce Séminaire, XI, c’était que l’éthique de la pulsion s’attachait, tenait à ce second temps, ce mouvement de retour de la pulsion, depuis l’Autre vers le sujet, terminant de circonscrire l’objet.

(On aura toujours tendance à chercher l’éthique, ou plutôt j’aurai toujours tendance à chercher l’éthique, du côté du devoir, ici, « devoir se faire voir en retour ». Mais enfin bon, on n’en jamais loin, de là : chercher à savoir ce qu’il faut faire. On verra si de cette contrainte du devoir on peut se passer pour définir une éthique. Or ça, d’ores et déjà, on observera qu’il n’y a pas de décision prise dans la pulsion, elle ne doit pas, elle veut. En quoi, elle sera éventuellement empêchée. Ou forcée à des détours. C’est moi, qui crois de mon devoir de la rendre au parcours sans détour de sa supposée-initial volonté.)

Et ce, dans la mesure même ou c’est ce second mouvement que me paraissait difficile – et que l’éthique devait forcément tenir à ce qui me semblait hors de portée :

Oui :
Je voyais
Mais je supportais assez mal d’être vue en retour.
Oui : je lisais
Mais je supportais mal d’être lue en retour
Oui : j’entendais
Mais je supportais mal d’être entendue en retour

(Évidemment cette observation, je trouvais plus difficile à la faire appliquer au chier/se faire chier que donne également en exemple Lacan quand il parle du « se faire » de la pulsion. )

voir // être vu / se faire voir
lire // être lu / se faire lire
parler // être parlé / se faire parler
écrire // être écrit / se faire écrire

et l’on pourrait parler avec le « se faire » de la pulsion, de son mouvement naturel. ce qui permettrait d’en finir avec le devoir (et ses listes à rallonges).

lundi 5 novembre 2012 · 09h48

Ma mère veut se suicider

Lundi 5 novembre 2012

Bruxelles.

Rêvé que mère voulait se suicider.

Père rentrait à la maison, tard le soir, allait se coucher.  Mère vient alors me voir, voulait me donner moitié d’une certaine somme d’argent très importante qu’elle avait été retirer à la banque,  une fortune.  Je ne comprenais pas qu’elle me donne cet argent que je refuse, dont j’aurais pourtant bien eu besoin.  J’insiste pour savoir ce qui se passe, elle me dit les larmes aux yeux qu’elle voulait le faire avant que Jean-François ne revienne, qu’elle voulait se tuer.

Filiation maternelle

Avant ça, m’avait été apporté article d’une femme, d’aspect très bizarre, dont il y avait des photos à la fin de l’article, qui racontait comment la psychanalyse ou la lecture d’un article d’Éric Laurent avait changé sa vie.  Et comment elle allait dorénavant publier avec le nom de sa mère, psychanalyste, sans chercher à camoufler cette filiation.

Ma mère devient une amie, qui veut se suicider. Ce n’est donc plus à ma mère que je parle, mais à cette amie. Je lui dis : « Es-tu prête à…  faire un très gros travail, une très grosse dépense »… Je lui parle de la psychanalyse.  Je lui parle de mon expérience de la psychanalyse.  Je suis justement à ce moment là très sceptique sur la psychanalyse.  Dans un lettre, je viens d’ailleurs de parler de mes doutes à Miller.  Mais en même temps, j’hésite à lui proposer de la prendre moi, elle, en analyse.  Elle est interloquée.

Or je partais justement voir Miller.  Rue « d’Arras ».   Pour lui déposer une lettre.

Arrivées là, au pied d’une porte, une jeune fille voit un sac portant le nom de Miller qu’elle prend en main pour y trouver le numéro de sa rue.  Miller arrive justement les bras plein de livres.  Je lui dis qu’elle ne voulait pas voler le sac, mais trouver son numéro de rue, à cause de la lettre que je venais lui porter.  Il remplit le sac de livres et emporte beaucoup d’autres affaires (lampes, objets).  Il a l’air d’avoir des ennuis. Comme s’il s’en allait, quittait, cet endroit. Je l’aide à porter. Il me sourit.

N’arrive pas à lui parler pour lui dire: « Veux vous voir ne fût-ce qu’une seule fois pour discuter du suicide que veut faire cette jeune femme.« 

Le conduis à arrêt bus ou de tram, qu’il prend.  Là, finis par arriver à  obtenir un rendez-vous,  » lundi à 14h ». Le premier de sa journée vois-je dans son agenda.

Reviens vers la jeune fille,  lui dis.  Elle s’est commandé à manger maintenant.

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