vendredi 21 août 2009 · 09h51

dans l’embrasure

vendredi 21 août 2009 – matin, heure digitale : 9:51.

Cette nuit, rêve encore des Dames de Marie – cours de Chimie/Bio avec prof. contre laquelle NOUS NOUS révoltons.
Entre 2 cours, nous nous réunissons, nous plaignons. sommes dans l’encoignure (( encoignure

n.f. encoignure [ɑkɔɲyr] (de coin)

Angle intérieur formé par deux murs qui se rencontrent: Placer un meuble dans une encoignure (coin).Remarque Dans ce mot, -coi- se prononce [kɔ], comme dans cogner.
On peut aussi prononcer [ɑkwaɲyr] où -coi- se prononce normalement.)) l’embrasement ((embrasementn.m. embrasement LITT.1. Action d’embraser; grand incendie: L’embrasement d’une forêt. 2. Grande clarté rougeoyante: L’embrasement du ciel au soleil couchant. 3. Agitation qui conduit à de violents troubles sociaux: Cette loi a engendré de nombreux embrasements dans le pays (effervescence).

)) l’embrasure (( embrasuren.f.embrasure Ouverture pratiquée dans un mur pour recevoir une porte ou une fenêtre: Le chat se tient dans l’embrasure de la fenêtre (encadrement).

)) d’une porte (sortie).

moi + les filles contre prof
révolte

Je dis :  » Et tu te rends compte, ce livre, d’Annie Ernaux, qui se passe pendant ses études secondaires, j’en ai lu seulement quelques lignes : insupportable ! insupportable! cette angoisse des examens ! n’ai pas pu continuer. »

angoisse, insupportable de l’école (racontée dans un livre)

Finalement, nous retournons en classe, c’est la fin de l’année, les examens sont finis mais nous avons encore cours (et je me demande pourquoi).
Nous attendons l’annonce des résultats.
C’est la dernière année. 6ème. Après, fini les Dames de Marie.

angoisse, insupportable c’est fini mais ça continue.
angoisse des résultats.
c’est la dernière année, l’année que j’aurai redoublée pour n’avoir pas voulu passer certains examens.

Il y a Nathalie F.

Nathalie n’était déjà plus aux Dames de Marie. Nous avions fait de la danse ensemble. Plus tard, elle a été danseuse chez Béjart.

Elle est très triste, amoureuse. Je crois que je suis moi amoureuse d’elle. Je suis près d’elle, c’est agréable, elle est triste, je triste aussi. Elle s’approche de l’homme dont elle est amoureuse, il est avec deux autres hommes. Elle lui saute dessus, il est furieux, il s’en va.

je l’aime, elle une femme, elle aime, elle, un homme, qui lui en éprouve de la fureur contre elle

Mais l’un de ses amis revient et prend emporte deux books de Nathalie (books de présentation de travaux graphiques. Nathalie pas graphiste : Mireille, l’était.) Nathalie reviendra ensuite, radieuse, parce qu’elle a trouvé du travail grâce aux books. L’homme est maintenant amoureux d’elle et moi je suis très très triste.

si BOOK/livre/présentation –> alors travail –> alors amour possible
amour d’un homme dont je suis en fait moi amoureuse

Entre-temps, comme voulons retourner au cours, sommes arrêtées dans la cour, parce que très en retard. On nous dit : « C’est pas possible ! On va toutes vous faire redoubler!  » PANIQUE   REDOUBLER
il y a un bus qui est cassé. il faut le faire remplacer. nous disons qu’on ne peut pas nous demander ça maintenant, sinon on va se faire encore plus remarquer (comme étant celles qui cassent le matériel même si de ce crime nous sommes innocentes), et sommes encore plus sûres d’avoir à redoubler.   BUS CASSE
Finalement, pouvons retourner en classe. Mais la prof avec qui nous avions eu des problèmes (et qui en fait un prof qui ME détestait) est partie. Elle en a eu assez. Elle est remplacée par un petit homme.   femme (qui me détestait) remplacée par un homme (insignifiant).

( un homme vient à la place d’une femme)

(et c’est ici que dans le rêve ça passe de NOUS à JE)

Je ne trouve pas de place pour m’asseoir. Je n’arrive pas à prendre de notes. Je me demande à qui je vais pouvoir emprunter des notes ( beaucoup par le passé rêvé de ça, il est vrai que j’avais en réalité beaucoup à le faire, compléter mes notes: je n’allais jamais au cours. les filles au fond n’étaient pas très sympa avec ça. ça devait les énerver que je n’aille pas au cours et que je cherche à ne ne pas en payer les conséquences. d’habitude, je demandais à nathalie, mais je n’étais jamais sûre d’en avoir de complètes. je veux dire que nathalie non plus, ma meilleure amie, ne se montrait pas très « volontaire ». et je n’osais pas trop insister.
le schéma était toujours le même:  » dis, tu me prêterais tes notes? tu peux me les apporter ? – oui oui bien sûr ». et puis, les notes ne venaient jamais. )
  pas de place parmi les filles, plus de place, à cause de mes absences ; pas de place, pas de notes.
demande de notes qui n’aboutit pas. comme le début d’une parano
sentiment d’exclusion.
filles et moi nous séparons.
J’essaie de suivre le cours sans prendre note. Debout.
C’est là que je trouve une place auprès de Nathalie. Il y a toutes ces inquiétudes à propos du redoublement. Une fille revient en disant qu’elle a trouvé une place. Je ne sais pas exactement de quoi. C’est lié à l’école et à l’école de Régentes. (ma mère, « régente »). Je me dis mais enfin, nous ne sommes « qu’assistantes-psycho » (!!!)
  L’autre trouve du travail. Régente ! comme ma mère = ma mère a du travail
avoir du travail = avoir une place

moi exclue du travail

les filles sont un peu jalouses. une sœur (là, c’est de la vraie romantisation de la part du rêve, parce que des sœurs, aux Dames de Marie, des nonnes, il n’y en avait plus, ou plus qu’une, qui d’ailleurs n’enseignait pas. circulait vieille sans rien faire dans l’école, souriante.) elle lui dit qu’elle a gagné, réussi son année, qu’elle aura donc le travail. Il s’agit de nouveau peut-être de cette Anne-Marie ou Annamaria, celle qui me proposait de se marier avec moi dans le rêve les filles l’école lacan.   que dire de cette anne-marie annamaria, c’est une fille très très loin de moi, dont je ne suis pas l’amie. pour qui j’éprouve du respect, sans plus. qui est très « moyenne », sans éclat, sans rien qui ne dépasse, extrêmement sage, en apparence. qui fait tout ce qu’il faut faire. et à qui finalement, les choses réussissent, même si ce n’est pas de façon brillante. elle est gentille.
Puis, il y a l’histoire de Nathalie et de ce type dont elle est amoureuse.    
Le rêve finit donc assez tristement pour moi. Je suis seule.   JE SUIS SEULE ( barrée des autres filles,
du travail,
d’une place,
de l’amour.)
Et je ne sais pas si je vais redoubler à cause de ce prof qui me déteste, dont je raconte même qu’elle m’a exclue du cours ( et d’ailleurs, c’est même pas sûr qu’elle ne m’ait pas, viré du cours. non, ce n’est pas elle, c’est cette autre prof, qui elle m’aimait. qui m’a exclue de son cours. ha ha. le prof. qui ressemblait à marguerite duras, quand j’y pense.)   prof qui ne m’aime pas = prof qui m’aime
prof = celle qui sait
prof m’exclut
celle qui m’aime/me déteste.
prof femme remplacée ensuite par prof homme, insignifiant.
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Est-ce que tous ces rêves c’est là pour indiquer que le plus dur du mois d’août, c’est ça: septembre qui vient. La rentrée?

les examens de passage. en septembre. celui que je n’ai pas voulu passer sous prétexte que je ne connaissais pas tout.

celui de math où je disais à la prof qu’il ne fallait pas me faire passer, parce que si j’avais tiré au sort l’autre question, je n’aurais pas su répondre, parce que cette démonstration-là je ne savais pas la faire, ou si je la savais, très bien, je n’aurais pas voulu la faire, parce que je ne la comprenais pas.

  j’aurais voulu tout (savoir) or pas-tout –> donc, pas digne de passer examens, de réussir

vous savez, les gens disent : « perfectionniste ».

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Annick vient tout à l’heure, pour le week-end. Je veux auparavant acheter un, des cadeaux pour F, son anniversaire dimanche. J’ai l’impression que je n’aurai pas le temps de travailler, ennuyant.

L’école des Dames de Marie de la Chaussée de Haecht à Schaerbeek (Bruxelles)

vendredi 17 septembre 2021 · 11h07

jeudi 16 sept. – rêve :: 2 + 1 chiens

…rêve du jeudi 16

j’ai deux chiens identiques, je les reçois. deux jeunes chiens noirs et maigres, au poil ras. ils courent dans tous les sens.
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j’ai un grand chien, plutôt grand et blanc, au poil long. je le promène, je fais des activités avec lui.
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à un moment, des laisses sont mises.
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je me souviens avec effroi des jeunes chiens noirs, oubliés, disparus. ils doivent être attachés quelque part. je les retrouve, debout, immobiles, côte à côte dans un  carton que j’ouvre, ils sont liés, j’ôte leur laisse, leurs liens, qui sont des sortes de bandages sur les yeux,  fermés, que je détache. ils gardent les yeux fermés, collés. c’est affreux en fait, ils sont dans un sale état. je suis très triste.
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le gros chien blanc est toujours là. ils sont trois chiens. je crois que j’ai le sentiment que je ne dois plus l’oublier.

associations…

quel chien?

#dependance
Il y avait eu la veille du rêve une pensée aux chiens et aux chats, à ce qui les sépare. J’avais pensé à cette sorte de malchance des chiens, à leur ultra-dépendance aux humains. J’avoue me trouver moi-même extrêmement dépendante….

#masochisme (et place vide du sujet)
Avant ça, peut-être y a-t-il eu cet extrait du livre d’Eric Laurent, L’envers de la biopolitique1, publié ici le 7 septembre, où il est question du fantasme du masochisme d’être traité comme une chose qui « à la limite, se marchande, se vend, se maltraite, est annulé dans toute espèce ce possibilité votive (au sens de vœu) de se saisir comme autonome. Il est traité comme un chien, dirons-nous, et non pas pas n’importe quel chien – un chien qu’on maltraite, et, précisément, comme un chien déjà maltraité.2 » Dans le Séminaire VI, ajoute Eric Laurent, Lacan élabore « le masochisme en tant qu’il est articulé à la place vide du sujet qui, réduit à un chien maltraité n’ayant rien à dire sur son sort, n’ayant plus droit à la parole – c’est la donnée essentielle – est voué à disparaître.« 

« La mélancolie, sacrifice suicide, s’identifie à cette mort du sujet qui se nomme dans le même temps où il s’éternise. »

Eric Laurent, Ornicar? 47, « Mélancolie, douleur d’exister, lâcheté morale », p. 10.

le lien a-a’ de la relation imaginaire

Le lendemain du rêve, ce matin me réveillant, m’est venue cette idée pour une interprétation en 3 points:

  1. Etre partie de a – a’, l’identification imaginaire au double, au petit autre.
  2. Avoir rencontré le chien blanc, le grand chien blanc. Celui aussi du semblant. Je pense à Lacan.
  3. Et puis… me souvenir qu’ils sont là, qu’ils sont là aussi, les petits autres de l’identification, toujours.

Je ne vois pas trop bien ce qu’il y a de satisfaisant dans cette interprétation, mais je l’ai tout de suite trouvée grosse d’une signification que je n’aperçois pas encore.

A propos du lien a-a’, de la relation imaginaire au petit autre, je commencerai par évoquer une sorte de souvenir-écran où je me vois debout dans un bus, ou un tram, me tenant du bras droit à une barre en hauteur, très près de la fenêtre, soudainement rappelée à une phrase de Lacan dans le séminaire que je lis alors, l’un des premiers, le premier peut-être, où il élaborait le schéma L et où, citant une jeune femme qui le lui avait commenté, il répliquait, en substance, « la pauvre, elle ne sait pas encore… que sa vie ne fera jamais rien d’autre qu’osciller entre a et a' ». Cela m’aura marquée. Est-ce que c’est à cause de cette remarque que j’ai toujours eu l’impression de quelque chose d’obscur quand il était question de cette relation imaginaire, a-a’, au petit autre?

Concernant cette relation, dont j’ai récemment entrepris la traque après l’avoir copieusement ignorée, j’ai récemment été frappée par une lecture sur l’immixtion des sujets dans la psychose par L. Fainsilber, que j’avais d’ailleurs également republiée ici.

Tandis qu’après avoir fait ce rêve, je relisais hier l’article de Jean-Claude Encalado sur la mélancolie d’Althusser. J’y ai trouvé des choses très simples, très clairement articulées sur l’identification imaginaire dans la psychose qui m’ont frappée et qui certainement auront entraîné cette interprétation du rêve.

Jean-Claude Encalado décrit la relation imaginaire d’Althusser à son grand-père, à son ami Paul, à d’autres encore, des professeurs, et finalement à Hélène Rytmann. Il en parle comme de la relation qui vient suppléer au défaut phallique :

Avec le grand père : « Et pendant toutes ces activités qu’il accomplit avec son grand père, il se sent là dans un corps d’homme.« 
Avec l’ami Paul : « Il trouve en Paul un appui imaginaire : « Il a ce que je n’ai pas : le courage. » Il est costaud, il est courageux, et dans leur détresse, dans leur solitude, ils vont trouver refuge dans leur association.« 
Avec Monsieur Richard : « professeur de français, un pur esprit, un être détaché de la chair. « Je m’identifiai complètement à lui (tout y prêtait), j’imitai aussitôt son écriture, […] adoptai ses goûts, ses jugements, imitai même sa voix et ses inflexions tendres. […] Manière de régler mon rapport à un père absent en me donnant un père imaginaire. » Comme il le dit clairement, à la forclusion paternelle, répond une figure imaginaire : un professeur de lettres. »
Ce qui se passera avec Hélène Rytman est plus subtil. Elle deviendra sa femme. Il ira d’abord vers elle tout à l’élan de la sauver – elle est dans un état lamentable -, puis il passera par un moment d’angoisse extrême provoqué par leur premier rapport sexuel, qui le conduit en hôpital psychiatrique, à Sainte Anne, où il est soigné pour démence précoce et dont il n’est pas sûr de pouvoir jamais sortir. Hélène le sauvera, parvenant à introduire un autre médecin à l’hôpital qui infirme le diagnostic, qui parle parle de mélancolie grave plutôt que de démence, il pourra sortir de l’hôpital, non sans être passé par les électrochocs. L’hospitalisation aura duré plusieurs mois. Au sortir de là, il va vers la femme qui l’a sauvée, la femme au courage et à l’intelligence d’exception, qui dit-il, fait de lui un homme. Il peut la sauver (comme il faut qu’il sauve sa mère), mais elle aussi, le sauve. Quelques années plus tard, il la tuera… dans un moment d’égarement.

Je ne suis pas sûre que cela éclaire vraiment ce qu’il en est dans ce rêve. Pour moi, ces deux petits chiens noirs, bâtards, m’évoquent cette relation imaginaire.

Une autre chose m’avait frappée : ils sont l’un et l’autre atteints de maniaco-dépression, et c’est comme s’il s’agissait d’une tout autre maladie. Ce qu’Althusser décrit des terribles difficultés d’Hélène est certainement plus proche de ce que je connais que de ses épisodes hypomaniaques à lui.

Althusser, L'avenir dure longtemps suivi de les faits
…la terreur fantasmatique d’Hélène de n’être qu’une mauvaise mère, une mère affreuse, une mégère à faire du mal et mal, et avant tout à qui l’aimait ou voulait l’aimer. A la volonté impuissante d’aimer, ne répondait alors que le refus (désir) farouche, obstiné et violent de ne pas être aimée parce qu’elle ne le méritait pas, parce qu’au font elle n’était qu’un affreux petit animal plein de griffes et de sang, d’épines de fureur.

le chien blanc

Pour ce qui est du chien blanc, ce chien unique, qui a toutes les qualités inverses de celles des deux chiens : il est Un, il est blanc, il est grand, il a le poil long (un peu chien de berger, quand les deux autres sont de très jolis petits bâtards noirs)…. Pourquoi me fait-il penser à Lacan ? Je parlais hier de ce que ça avait été pour moi, d’avoir pu croire en Lacan. Pendant des années, je me suis suis bâtie sur sa lecture, je me suis formée à son enseignement, il m’a apporté des choses que je n’ai trouvées nulle part ailleurs. Il est véritablement le seul qui ait donné du sens à ce qui jusque là n’en avait aucun, et qui m’ait apporté l’envie de savoir, de découvrir. Le goût de Lacan pour le réel, les instruments qu’il offre pour l’aborder… C’est un virus dont on ne veut pas être guéri… Tout dans son enseignement est ouvert au plus mystérieux, au plus étrange, au plus extime… Si j’ai appris à m’aimer, si je ne suis pas confondue de haine pour moi-même comme ce que je lisais sous la plume d’Althusser parlant de sa femme, c’est par lui, c’est grâce à lui… Même m’étant durant toutes ces années, plus de vingt, trompée quant à mon diagnostic: ce qui ne trompe pas c’est la jouissance, la jouissance dans son acception lacanienne, c’est d’elle j’apprenais quelque chose.

Cet amour Un pour Lacan, sans faille, dont j’ai cru qu’il finirait par m’apporter métier et communauté, ce qui n’a nullement été le cas, que je deviendrais analyste, que je travaillerais au sein de l’Ecole de la Cause freudienne, cet amour a fait de moi une névrosée modèle pendant des années. C’est le discours même de Lacan, son goût du réel, qui a suppléé au dit défaut phallique. La démarche analytique conduit à toujours chercher à traquer le réel, en développe le goût, la volonté. Et ce goût, ce respect même je dirais du réel, respect je crois natif chez moi, amplifié certainement par la jouissance intellectuelle qu’il y a à le traquer, à le débusquer, à toujours vouloir aller vers ce qui vous dépasse, ce dont on se sent à la fois le plus séparé et le plus proche, permet au moins de pointer certaines subtilités de la vie, dont in fine aucune loi déjà écrite ne répond. C’est un défi.

[ ici parler du rêve du N, du sang N, et du semblant + lien]

Il n’y a pas de relation entre l’amour de moi-même et la haine de moi-même. Ce n’est que récemment, avec le diagnostic, que j’ai pu commencer à composer avec quelque chose que je pourrais appeler haine, haine de soi. Que je ressens parfois comme une force venant du dedans, venant de moi, mais toujours totalement inconnue, absolument étrangère. M’agissant de l’intérieur. Je l’ai reconnue comme réelle. Un réel auquel je peux, de façon même fabriquée, opposer l’amour, l’amour de moi-même. Il se trouve qu’une bonne part de cet amour s’est vu augmenté au travers de la figure de Lacan, de l’action lacanienne, de la démarche analytique, qui conduit à accorder de la valeur au moindre déchet. De la valeur au déchet même.

Enfin, tout ceci est extrêmement difficile à écrire et très mal écrit.

Toute la maladie n’est pas la haine de soi. La haine de soi c’est le chien des enfers. Si je l’ai peu dite en analyse, si elle a manqué à apparaître, si elle ne s’est exprimée que dans une haine adressée à autrui (ce que j’ai tenté de cerner avec mon histoire d’immixtion des sujets), c’est que je savais ce qu’elle comporte de jouissance et que je me gardais d’en faire étalage. Cette jouissance, je ne voulais pas qu’elle soit repérée en tant que telle par un analyste. Elle s’est manifestée autrement. (C’est une chose, je me dis parfois, qu’on devrait apprendre à l’école, la part qu’on prend à son propre malheur, ça n’est plus très à la mode, et ça l’a parfois été trop, je me suis certes accusée de trop de torts, mais enfin, se défier davantage de soi ne ferait de tort à personne.) Je disais donc : la haine où je suis de moi, je suis arrivée à la faire payer cher aux autres, aux autres aussi (Freud le dit très bien), mais elle n’est pas tout. Mais, je ne sais plus ce que je voulais dire.

Alors, est-ce que tout ça nous mène loin du rêve aux chiens, du rêve aux 3 chiens. Dans ce rêve, ce qui compte, c’est l’oubli des petits chiens. Et l’état lamentable dans lequel je les retrouve, enfermés dans des cartons, les yeux tout collés. Ils sont un peu comme des chiens empaillés, mais toujours en vie. Ils ont cette sorte de raideur de certain jouet que j’aurais eu, de chien noir, petit chien noir à bascule : exactement, les voilà, le voilà. C’est un jouet qui ne m’a pas appartenu, mais qui se trouvait au château d’A, et qui avait bien pour moi quelque chose de dégoutant, tant il était réaliste (peut-on s’asseoir sur un chien empaillé, ce qu’il n’était pas, pas vraiment).

Je ne sais ce qui dans les jours précédents m’a conduite à repenser à ce qu’a été Lacan pour moi. Quel père il a été.

Enfin, il faudra que j’y revienne… Il reste quand même quelques choses possibles à en dire.


  1. Cela fait quelques temps que je tente d’éclaircir pour moi la part d’énigme du texte d’Eric Laurent sur la mélancolie où il situe ce qui se joue pour le mélancolique au moment du Fort/Da, lequel depuis oriente certaines de mes recherches et m’a amenée à retrouver et à publier ici une page de son Envers de la biopolitique, où il est question du fantasme masochiste d’être traité comme un chien. Eric Laurent écrit : « La mélancolie, sacrifice suicide, s’identifie à cette mort du sujet qui se nomme dans le même temps où il s’éternise. »
    Eric Laurent, Ornicar? 47, « Mélancolie, douleur d’exister, lâcheté morale », p. 10.
     . ↩︎
  2. Lacan J, Le Séminaire, livre VI, Le désir et son interprétation, p. 152-153. ↩︎
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