14.04 7:01

Publié le Catégorisé comme Hélène Parker, Non envoyé

Non-envoyé

Chère Hélène Parker,
Hier matin, très tôt, j’écrivais à Nathan des SMS (il ne s’adresse plus maintenant à moi qu’en SMS) dont rien ne pouvait lui laisser transparaître que je pensais qu’il fallait que ce soient les derniers, venant de moi et que je le bloque (une fois de plus), bloque ses SMS, comme j’avais autrefois bloqué ses mails (ce qui l’avait amené à me dire qu’il ne voulait plus en écrire), afin d’être sûre de ne plus l’attendre, de ne plus lui écrire. Alors, il m’a écrit, répondu, Bonjour ma chouchou, avec une photo, à la façon ancienne, et tout de suite, j’ai craqué. Tout de suite, mon corps a respondu (petits battements de cœur au bout des doigts, au sexe, très fins, subtils, particuliers, particuliers à cet instant-là, à cette réponse-là, cette situation-là : dans la surprise, mon corps lâche des sensations d’autrefois,  vives, mais prudentes, sur la réserve) et je lui ai répondu. Et étonnamment, à l’ancienne encore, il n’a pas tardé à me répondre, à répliquer. Et c’est une joie prudente encore qui m’a prise. Plus temporelle, n’allant pas directement s’étendre à l’infini. Envahissante cependant, vivante, se propageant aux autres, Édouard, Anton. Le sourire qui prend les lèvres,  les mouvements accélérés, enchantés. Encore, j’ai corps respondu, répondu, légère et grave. Puis en plein après-midi  encore, Nathan a encore envoyé un SMS, lequel a sauté dans les doigts de Anton qui tenait  mon téléphone, comme il essayait de résoudre, si gentiment et efficacement, et tendrement, un problème technique pour moi. Il a fait semblant de n’avoir rien vu, moi de même. Quand j’ai découvert le SMS, une image encore, tout mon corps s’en est ému. À cet instant, je pourrais le lui écrire : Tu m’as fait jouir. Écrire et sentir encore. Mais, prudence. Et je pressens que chez lui, semblables questionnements. J’ai continué de profiter de la bonne humeur, il y a eu de la musique, Chopin, et quelques pas dansés. L’humeur de Édouard s’est assombrie. Je l’ai interrogé. Il joue pour le moment, de nouveau, toute la journée.
Je vous écris, pour ne pas lui écrire, à Nathan. Je vous écris dans le sentiment qu’il me faut faire très attention. Enfin, je vous écris pour que ce soit écrit. 
Je n’arriverai pas à tout vous écrire, tout ce que j’avais pensé, espéré, voulu. 
Je vous écris sur mon téléphone, dans le canapé du salon, dans le noir. J’aime écrire ainsi, mais mes mains en pâtissent terriblement. 
Je vais me faire un cafe. Les chats s’agitent. 
Je vais réfléchir à ce que je pourrais vous écrire encore. Maintenant ou une autre fois. 
Je me suis fait du thé. 
Je ne pense pas que je vais arriver à vous écrire ce dont je ne sais d’ailleurs pas ce que c’est, sera. Il s’agit de l’écriture. J’ai commencé à faire ce dont nous avions parlé. J’ai même changé les noms. J’avance et tout le temps, je me dis que je sais que je n’y arriverai pas. Afin de me dégager un espace/temps de paix,  Il a fallu que je prévienne Édouard. Je lui ai dit que j’essayais d’écrire quelque chose, que je ne pouvais pas lui en parler, que c’était difficile. Que j’essayais de faire quelque chose à quoi je ne croyais plus. Que j’avais trop souvent foiré. 
Je ne pense pas que j’y arrive pour la raison suivante : à ce que nous nous sommes écrit je tiens trop. À ce que nous pourrions encore nous écrire, à cette forme d’amour. À cette grande jouissance. 
Donc, pour le moment, je ne peux que reprendre ce que nous nous sommes écrit. Le compiler, le ré-écrire, le transformer, réfléchir. Je me relis, scrute. Relis revis. Je sais qu’il me faudra probablement à un moment engager la voix d’un narrateur. Que cela dépendra de lui, de cette autre voix, nouvelle. Est-ce que je pourrai, voudrai la prendre… Je me dis que je dois essayer. Prendre le temps d’essayer. D’établir ce que je crois savoir. Et alors peut-être avoir ça derrière moi. De rendre ça lisible par d’autres. 
Mon désir me semble   tout entier pris dans l’écriture, plus précisément dans un champ intérieur de l’écriture, celui de la correspondance. Dans cette écriture, je trouve corps. Nathan me disait, si pense à toi, le mot qui me vient c’est Incarnation. Je trouve et donne corps. Est-il possible (et souhaitable) que je trouve le moyen de désenclaver un tant soit peu ce désir, d’ouvrir légèrement les barrières du champ, de le laisser fuir en dehors, là où il n’y aurait plus de correspondant. Et cela en vaut-il seulement la peine ? Quelle vérité en dehors de la relation? Quelle vie ? La solitude existe, elle a lieu, elle s’accomplit  dans l’inconscient d’où elle me parle comme à un autre dans sa langue inconnue. L’inconscient, le corps. 
Je pourrais écrire encore, mais je vais arrêter là. 

jeanne muller 126, rue du faubourg poissonnière75010 paris 06 22 06 23 1409 67 18 40 43Skype : veroniquemuller 
Envoyé depuis mon smartphone. Chère Hélène Parker, Hier matin, très tôt, j’écrivais à Nathan des SMS (il ne s’adresse plus maintenant à moi qu’en SMS) dont rien ne pouvait lui laisser transparaître que je pensais qu’il fallait que ce soient les derniers, venant de moi et que je le bloque (une fois de plus), bloque ses SMS, comme j’avais autrefois bloqué ses mails (ce qui l’avait amené à me dire qu’il ne voulait plus en écrire), afin d’être sûre de ne plus l’attendre, de ne plus lui écrire. Alors, il m’a écrit, répondu, Bonjour ma chouchou, avec une photo, à la façon ancienne, et tout de suite, j’ai craqué. Tout de suite, mon corps a respondu (petits battements de cœur au bout des doigts, au sexe, très fins, subtils, particuliers, particuliers à cet instant-là, à cette réponse-là, cette situation-là : dans la surprise, mon corps lâche des sensations d’autrefois,  vives, mais prudentes, sur la réserve) et je lui ai répondu. Et étonnamment, à l’ancienne encore, il n’a pas tardé à me répondre, à répliquer. Et c’est une joie prudente encore qui m’a prise. Plus temporelle, n’allant pas directement s’étendre à l’infini. Envahissante cependant, vivante, se propageant aux autres, Édouard, Anton. Le sourire qui prend les lèvres,  les mouvements accélérés, enchantés. Encore, j’ai corps respondu, répondu, légère et grave. Puis en plein après-midi  encore, Nathan a encore envoyé un SMS, lequel a sauté dans les doigts de Anton qui tenait  mon téléphone, comme il essayait de résoudre, si gentiment et efficacement, et tendrement, un problème technique pour moi. Il a fait semblant de n’avoir rien vu, moi de même. Quand j’ai découvert le SMS, une image encore, tout mon corps s’en est ému. À cet instant, je pourrais le lui écrire : Tu m’as fait jouir. Écrire et sentir encore. Mais, prudence. Et je pressens que chez lui, semblables questionnements. J’ai continué de profiter de la bonne humeur, il y a eu de la musique, Chopin, et quelques pas dansés. L’humeur de Édouard s’est assombrie. Je l’ai interrogé. Il joue pour le moment, de nouveau, toute la journée. Je vous écris, pour ne pas lui écrire, à Nathan. Je vous écris dans le sentiment qu’il me faut faire très attention. Enfin, je vous écris pour que ce soit écrit. Je n’arriverai pas à tout vous écrire, tout ce que j’avais pensé, espéré, voulu. Je vous écris sur mon téléphone, dans le canapé du salon, dans le noir. J’aime écrire ainsi, mais mes mains en pâtissent terriblement. Je vais me faire un cafe. Les chats s’agitent. Je vais réfléchir à ce que je pourrais vous écrire encore. Maintenant ou une autre fois. Je me suis fait du thé. Je ne pense pas que je vais arriver à vous écrire ce dont je ne sais d’ailleurs pas ce que c’est, sera. Il s’agit de l’écriture. J’ai commencé à faire ce dont nous avions parlé. J’ai même changé les noms. J’avance et tout le temps, je me dis que je sais que je n’y arriverai pas. Afin de me dégager un espace/temps de paix,  Il a fallu que je prévienne Édouard. Je lui ai dit que j’essayais d’écrire quelque chose, que je ne pouvais pas lui en parler, que c’était difficile. Que j’essayais de faire quelque chose à quoi je ne croyais plus. Que j’avais trop souvent foiré. Je ne pense pas que j’y arrive pour la raison suivante : à ce que nous nous sommes écrit je tiens trop. À ce que nous pourrions encore nous écrire, à cette forme d’amour. À cette grande jouissance. Donc, pour le moment, je ne peux que reprendre ce que nous nous sommes écrit. Le compiler, le ré-écrire, le transformer, réfléchir. Je me relis, scrute. Relis revis. Je sais qu’il me faudra probablement à un moment engager la voix d’un narrateur. Que cela dépendra de lui, de cette autre voix, nouvelle. Est-ce que je pourrai, voudrai la prendre… Je me dis que je dois essayer. Prendre le temps d’essayer. D’établir ce que je crois savoir. Et alors peut-être avoir ça derrière moi. De rendre ça lisible par d’autres. Mon désir me semble   tout entier pris dans l’écriture, plus précisément dans un champ intérieur de l’écriture, celui de la correspondance. Dans cette écriture, je trouve corps. Nathan me disait, si pense à toi, le mot qui me vient c’est Incarnation. Je trouve et donne corps. Est-il possible (et souhaitable) que je trouve le moyen de désenclaver un tant soit peu ce désir, d’ouvrir légèrement les barrières du champ, de le laisser fuir en dehors, là où il n’y aurait plus de correspondant. Et cela en vaut-il seulement la peine ? Quelle vérité en dehors de la relation? Quelle vie ? La solitude existe, elle a lieu, elle s’accomplit  dans l’inconscient d’où elle me parle comme à un autre dans sa langue inconnue. L’inconscient, le corps. Je pourrais écrire encore, mais je vais arrêter là. jeanne muller 126, rue du faubourg poissonnière75010 paris 06 22 06 23 1409 67 18 40 43Skype : veroniquemuller Envoyé depuis mon smartphone. 

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