L’on aime et pourtant l’on se quitte

Publié le Catégorisé comme psychanalyse
Cette publication est la partie 2 de 4 dans la série La femme qui dit non

Une querelle doctrinale

On trouvera ici des extraits du premier chapitre de livre de Pierre Naveau Ce qui de la rencontre s’écrit, Etudes lacaniennes récemment publié aux Editions Michèle.

La querelle du phallus

karen horney et hélène deutsch se sont trompées, lacan le dit dans L’étourdit, elles ont été aveuglées par le « voile de l’organe », voile pudique sur la castration du père. ce qui compte ce n’est pas la répartition homme/femme de l’organe mais la façon dont un sujet appréhende le manque de signifiant et donc le phallus comme signifiant venant suppléer à ce manque

un monde où l’on se quitte

« la fille quitte sa mère pour son père, puis quitte son père (Freud, 1925) – l’ordre importe. »

« … Freud insiste sur ce point décisif – que la fille quitte sa mère « sous le signe de l’hostilité ». L’amour, alors, vire à la haine. La fille se détourne de sa mère et se tourne ainsi vers son père, afin d’obtenir de lui ce que sa mère ne lui a pas donné. C’est pour cette raison qu’elle l’aime, lui, le père. Il y’a quelque chose qu’elle désire : l’enfant à la place de l’organe. Et elle veut qu’il le lui donne. Ainsi attend-elle une preuve d’amour ou qu’au moins, il lui fasse signe. Mais elle s’aperçoit qu’il n’y a rien à espérer. C’est à la mère et non à elle qu’il l’a donnée. Alors, déçue, elle le quitte à son tour. A ce moment-là, la fille s’identifie à ce nouvel objet (le père) que, lui aussi, elle laisse tomber. » p. 26

« Est-ce que l’identification au père ouvre ou ferme le chemin qui conduit à la féminité? Est-ce un point d’appui ou un obstacle? Tel a été enjeu du débat passionné qui a opposé Hélène Deutsch et Karen Horney. »

La castration du père

« La castration, dit en effet Lacan, est le point de manque, le point de disparition, le point de fuite, qui est la marque du désir de l’Autre. C’est le noeud de l’affaire. Lacan avance que le centre du paradoxe du complexe de castration, c’est que ‘le désir de l’Autre, en tant qu’il est abordé dans la phase génitale, ne peut jamais être en fait accepté – c’est Lacan qui parle – dans ce que j’appellerai son rite, qui est en même temps sa fuyance1 . Ce mot de fuyance est le mot de Lacan.
La difficulté, pour la fille, ne vient pas, dès lors, de sa propre castration car, châtrée, elles l’est, dès l’origine. Ce dont il s’agit, c’est de la dialectique du désir. La difficulté, pour elle, vient en effet de sa relation au désir de l’Autre et, plus particulièrement, de sa relation au point de négativité qui, chez l’Autre, est rencontré – ce que Lacan a proposé d’écrire : (-phi).

(p.31)
Aussi le Neid qu’éprouve la fille est-il une demande qui porte sur le manque mis à nu dans l’Autre. Le Neid est le signe d’un refus – le refus, précisément de ce point de négativité auquel est est confrontée dans son rapport à l’Autre.
(…)
« Et sans doute y-a-t-il plus névrosant que de perdre le phallus – c’est de ne pas vouloir que l’Autre soit châtré »
(…)
« si la fille quitte son père, c’est parce qu’en effet, il ne lui donne rien et qu’elle a alors le sentiment que c’est lui qui la quitte, qui la laisse tomber. D’où la conséquence qu’elle en tire : L’on aime et pourtant l’on se quitte. » p. 34

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Notes:
  1. Lacan J. Le Séminaire, Livre VIII, Le transfert, p. 272 []

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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