lundi 23 mai 2012, 11h30, sortir de là sans se faire tuer

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11h30
lundi 23 mai avril 2012, 11h30, toujours à donnery, partons je crois demain, je suis très triste, j’essaie de le cacher, j’essaie ça. lu hier le dernier livre de jean-philippe toussaint, est-ce bien de ce prénom qu’il s’agit? je ne sais pas. je ne sais plus. l’urgence et la patience. il y parle de l’écriture et de ses lectures, des lectures qui l’ont marqué. beckett, dostoievski, kafka, proust. il me donne envie de les relire. il a commencé à écrire à 20 ans. je ne vois pas comment je pourrais m’y mettre à 48. urgence et patience, je crois ça s’appelle.
 
cauchemar, cette nuit:
 
le lieu de mon TRAVAIL, très immense lieu, à bruxelles, en partie sur l’avenue LOUISE, envahi par des ARABES(!), armés, des armées d’arabes. des bataillons de femmes aussi, voilées, vêtues de COULEURS différentes; enfin, leurs vêtements comportent quelques TOUCHES de couleurs. beaucoup de peur. il s’agit d’arriver à sortir de là, sans se faire tuer. 
 
je note ce rêve pour avoir songé qu’il fallait absolument que je sache pourquoi des arabes.
 
/ ZA / RA / BES /
 
les femmes, surtout du fait de la touche de couleur que leur vêtement comporte, chacune sa touche, me font songer à quelque chose, mais je ne sais plus à quoi. « un assortiment de couleurs. des couleurs mates. »  j’en ai probablement eu récemment sous les yeux. j’ai dû y songer. mais à quel propos. il me semble que j’en ai eu envie. mais à quel propos. il est même possible que j’ai voulu en créer un, d’assortiment. les femmes voilées, mettons qu’elles évoquent un assortiment de FEUTRES de COULEURS.
j’ai pu récemment songer à la coquetterie qu’elle pouvaient continuer à mettre dans le choix de leurs FOULARDS, les femmes arabes, les musulmanes, quand elles choisissent de porter le voile. c’était à paris, il me semble, aux Galeries Lafayette, où nous cherchions ensemble un cadeau pour nin. une ou plusieurs jeunes femmes voilées se choisissaient des FOULARDS. ce court épisode me serait revenu en mémoire à Orléans avant-hier, où nous sommes passés également devant des Galeries Lafayette que J a nommées, rappelant qu’il en existait également à PARIS. A Orléans, je me suis acheté du bleu pour mettre sur les yeux. un pinceau doux aussi, très doux aux paupières. bleu gris, bleu acier, un bleu peut-être trop proche de la couleur de mes yeux. un bleu dont j’étais contente. j’y avais vu une femme, dans le magasin, qui sur les yeux portait un bleu outremer, électrique qui aurait pu m’avoir fait envie. qui m’aura fait envie. le pinceau se vantait lui de poser sur les paupières de la couleur en voile. sur Twitter, isabelle disait être au désert, vêtue d’un djellaba  sur son avatar, or je la sais déjà de retour. peut-être voulait-elle dire qu’elle n’en est pas encore revenue. j’ai appris que les autres étaient à buenos-aires (congrès). cela m’a rendue triste. à orléans, j’ai eu envie de foulards. de foulards doux. 
 
sur la route hier jules me demandait pourquoi il était écrit « songez à eux (aux enfants), roulez tout doux. »
 
le lieu de travail, du rêve. je n’avais rien à faire. j’attendais de partir. c’était vendredi, fin de journée. le patron était déjà parti. peut-être depuis tôt dans l’après-midi. je n’osais pas m’en aller. si j’étais partie au moment où j’en avais eu envie, je n’aurais pas vécu l’arrivée des ARABES. les arabes chassent ou tuent tous les travailleurs et ne s’intéressent qu’aux MACHINES, les démontent.  
 
hier, c’était le premier tour des élections. 
 
le travail. j’ai choisi récemment de ne pas travailler. choix pour partie forcé. pour partie libre, volontaire. choix, et sacrifice de mon futur, de ma retraite, possibilité évoquée pour moi de finir à la rue. forcé, parce que l’angoisse que le travail provoque est trop important, libre parce que cette angoisse est juste, le travail est injuste, le travail ne devrait pas exister. ne devraient être autorisés à travailler que ceux qui aiment leur travail. non pas en raison du prestige qu’il leur procure, ou de l’argent qu’il leur apporte, de la satisfaction qu’il y trouvent à s’y jouer esclaves, ou tortionnaires, mais uniquement de la passion, la passion particulière qu’ils y engagent. évidemment, cette pensée, ces pensées, ces décisions sont inquiétantes, non point tant en raison de mon futur, mais de mon enfant. c’est vraiment le contraire de l’éducation que je me vois lui apporter. et je redoute les conséquences que ce choix pourront avoir sur sa vie, les terribles difficultés. c’est pourquoi j’aimerais être moins triste. que ce choix au moins assume sa gaieté. mais il ne l’est pas, gai, je ne le suis pas, gaie. car je ne suis pas sans ambition. et que c’est œuvre aussi que je veux accomplir. et c’est là que je me vois ridicule. 
 
aussi était-ce peut-être bien pour poutou qu’il fallait voter, qui parlait de la mauvaiseté du travail. le travail que vous n’aimez pas faire, est mauvais pour vous. il n’y a pas de choix raisonnable. il n’y a raison que du désir, il n’y a déraison que de la jouissance, le courage s’affronte seulement, moins de face que de profil, en liseré, à la grande incompréhension entre les sexes (sachant qu’il n’y a de sexe que d’autre sexe, fût-il du même). oui, les gens déraisonnables sont en voie de disparition. et suis-je triste en ces lendemains d’élection, pour aucune raison qui ressemble aux vôtres, tant que je m’en tiens aux actus, à twitter, à facebook. jules lui dit « je suis terrorifié ». c’est que dans la grande salle nous écoutons houellebecq, de l’époque où il était poète. nous sommes privilégiés. 
 
mais aussi, il ne fallait pas voter, parce que tous ces gens veulent vous faire travailler. aucun ne veulent quitter ces camps où reste écrit encore encore : arbeit macht frei. les mots de l’enfer.
 
déjà je fais le malheur de mon enfant. c’est ce que je crains.

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