mar. 27 juillet :: dedans dehors (d’inanité sonore)

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie Étiqueté , , , , , , , Un commentaire sur mar. 27 juillet :: dedans dehors (d’inanité sonore)

Rentrés hier à Paris. Réveillée ce matin à 7 heures. Plein de rêves, plein de rêves. Traîné puis levée pour écrire et réinscrite réseaux sociaux, ça fait 2 heures que j’y.

Ca fait 2 heures que j’y.

Tout le monde dort, une fenêtre du salon ouverte sur le ciel blanc. Bruits qui résonnent dans ce qui s’entend encore du silence : c’est le matin, c’est les vacances. Mardi 27 juillet. Du dehors, l’air n’est pas tout à fait le même qu’au dedans. Il y aurait quelque chose à en dire, mais je ne trouve pas quoi. De la conscience de cette frontière, à quelques mètres de moi. Dedans dehors. Je songe une fois de plus à la joie de Proust qui écoute, guette ravi depuis sa chambre les bruits de la rue et nous les décrits. Il y a quelque chose de ça. N’était-ce la stridence de certains bruits parfois, qu’il faut supporter, accepter, intégrer. Le rugissement d’un camion. Ici, pas de marché, pas de marchand, de passant quotidien que l’on reconnaîtrait, rue anonyme. Des voix, des dialogues, pourtant, qui sont comme de toute éternité, même en langue étrangère, et tiens, voila du français, cet accent ! Ceci ne s’entend qu’au matin. Et que grincent les pneus d’un vélo dans la descente. – Allez, bonne chance ! – Bon courage ! Avec leur métier, leur âge tout inscrit dans leur voix, comme hier le lierre pris dans les branches blanches du vieux poirier. Chair, rocaille. Si l’on ne distingue ce qui se dit, un soupir s’entend. Dedans, dehors. Qu’est-ce qui me vaut ce qui s’apparenterait à de la joie. Une joie bien calme, qui ressemble au silence, au recueil. – Ce pays de merde ! Voix reconnue d’un clochard. Et l’absence de soleil. Qui ne se lèvera pas du jour, cela se laisse aisément prédire. Les deux amis qui passent en parlant. Les pas de ceux que je n’entends pas. 9h30. Quelle cloche sonne ? De Belzunce. Qu’est-ce qui nous vaut la joie, la joyance? Est-ce d’être seule, ce vol aux dormeurs, ce vol aux surveilleurs? Comment on sait si peu de soi et de ses raisons. Faut-il le savoir ? Le bus électrique se signale d’un son de cloche qui ressemble à celui des trams bruxellois. Ou s’agit-il seulement de cet état d’être, en extension, en élargissement. En neutre élargissement. Car le mot de joie est trop connoté, a trop pris parti, pour parler de cet instant qui n’est pas loin de se satisfaire de cela seulement qui résonne, se transmet, se répercute. Les voies sonores, l’épaisseur trouée du silence.

(l’air, vecteur, est cela qui vous enseigne)

*

Lu hier, de Bernard Lecoeur :

« L’identification contribue à transformer ce qui est de l’extérieur en intérieur. C’est une façon d’aménager l’espace, d’y introduire une certaine vérité qui n’est autre que celle du corps. L’identification participe à la mise en place de lieux, le lieu de «l’un comme tel [devient celui de] l’Autre » [1].
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre IX, « L’identification », leçon du 29 novembre 1961, inédit.« 

https://www.hebdo-blog.fr/identification-a-distance/

qui se répercute ici sans que j’y comprenne rien.
De l’Un devient de l’Autre. Ce qui se répercute : de l’Autre. L’humanité.
De lieu : Disons : de corps étendu. Sa vérité ai-je tellement envie d’ajouter.

… au salon vide : nul ptyx
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)

Je ferme la fenêtre le bruit, retourne me coucher
jusqu’à ce que tous se lèvent et que je puisse
à mon tour faire du bruit.

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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[…] À ce que j’écrivais ce matin, je voudrais rapidement ajouter que je m’étais d’abord réveillée fort prise dans un rêve où j’ai aussi longtemps que possible continuer d’errer, que j’aimais alors qu’il s’agissait d’un cauchemar dont je ne me souviens d’aucun terme, si ce n’est, peut-être, celui exagéré des silhouettes de ce sculpteur dont le nom me revient : Giacometti. J’étais dans le rêve affublée d’un double, crois-je. Un double masculin dont l’allure évoquait l’un de ses longs marcheurs au corps de terre adoigtement rapprochée (je le dis comme ça me vient). Ce double avait une fonction déterminée liée à ce qu’il ne soit pas sans sens qu’il soit, lui, de sexe masculin. (Cette fonction s’exerçait sur moi, consistait à me faire faire quelque chose). D’autres personnes étaient ainsi affublées de doubles. De doubles comme d’ombres. (J’ai vu hier une sculpture de Giacometti constituée, je crois, de 4 de ces longs marcheurs (pris dans une sorte de carré, de plaque carrée, à distance respectable les uns des autres), chacun solitaire*. Il y a de ça dans le rêve. Ainsi qu’une petite céramique de mon père.) […]

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