le taï chi légèrement + rapide de MF

25/3/2016

8:37
l’attrait du sommeil au réveil

8h46
décider du caractère sacré du sommeil
se rendormir
taï chi hier, exceptionnellement avec MF,  en remplacement, l’incessance de son taï chi un petit peu rapide.

11h
tout son cours, de MF, comme ça, un poil plus rapide. comme je me coule dans son rythme, il m’apparaît que ma pratique du taï chi incorpore l’arrêt, la mort, au plus près, à chaque instant du mouvement. quand le sien m’en évoque la fuite.  cependant que j’admire, j’envie la constance de son énergie.  il me semble en être toujours au bord de la rupture.
[ d’une tentative, probablement spécieuse (mais tentante),  de rapprochement de concept de pulsion et du chi :
quand il définit la pulsion, Freud parle de konstante Kraft.  plus tard, Lacan intuitionne que le débit de cette force constante puisse être propre à chacun et fixé une fois pour toutes (idée que je trouvais détestable, c’est un peu comme chez les protestants (??), chacun son lot), tant quant à la quantité qu’à la vitesse. peut-être s’agit-il ici de quelque chose de similaire et le rythme du taï chi de chacun lui est-il foncièrement personnel. si ce n’est que c’est un rythme qui se collectivise facilement, et donc se module, pour devenir celui du groupe.]
j’aime à accélérer mon taï chi, à le régler sur celui de MF. et il me semble qu’elle ne déteste pas le mien.
la rapidité (toute relative, faut-il le répéter) de son cours permet également de retenir son esprit de vagabonder.

j’ai rêvé de MF toute la nuit. et ce matin encore.

Comment la psychanalyse pourrait-elle s’écrire dans le monde chinois ? partie II

Extraits de la thèse de Lu Ya-Chuan publiée sur http://www.lacanchine.com/Lu_01.html (voir partie I) :

Le Souffle – le Qi 氣 : esprit et matière

Le corps étant considéré dans la médecine chinoise comme un foyer d’énergie, il est un lieu d’interaction avec son environnement naturel. Renfermant la notion d’« énergie » ou « souffle », le Qi 氣 désigne à la fois tout constituant matériel du corps, mais aussi l’immatériel, le spirituel, l’agent des changements dont ce dernier est le lieu, une force vitale et existentielle, telle ou telle fonction à l’œuvre dans le corps, spécialisée le cas échéant dans un domaine ou un autre.

Une généralisation aussi poussée du sens a fini par faire dire qu’en médecine chinoise tout est souffle. Une pareille formulation du Qi 氣 a le mérite de ne pas dissocier la dimension substantielle, celle des «composants» du corps humain et de son fonctionnement.

Loin de représenter une notion abstraite, ce souffle du Qi 氣 , source de l’énergie, est ressenti par le plus profond de l’être jusqu’à sa chair. À la fois esprit et matière, il assure la cohérence organique de la fonction des êtres vivants à tous les niveaux.

Pour reprendre le formule d’Anne Cheng :

« L’unité recherchée par la pensée chinoise tout au long de son évolution est celle du souffle,  influx ou énergie vitale qui anime l’univers entier. Ni au-dessus ni en dehors, mais dans la vie, la pensée est le courant même de la vie. Toute réalité, physique ou mentale, n’étant rien d’autre qu’énergie vitale, l’esprit ne fonctionne pas détaché du corps70. »

le vide au corps

Enthousiasmant article de François Regnault, découvert sur Lacan Quotidien et repris ici, à propos du livre d’Eric Laurent, Sur L’Envers de la biopolitique – Une écriture de la jouissance. La bonne nouvelle en est délicieuse et j’en ai commandé le livre avant même que d’avoir terminé la lecture de l’article.

Il est rare que j’arrive à réagir à ce que je lis et qui me bouleverse. Cette fois,  je me risquerai cependant, en m’en tenant à cette seule phrase : « Corps vide au regard de la jouissance, car en tant qu’Un, il ne contient rien, c’est un sac, dont les organes sont réservés, si vous voulez, à la médecine. »

Si je puis me permettre, donc, et au risque de me montrer ridicule, il n’en va pas partout ainsi. Pour l’expérience que j’en ai, via ma pratique du taï chi  et le peu de recherche que j’ai fait, le corps, en Chine, s’il relève également du domaine de la médecine, de la médecine chinoise, inséparable de sa pensée, y est d’abord le premier lieu du souffle, du Ki.  Un lieu que tout un chacun est amené dès la naissance à investir  aussi bien imaginairement, réellement que symboliquement : on y rencontrera tant des montagnes et des fleuves, que des organes réels et des circuits ancestraux d’énergie. L’intérieur du corps y est lieu premier du réel et de sa jouissance.  Laquelle est loin de s’arrêter à celle du seul sujet. Du coup, dirait-on, elle n’en plus nécessairement mauvaise, ce que d’ailleurs pressent, prédit, l’enseignement de Jacques-Alain Miller, et qui pour ma part fait la part de la bonne nouvelle. Elle est jouissance, elle apporte le bien être, elle est voie de connaissance – laquelle en passe, sans qu’aucune primauté lui soit accordée, par le signifiant.  Et je me risquerais à dire que c’est le signifiant qui est alors instrumentalisé, dont il est usé comme outil de reconnaissance, en vue d’une cartographie du corps. Mais, un signifiant dégagé de l’idéal, de l’identification et de la maîtrise, proche de la lettre dans l’instant même de son écriture, inséparable du mouvement qui la trace et du support qu’elle affecte. Il  ne s’agit que de nommer, et de reconnaître, de ressentir  ce qui dans le corps jouit de cette nomination. Nommer et renommer, inscrire et réinscrire, connaître et reconnaître, à chaque fois pour la première fois, célébrer cette alliance « toujours nouvelle et qui n’a pas changé » où un corps reçoit  la marque du signifiant et en jouit. Chinoisement écrite, la  bonne nouvelle de Regnault,  ça donnerait : d’un autre point de vue, depuis une autre dimension : trauma est délice (pour peu que le sujet lui lâche un peu la grappe, si j’ose dire). Vide, le corps, il l’est. Il y a le vide au corps. Mais la jouissance qu’on en éprouve ne l’est certes pas.  Seulement, il  manque le terme de ce qu’elle serait, puisqu’elle n’est pas dialectique. Aussi, la médecine chinoise n’appartient-elle pas aux instruments biopolitiques du pouvoir.

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