J. LACAN, Le désir et son interprétation – Hamlet 2

[séance du 11 mars 1959]

Nous voici donc depuis la dernière fois dans Hamlet.1 Hamlet ne vient pas là par hasard, encore que je vous aie dit qu’il était introduit à cette place par la formule du être ou ne pas être qui s’était imposée à moi à propos du rêve d’Ella Sharpe.

J’ai été amené à relire une part de ce qui a été écrit d’Hamlet sur le plan analytique, et aussi de ce qui en a été écrit avant. Les auteurs, du moins les meilleurs, ne sont pas  sans faire état de ce qui en a été écrit bien avant. Et je dois dire que nous sommes amenés fort loin, quitte de temps en temps à …
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Hamlet dans L’interprétation des rêves de S. Freud

Extrait de L’Interprétation des rêves de Sigmund Freud (PUF)

« Le rêve de la mort de personnes chères »

Une autre de nos grandes œuvres tragiques, Hamlet de Shakespeare, a les mêmes racines qu’Œdipe-Roi. Mais la mise en œuvre tout autre d’une matière identique montre quelles différences il y a dans la vie intellectuelle de ces deux époques et quel progrès le refoulement a fait dans la vie affective de l’humanité. Dans Œdipe, les fantasmes-désirs sous-jacents de l’enfant sont mis à jour et sont réalisés comme dans le rêve; dans Hamlet, ils restent refoulés, et nous n’apprenons leur existence – tout comme dans les névroses – que par l’effet d’inhibition qu’ils déclenchent. Fait singulier, tandis que ce drame a …
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J. LACAN, Le désir et son interprétation – Hamlet 1

– séance du  4 mars 1959 –

Je crois1 que nous avons poussé assez loin l’analyse structurale du rêve modèle qui se trouve dans le livre d’Ella Sharp pour que vous voyiez au moins à quel point ce travail nous apportait sur la route de ce que nous essayons de faire, à savoir ce que nous devons considérer comme le désir et son interprétation.

Bien que certains aient dit n’avoir pas trouvé la référence à Lewis Caroll que j’avais donnée la dernière fois, je suis surpris que vous n’ayez pas retenu la double règle de trois, puisque c’est la-dessus que j’ai terminé à propos des deux étapes de la relation du sujet à l’objet plus ou moins fétiche, …
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MOESTA ET ERRABUNDA,

 

Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l’immonde cité,
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ?
Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe!

 

La mer, la vaste mer, console nos labeurs!
Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse
Qu’accompagne l’immense orgue des vents grondeurs,
De cette fonction sublime de berceuse?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs!

 

Emporte-moi, wagon! enlève-moi, frégate!
Loin! loin! ici la boue est faite de nos pleurs!
– Est-il vrai que parfois le triste cœur d’Agathe
Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate?

 

Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un …
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Agis de telle sorte que le sens de ton action ne puisse jamais être réduit à un pur calcul par toi-même ou par autrui.

« Ainsi nous proposons, après Kant, après Lacan, après Jonas, de reformuler encore une fois l’impératif de la moralité dans ce contexte d’infiltration généralisée du chiffrage dans tous les domaines de l’existence : ‘Agis de telle sorte que le sens de ton action ne puisse jamais être réduit à un pur calcul par toi-même ou par autrui.' »

… que fais-je quand le matin je me pèse …

« L’orientation éthique au sein du monde de la technique devrait consister à faire valoir le point de vue de la non-quantification, le point de vue de l’expérience humaine comme irréductible à toute mise en forme mathématique. La pensée éthique devrait avoir pour tâche aujourd’hui de faire barrage à l’évaluation de l’humain. 


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Sans titre

« … le culte de la sous-culture « 

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sur la lenteur

Marie-Monique Morre-Lambelin

jamais on n’ira assez lentement

ni pour les autres, ni pour soi

Alain, à Marie-Monique Morre-Lambelin, mars 1910

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et plus si affinités

« Chaque pierre que je trouvais, chaque fleur cueillie et chaque papillon épinglé représentait déjà à mes yeux le début d’une collection et tout ce que, d’une manière générale, je possédais constituait une seule et unique collection.

‘Ranger’ , c’eût été détruire un édifice plein de marrons avec leurs épines (en fait des masses d’armes), de papiers d’étain (un trésor d’argent), de cubes de bois (autant de cercueils), de cactus (qui étaient des totems), et des pièces de cuivre (qui étaient des boucliers). Ainsi croissait et se métamorphosait l’avoir de l’enfance dans les tiroirs, les coffres et les boîtes ».

Walter Benjamin. Enfance berlinoise. Ed. Maurice Nadeau, traduction Jean Lacoste. 1972.

[ txt via Le divan fumoir bohémien, …
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De la rigueur de la science

En cet Empire, l’Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la Carte d’une seule Province occupait toute une Ville et la Carte de l’Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l’Empire, qui avait le Format de l’Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. Moins passionnées pour l’Étude de la Cartographie, les Générations Suivantes réfléchirent que cette Carte Dilatée était inutile et, non sans impiété, elles l’abandonnèrent à l’Inclémence du Soleil et des Hivers. Dans les Déserts de l’Ouest, subsistent des Ruines très abîmées de la Carte. Des Animaux et des Mendiants les habitent. Dans tout le Pays, il


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écrire le journal de judas

Contrairement au tricheur qui jouit d’une petite supériorité d’un quart d’heure sur les autres et ne fait que justifier l’ordre auquel il s’adosse, le traître, lui, est une figure d’artiste, il est fondateur de péripéties. Gilles Deleuze a réglé trop vite « le cas pathétique de Maurice Sachs » sans voir que voleur, escroc, artiste ou faussaire ornaient son tissu de nuances multicolores.

[…]

Que fut la trahison pour lui, sinon l’autre visage, suprême et dégradé, de la Littérature? Sa propension à décevoir les autres ne prit fin que lorsqu’il s’enferma dans la fiction, déclarant forfait comme on retourne une carte. Un écrivain authentique aussi est un traître, traître au monde, à sa classe, traître aux choses qu’il remplace par …
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moi aussi, moi non plus

Contrairement à la loi qui veut que le meilleur livre soit celui qu’on est en train d’écrire, le texte au présent le déçoit. Sachs estime qu’il sera bon au futur antérieur. En effet, il sera bon une fois mort.
Maurice Sachs le désoeuvré, Thomas Clerc, p. 36.

Son obsession pour la valeur – Suis-je bon? Suis-je mauvais?…
Ibid., p. 37.



oxymore

De toutes les figures, l’oxymore, qui émaille ses phrases – « on ne trahit bien que ceux qu’on aime », « j’aime les livres : ils intoxiquent », « les oisifs n’ont pas une minute à eux » – est la plus visible, organisant une existence qui forme l’oxymore parfait : solidaire mondain, homosexuel marié, juif gestapiste, artiste d’affaires, prêtre athée, vedette paria, escroc idéaliste, toutes ces clartés obscures éclatent comme des étoiles.
Maurice Sachs le désoeuvré, Thomas Clerc, p. 44

l’artiste-escroc

Dans tout artiste il y a un escroc : « Les poètes, dit Nietzche, n’ont pas de pudeur à l’égard de leurs sentiments : il les exploitent. »  Et si Sachs, en se mettant à leur remorque, était l’escroc intérieur de tout artiste, la doublure noire de l’Ecrivain? Tel Peter Schlemihl, lui-même n’a pas d’ombre puisqu’il est celle des autres. Aussi se fait-il doubler, perdant sur les deux tableaux. Aux yeux des vrais créateurs, il n’existe pas, dominé par ses intrigues; pour les snobs de son temps, il est méprisable, n’étant pas connu.
Maurice Sachs le désoeuvré, Thomas Clerc, p.52

sur la honte, l’aristocratie et le signifiant-maître

la question que je viens de me poser sur la « noblesse de l’inconscient » me conduit à ce texte  :

Une certaine forme de honte a donc disparu : la honte qui était liée à l’honneur, à la pudeur, mais aussi à tout un monde de dignité, de noblesse, voire d’aristocratie. Dans le nouveau monde qui s’ouvre, il n’est plus question de sacrifier sa vie pour l’honneur ni de « mourir de honte». Jacques-Alain Miller interprète ce changement comme l’abandon d’un au-delà de la vie qui réduit celle-ci au « primum vivere», à la vie « pure et simple ». Une vie humaine dont le sujet ne serait mais plus marqué par un blason, un signifiant-maître, ni par


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Sans titre

« Il y a dans le mauvais goût le plaisir aristocratique de déplaire » – Baudelaire

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