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journal (où il sera plutôt question de l’hystérie, cette fois)

[ 24 avril 2008 / 15 novembre 2008 ]

à faire ( petit a faire)
10:49 j’aurai beau faire, ma vie n’est faite que de choses à faire. je me demande si les autres c’est comme ça aussi. d’une pauvreté. jules est là. j’ai mis un vieux disque à moi, Beethoven (pathetique sonata pour piano). c’est très rare que je mette de la musique. et surtout de la musique à moi. tiens, une griffe. quand jules était petit petit, bébé, je lui mettais parfois un disque à moi. ça m’inquiétait tellement alors que je ne puisse pas lui apprendre, léguer ça, que moi j’avais reçu de mes parents, qui avait baigné mon enfance, que je connais par cœur, mais. ces musiques que je connais bien, dont je ne connais jamais les auteurs. sur le bout de la langue. musique en perte d’auteur. le problème, c’est qu’à chaque fois ça le faisait atrocement pleurer, les musiques que je lui mettais. enfin, là, il est assis dans une caisse et il écoute.

les noms d’auteur
11:13 la caisse s’est renversée. maintenant, c’est l’autre face. je n’ai jamais su vraiment, je veux dire avec certitude – j’ai toujours pensé qu’il y aurait un jour moyen d’être sûre, de savoir avec certitude -, je n’ai jamais su, compris, pourquoi je n’arrivais pas à retenir les noms des auteurs. les noms des auteurs, les dates, les noms des pays, toutes ces choses utiles dans la conversation. j’ai longtemps pensé que c’était une affaire de femmes, que c’est les femmes, qui ne retenaient pas ce genre de choses. je me suis un temps « battue » pour trouver le moyen de faire la conversation avec ce qui n’est pas les noms, les noms propres et les dates, mais ça a été en vain. je pensais donc, que c’était affaire de femmes, d’hystérie. voilà.
d’une part que les femmes se refusent de savoir ce genre de choses, enfin, les hystériques, au nom d’une chose sans nom justement, leur secret, trésor, vérité, qui ne tolérerait aucun nom ; d’autre part qu’elles soient dans le désir, tout de même, d’un autre qui le détienne, le connaisse, le leur donne, ce nom, de ce qu’elles se refusent à nommer. qu’il y ait un maitre qui sache. (j’ai l’impression d’écrire mes mémoires, on trouvera cela néanmoins dans n’importe quel bon manuel de psychanalyse). à ce schéma classique, s’ajoutait ce trait, le fait que mon père soit artiste. artiste qui ne se sera pas vraiment fait un nom, auquel éventuellement même il aurait fallu en fabriquer un, mais père suffisamment sacré par et pour moi pour que je n’aille pas dans ses traces / sur ses pas / ni surtout que je ne le dépasse surpasse, quel que désir que je pusse en avoir – parce que si je le sacrai sacré, je le désacralisais aussi bien et plus souvent malheureusement qu’à mon tour et non sans souffrance, ressentiment. vous pouvez donc mettre cela aussi sur le compte du « sans foi de l’hystérique ». le manque même de foi m’empêche de croire / retenir le moindre nom, propre, d’auteur, de créateur. tandis que, le désir toujours est là, reste, qu’il y en ait au_moins_un qui.
pour ce qui est de la géographie et de l’histoire, ça n’est pas moins clair, c’est simplement plus global. c’est le savoir dans son ensemble qu’il convient là de considérer, le savoir qui tient / attient au signifiant qui est considéré comme suspect, en tant qu’il ne colle pas à la vérité, elle sublimée, magnifiée (et faisant la matière même de la séduction, du pouvoir de séduction- sinon). et c’est la nécessaire fabrication, d’un autre, d’un homme par exemple qui sache, beaucoup, énormément, qui aille jusqu’à connaître, le les mots de ce qui n’en n’a pas.

l’histoire, ayant ceci de plus, qu’elle touche au temps. alors qu’une bonne vérité, convenablement rêvée, ne saurait être qu’intemporelle. comporte la croyance, le désir de l’intemporel. cet intemporel qui fait le réel de l’inconscient, mais aussi celui du signifiant. non qu’un signifiant ne puisse appartenir à une époque, mais, en soi, dès qu’il naît, il est de sa nature d’être comme de tout temps. vous ne me croirez pas, je le sens.

nous pourrons pareillement dire de l’in-savoir de la géographie qu’il touche au savoir de ce qui n’est ni là ni ailleurs, de ce qui est incorporel. dont la nature du signifiant et de l’esprit se rapprochent, et qui pourtant fait le secret du corps de l’hystérique.

voilà, cela fait très longtemps que je sais ces choses et je pensais que ça me permettrait de pouvoir tout de même sortir des domaines des savoirs impossibles pour aller vers les possibles. eh bien non, faites-moi écouter beethoven, je ne retrouverai pas son nom, alors que je connais sa musique par cœur et par corps et par hors corps (et dans la conversation ça ne le fait toujours pas, et pour se faire des amis, ça ne le fait toujours pas non plus).

bises,

notes prises au cours de miller (11.06.08)

[ 6 octobre 2008 / 9 mars 2016 ]

« Tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant »1

assertion de Lacan proférée de nulle part, depuis la nullibiété : la place de plus personne.

cette année, j’ai été ça : plus-personne

j’ai accepté d’être traversé par l’occasion, fidèle à ce qui me tombait dans la tête, comme tout analysant qui se respecte

« plus-personne », voilà un personnage

nom du sujet  avec l’accent de son rapport natal avec la jouissance.

plus-personne : c’est le porte-parole de lacan

pathétique de ce dans quoi Lacan a cheminé.

enseignement – payer de sa personne, pas seulement de son sujet – se vocifère depuis personne

la voix – ce qui vient en surnombre de la « relation » de l’analyste à l’analysant

sujet – le rond brûlé dans la brousse de la jouissance, la brousse qu’est l’objet a comme voix.
la voix va toujours plus loin que l’objet a, toujours soupçonnable de n’être qu’un semblant.

le sujet est heureux :
ce que freud a déguisé sous la forme du « principe de plaisir » lequel faisait COUPLE d’opposition avec le principe de réalité.

couple
principe de plaisir/principe de réalité

« le sujet heureux puisqu’il ne peut rien devoir qu’à l’heur »2  → ne peut rien devoir qu’à la fortune → la contingence / soit ce qui arrive et qui n’était pas écrit

« tout heur lui est bon pour ce qui le maintient, soit pour qu’il se répète » → de l’ordre de ce qui ne cesse pas de s’écrire.

ce qui n’est pas écrit et qui arrive, la contingence, l’heur SERT la répétition

PP (principe de plaisir) et PR (principe de réalité) fonctionnent ensemble

PR dominé par PP – et c’est la vocifération, le sujet est heureux

est-ce que c’est vrai est-ce que c’est faux ? — vocifération pas de cet ordre-là  → interprétation

discours analytique

exception dit : je suis la varité

la passe
mariage hyménée où la jouissance convolerait avec la vérité / Lacan a entretenu ce rêve jusqu’à en revenir

le discours analytique ne prétend pas à la vérité

resituer la passe dans la varité

dans une analyse on va de vérité en vérité et
les vérités deviennent des erreurs et les erreurs deviennent des méprises…

secret de la chute de petit a : fait l’objet d’1 prise / qu’on pourrait lâcher

discours analytique n’a rien d’universel – √x → construit un effet de pousse-à-la-femme

savoir ne vaudra jamais que pour un et pour un seul

√x  → ∃ !

« tout le monde est fou » et on rêve toujours

G tous les hommes sont mortels
Socrate est un homme
P Socrate est mortel

Réunion du Général et du Particulier

1 homme désire la mort –> universalisé sous les espèces de la pulsion de mort mais ça n’advient que sur le mode du 1 par 1

le psychanalysant rêve, c’est-à-dire tient à la particularité de son symptôme

« Moi, la vérité je parle » surgeon de « Moi, la folie je parle » d’Erasme, son  Eloge de la folie.

Notes:
  1. lire à ce propos : 1/ cet entretien avec Jacques-Alain Miller ( n’est plus sur le site de http://www.elp-debates.com/, il s’agissait d’un entretien de jacques-alain miller publié par le Monde.) 2/ Peut-être à Vincennes, 22 oct. 1978
    « Comment faire pour enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? voilà ce dans quoi Freud a cheminé. Il a considéré que rien n’est que rêve, et que tout le monde (si l’on peut dire une pareille expression), tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant.
    C’est bien ce qui  se  démontre au premier pas vers l’enseignement.
    Mais reste à le démontrer : pour cela n’importe quel objet est bon, il se présente toujours mal. C’est-à-dire qu’il faut le corriger.«  []
  2. « Le sujet est heureux. C’est même sa définition puisqu’il ne peut rien devoir qu’à l’heur, à la fortune autrement dit, et que tout heur lui est bon pour ce qui le maintient, soit pour qu’il se répète. » Lacan J., Télévision (1973), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 526. []

non, c’est incohérent

[ 22 décembre 2008 / 16 septembre 2009 ]

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monday morning,

je lis un article sur walter benjamin dont je ne sais rien, retenu seulement qu’il a vécu les 2 guerres. au lendemain de la première, écrit sur la pauvreté des choses qui m’intriguent. sur la pauvreté, la technicité, l’évanouissement du savoir.

j’avais eu l’idée d’écrire une lettre. en ces fins d’année, un bilan. plutôt vais-je me faire rattraper par le ménage à faire. mes ongles vernis courent sur le clavier. dans 2 jours, c’est noël. mon fils, tu auras eu une mère que vivre dérangeait. mon fils, tu auras eu une mère qui souvent aura évoqué l’idée d’un suicide familial. toi, ton père et moi. mais ton père, dois-je le dire? mon fils, ton père n’était pas d’accord. mon fils, je te le dis : je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, et ça m’embête. ça m’embête d’éventuellement te refiler ça. ma trop grande passion de la mort – ces mots ne sont pas du tout les bons. tandis que tu tonds le gazon en courant dans tous les sens dans l’appartement. je pense que les psychanalystes disent plutôt « pulsion de mort ». j’ai ça fort, chaton. ce n’est peut-être qu’une idée, mais si tu n’avais pas été, je crois que. c’est bien de te le dire. je crois que c’est mieux. c’est une sorte de détail dont tu n’auras ouï dire qu’au travers de ce qui se communique inconsciemment, et alors ça aurait pu être dramatique, mais, un détail que j’ai noté, qui ressortit de la masse, de l’incroyable incohérence et diversité du monde. je me suis souvent réjouie de la diversité, mais ce matin, je m’en sens fatiguée it does not make sense. vraiment, ça me fatigue.

je suis du côté de la perte – je ne m’en vante pas, ce n’est pas de la poésie – de la perte de savoir, de la perte du savoir, ça n’est pas un plus mauvais côté qu’un autre, mais.

or j’y tiens au savoir, mais lui ne tient pas,  à moi. je n’ai pas su si c’était névrotique (hystérique) ou si c’était, comment dirais-je « congénital », non, « physique », non… au fond est-ce que ça change quelque chose?

à quoi d’autre tenir qu’au savoir ? il n’est rien d’autre à quoi tenir. à quoi s’accrocher. et aux petites choses de la vie quotidienne. elles vous récupèrent. enfin, le savoir a toutes les apparences d’être ce à quoi on peut tenir ; je ne tiens à rien. à toi, à frédéric – qui by the way aura frisé la maladie mortelle, ce week-end. (il y avait la maladie mortelle, lui l’a frisée.)

toi, tu tiens sans savoir, c’est ce qu’essaye de dire benjamin, walter benjamin. tu es le barbare de benjamin. mais c’est faux. ou c’est incomplet. mais tu es certainement encore dans l’avant quelque chose, d’autre.

tu me demandes d’aller au square, je te l’ai promis hier, allons-y, alonzo.

tu ne vois pas ce que j’entends par « savoir », tu verras petit à petit, tu verrras,

nous voilà revenus du square. tu écoutes star wars. je range quelques bibelots.

« Il lui est étranger que la caserne à louer, aussi terrible soit-elle comme logement, a créé des rues dans les fenêtres desquelles s’est reflété comme nulle part ailleurs, non seulement la souffrance et le crime mais aussi le soleil du matin et du soir dans une triste grandeur, et que l’enfance du citadin a de tout temps tiré de la cage d’escalier et de l’asphalte des substances aussi indesctructibles que le petit paysan de l’étable et des champs« .1

(non que j’aime cette « triste grandeur », l’expression, mais. il y a quelque chose, et ces escaliers :

de la cage d’escalier de l’asphalte des substances indesctructibles )

« Comment considérer la pauvreté autrement que sous le seul aspect du manque et de ses tristes corollaires, la nécessité soit de le combler, soit de le supporter ? Or, on l’a vu, pour répondre à cette question, il ne suffit pas de « prendre le parti » du pauvre. Il faut bien plutôt rejoinde la pauvreté qui conditionne déjà nos existences et montrer en quoi celle-ci peut être une ressource : un moyen de connaissance, un effort, dont les aspirations et la diversité sont irréductibles à l’aliénation d’une vie soumise à l’économie. »2

Frankenstein Studiolo
Notes:
  1. revue lignes n° 11, p. 118, article de antonia birnbaum, « faire avec peu », les moyens pauvres de la technique. []
  2. Ibid. p. 119. []