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des suites de la lecture du Refus (et l’idée d’en finir)
[ 27 février 2008 / 24 novembre 2008 ]non, je ne sais plus, ce qui tant m’a marquée, à la lecture du Refus. je retrouve ce mail, que je n’aurais pas écrit, certainement, si je ne ne l’avais lu. ce livre qui m’aura parlé de l’écriture. ramenée à son amour. au travers duquel j’allais vers cette reconnaissance, la reconnaissance de cet amour. je ne suis pas très forte, à ça, reconnaître à quoi je tiens. c’est un livre qui, me semble-t-il, parle de l’impératif que peut comporter l’écriture, de l’impérieuse nécessité d’écrire et de ce qui ne passe qu’à l’écriture. qui parlerait de l’impérieuse singularité de l’écriture.
:::JD :::20/12/07:::15:56 +0100:::Re: RE: suite:::
je lis en ce moment un livre extraordinaire, de imre kertesz, « le refus ». dans le paragraphe sur lequel je me suis endormie hier il était question de l’honneur :
« Il lui semblait avoir tenu bon, avoir bien défendu quelque chose, mais quoi ? Le mot jaillit en lui : son honneur. Mais, se demanda-t-il avec stupéfaction, comme s’il avait trébuché sur un obstacle imprévu, c’était quoi, son honneur ? »
très solitaire, aussi bien dans ma vie que dans mon travail, je me suis rendu compte, à lire cet auteur, Imre kertesz, que je découvre récemment, avidement, également ce livre intitulé « être sans destin » lu juste auparavant, que dans cette solitude je cultive certaines sortes de grands sentiments dont je ne sais hélas plus que faire dans la « vie réelle » – aussi me semble-t-il souvent que je me trahisse ou que je sois lâche. je vous dis cela voyez-vous, parce que j’ai été si peu consultée, si peu tenue au courant de ce qu’il allait advenir de mon travail, celui fait sur wordpress, dont vous avez eu tout de suite l’air de dire qu’il ne valait rien ( ce ne sont bien sûr pas vos termes, mais c’est ainsi qu’in fine j’en suis venue à interpréter vos propos ; il va sans dire que vos propos seuls ne sont pas impliqués, mais la situation générale), que j’éprouve le besoin, non probablement de « sauver mon honneur » – parce qu’en ce qui me concerne, j’en reste à un : « ça serait quoi, mon honneur ? » – , mais de vous dire que j’existe, malgré que je me suis si mal comportée pour défendre mon travail et que mon désir de le conserver m’ait conduite, à laisser ouvertes certaines portes que j’aurais mieux fait de faire claquer avec pertes et fracas.
je m’en serai tenue à vous envoyer ces petits signes, minuscules, ridicules : des mails où je ne vous envoie ni de « cher monsieur », que je ne signe pas, où je n’inscris aucune formule de politesse·
comme nous n’aurons jamais l’occasion de nous rencontrer, et puisque internet le permet, ces mots souvent trop vite envoyés, je vous redis seulement : j’existe. et je sais aussi que vous existez. président de […].
c’est bizarre, non, que je vous envoie cela. moi aussi, je le trouve. je ne le fais pas du tout pour vous agresser, c’est même plutôt le contraire. vous m’envoyez du « bien cordialement », je vous envoie une petite histoire,
avec mes respects,
jd
« Travaillez, faites l’apprentissage de la vie, ouvrez vos yeux et vos oreilles, accumulez de l’expérience. Ne croyez pas que nous ayons renoncé à vous et à votre talent. Cette porte », son bras se tendit et montra quelque chose dans le dos de Köves, sans doute la porte, « cette porte, vous verrez, s’ouvrira encore devant vous.
– C’est possible », dit Köves en se levant d’un bond.
En même temps que l’espoir (si espoir il y eut), sa patience le quitta, la patience envers tout ce qui ne l’intéressait plus du moment que ce n’était ni son obligation, ni même sa liberté. « C’est possible, mais moi, je ne la franchirai plus ! »
Les livres ou la vie (1)
[ 1 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]Le brouillard ayant envahi mon esprit, brouillard blanc où je distingue quelques panneaux lumineux, dont celui qui comporte les mots « IMRE KERTÉSZ », je décide, sans en savoir plus, de racheter aujourd’hui Être sans destin, prêté déjà, et que je ne risque pas de revoir avant longtemps. Le racheter, le relire, à cause de la forte impression qu’il m’a faite dont ne me reste qu’un souvenir flouté.
A propos d’I. K., me serait-il possible en ce moment d’en dire plus ? Se concentrer.
L’écriture.
J’aurai le lisant compris que j’accordais à l’écriture, aux livres, bien plus d’importance qu’à « la vie ». (Je ne rapporte ici que ce que j’arrive à en rapporter, de ce que j’aurai alors compris, maigre moisson, constatai-je, maigre moisson, au regard des souvenirs dont je suis sûre : ce que j’avais cru comprendre alors m’avait laissée bouleversée, pendant des semaines.)
Cet autre souvenir : je demande à D, dont c’est la spécialité, si elle me croit atteinte de bovarysme. À mes explications, elle répond que c’est certainement là l’un des noms de ma maladie. Je lui demande quoi faire. Elle me dit que je ne peux rien faire d’autre que de l’accepter.
Je me souviens également avoir été saisie par la nécessité de prendre cet amour qui se révélait de moi, de façon éclatante, au sérieux. Cet amour pour les livres, pour l’écriture, il me fallait l’assumer, le revendiquer. Il ne s’agissait plus de laisser dans l’ombre, une ombre honteuse. Le porter au grand jour.
C’est intéressant.
Il allait s’agir de faire en sorte que soit la vie qui soit atteinte par les livres. Il faudrait que le sérieux des livres se propage par contagion à la vie. Il ne s’agirait plus de vivre une vie amputée du sérieux des livres. Je ne peux m’empêcher de songer ici à la formule de Lacan concernant l’aliénation. La mienne s’écrirait : « Les livres ou la vie ». Que vous choisissiez l’un ou que vous choisissiez l’autre : vous n’aurez jamais les deux. Vous n’aurez jamais que l’un amputé de l’autre. Telle en tout cas me sera apparue ma vie à ce moment-là, sa difficulté : amputée des livres. Dans les livres, j’étais sans la vie, dans la vie, j’étais sans les livres.
Comment le dire : j’aime le sérieux et la passion des livres et je reproche à la vie de ne jamais rien m’offrir de pareil. Et m’est-il apparu que simplement, ma vie serait-elle écrite, je l’aimerais. Passionnément peut-être même. Pourquoi je me force aujourd’hui à cet exercice.
Et raison pour laquelle je me suis sentie autant emportée, emballée, quand j’ai écrit ce mail à XY. Je lui parlais là de la seule façon dont il me semble valoir la peine de parler. Plus exactement, je m’adressais à lui, de la seule façon… Les intérêts que je mettais en jeu étant les seuls ceux qui m’intéresse. Mon compagnon, F., y vit à redire : « Tu ne peux pas ainsi t’adresser à un concurrent ». Je lui répondis que ma décision se trouvait là, ne renoncer à m’adresser à quiconque dans mon style à moi, dans ce qui était important pour moi. Bien sûr, il est bien possible qu’il ait eu raison, et que si cet homme me répondit de façon charmante, c’était probablement pour m’amener à lui fournir les renseignements dont il avait besoin pour que le travail qu’il avait à faire, de reprendre mon boulot, pût se faire à moindre coût. Qui donc mieux que moi pouvait défaire ce que j’avais fait.
Les livres ou la vie (4) – La lettre perdue
[ 6 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]De la réunion à l’intersection, de l’aliénation à la séparation. Dans l’aller vers la séparation.
Lacan Jacques, Séminaire XI, p. 194
Tandis que le premier temps [l’aliénation] est fondé sur la sous-structure de la réunion, le second est fondé sur la sous-structure qu’on appelle intersection ou produit. Elle vient justement à se situer dans cette même lunule où vous retrouverez la forme de la béance, du bord.
L’intersection de deux ensembles est constituée par les éléments qui appartiennent au deux ensemble. C’est ici que va se produire l’opération seconde […] Je l’appellerai, introduisant ici mon second nouveau terme, la séparation.
Nous y sommes, m’étais posée la question de ce qu’il y aurait eu dans l’intersection des Livres et de la Vie. Ce qu’ils auraient eu en commun.
Je reprends mon petit schéma :
Dans l’intersection, la « lunule », ce qui est commun à la vie et aux livres, d’instinct, à la va-comme-je-te-pousse, je dirais la lettre. (Ce qui se perd, ce qui se récupère, la lettre, le réel de la lettre.)
Les livres ou la vie (5)
[ 9 mars 2008 / 25 juin 2008 ]Aussi, encore, il restera à (re)trouver, décrire, ce qui dans Imre Kertesz m’a menée à ces… constatations. Et puis, aussi, il faudra, mais ça ce sera beaucoup plus difficile, et peut-être que ça ne sera pas possible, retrouver ce qui m’a amenée à penser que – mais qu’était-ce donc, et je me demande si je ne l’ai pas écrit, quelque part, franchement, ça serait souhaitable, car il ne me reste rien, vraiment, sinon ces termes : « après Auschwitz ». Et peut-être : « Ecrire après Auschwitz ». Mais non, ça n’est pas ça. Est-ce que ça va revenir ? Est-ce que ça peut revenir ? Est-ce que ça doit revenir ?
Il y a eu une nuit très dense, très insomniaque, où je me suis levée finalement. Et j’aurai essayé d’écrire quelque part, quelque chose à ce propos. Une lettre. Voilà, c’est ça. C’était ça, la grande terrible idée, écrire à Imre Kertesz. En ai-je eu des nuits à lui écrire, en pensée. C’est là que je me suis rendu compte, de l’importance, pour moi, des lettres. Ces lettres non-écrites. Pensées.
Et, il y a eu le grand chambardement, mais c’est une autre histoire, et c’était avant ça, de la passe de JAM (Jacques-Alain Miller).
Les livres ou la vie (6)
[ 11 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]J’ai retrouvé l’ébauche de lettre à Imre Kertesz
A I. K.,
de ce livre qui a écrit A., Être sans destin, l’écriture peut commencer. depuis ce livre, depuis A. l’écriture devient possible. (redeviendrait)
A, Auschwitz.
3 janvier 2008 – 2:52
De même qu’une note à propos du rêve qui s’en est suivi :
« des rêves de cette nuit, un seul mot retenu : « kertezsionisme » (!) »
Je n’ai plus la moindre idée de ce qui a pu m’amener à penser ça. plus rien.
les lettres ou la vie (7) – correspondance-matière (et être l’être perdue)
[ 11 mars 2008 / 24 novembre 2008 ]c’est peut-être bien vrai que ce sont les lettres qui me rendent folle pensais-je ce matin, au réveil, les CORRESPONDANCES. écoutez, c’est drôle, je me suis rendu compte de ceci ( c’est vrai que je n’arrête pas de me RENDRE COMPTE de trucs, et peut-être bien possible que je ne cesse de me rendre compte des MÊMES trucs, qui plus est, que j’oublie, ensuite, et qui me reviennent, plus tard, comme venus de nulle part – OUBLI – mais comme vous aussi, vous aussi, vous oubliez, OUBLIEZ), les hommes que j’ai connus, cela s’est fait :
soit au départ d’une correspondance
soit parce qu’ils m’ont vue danser
( parfois même, il y a eu les 2, ils m’ont écrit après m’avoir vu danser)
ceci viendrait à la suite de ce que j’écrivais là, à propos de la lettre perdue : à penser que je la retrouve, dans la correspondance, je me mets à aimer, j’entre en amour ( quant à LA DANSE, à croire qu’il y a en moi quelque corps-respondance – être l’être perdue, être l’être perdue, être l’être perdue, être l’être perdue, comme un halètement).
(ici c’est : écrits posthumes, lettres pour la mort.)
je me définirais comme une ratée de la psychanalyse
[ 12 novembre 2008 / 1 février 2009 ]12 nov.
10:00. dix heures pile. follement triste.
mercredi, dix heures, pile, follement.
tout à l’heure c’est j.a.m., à 13h45, je crois. je n ‘écris plus pour personne, maintenant.
j’ai du travail, je suis en retard. je ne m’en sors plus.
sur une carte postale écrire : «je suis une ratée de la psychanalyse.» n’avoir personne à qui l’envoyer.
11:31. vous voyez bien qu’à peu près tout fait mal.
je n’ai pas d’expert-comptable, pas non plus de comptable, mais oui, il m’en faut, un. même si je ne gagne rien, et ne fais rien pour. et n’arrive à rien faire pour.
13 nov.
il pense qu’il faut se sacrifier pour ses enfants, moi pas. moi surtout pas.
oui, mais, j’arrêtais de fumer. j’ai repris.
non, le manque de nicotine n’est pas seul en cause, probablement, non. pour ce qui est des brusques sautes d’humeur. oui. certainement.
(il n’y a plus moyen de rien faire avec wordpress, maintenant. parenthèse technique.)
la lettre, les lettres, et la psychanalyse. ladite passion létale.
les affinités de la lettre et de la psychanalyse. fatales affinités.
14 nov.
c’est très mystérieux. ce qui m’arrive.
c’est bloqué – c’est dans la façon dont c’est bloqué que se situe le mystère.
je lis quelqu’un de très bien en ce moment. un auteur dont j’ai oublié le nom. salmigondis. le titre. je crois. de Gilbert Sorrentino (un petit tour sur le net, et hop).
Mot de l’éditeur sur « Salmigondis » de Gilbert Sorrentino
Bien qu’un «mulligan stew» soit une sorte de ragoût irlandais composé de tout ce qui tombe sous la main du cuisinier, le roman de Gilbert Sorrentino n’est ni «aussi mystique que l’Irlande» ni «aussi frais que la brume maritime». Ce livre légendaire, publié en 1979, dans la lignée directe de Sterne, de Joyce, de Beckett, rassemble plus ou moins toutes les techniques littéraires pour les parodier. Pour reprendre les mots de l’auteur sur son livre: «Il s’agit d’un monde abstrait. Il ne reflète rien, n’imite rien, il n’est pas le miroir de la réalité. Il est, en termes de littérature, une réalité, et c’est tout. C’est un peu comme s’il se trouvait dans une boîte sans air dans une espèce de vide. J’espère que, dès que quelqu’un aura mis le pied dans le livre, il se trouvera dans un autre monde.»
j’écris dans ce blog, aussi, très peu, en m’abstenant de publier.
je teste cet outil qui permet de travailler offline. et surtout qui est moins tâtillon que ne l’est devenu wordpress, avec toutes les façons qu’il fait pour chipoter au code. c’est insupportable. il n’y a même plus moyen d’ajouter des espaces blancs. j’ai passé des heures et des heures à essayer de contourner, empêcher ses travaux de ré-écriture : rien n’y a fait. le hasard m’a conduite à tester cet outil : Zoundry Raven. et d’ailleurs aussi windows live writer.