Articles comportant le mot-clé "fin d’analyse"
extraits du dernier cours de jacques-alain miller (19 mars 2008)
[ 24 mars 2008 / 30 mars 2010 ]l’analyse se sert de la métaphore paternelle pour résoudre la question de la jouissance, elle se sert de la métaphore paternelle et disons de son bataclan conceptuel habituel pour tamponner l’énigme de la jouissance et la faire virer au sens, mais ça n’est […] qu’une duperie. avoir recours à la métaphore paternelle ça n’est qu’une duperie au regard de l’énigme d’une jouissance qui exclut le sens.
alors, c’est là où Lacan, sur la fin de l’analyse, n’a pu dire que ceci […] que la fin de l’analyse, c’est une construction de l’analysant. c’est le sens de sa question : qu’est-ce qui pousse quiconque à s’hystoriser de lui-même surtout après une analyse ? qu’est-ce qui pousse un analysant à narrer son analyse, à en faire un récit qui ait du sens, surtout après une analyse – ce qui veut dire que l’analyse devrait lui avoir appris ce qui, de la jouissance, exclut le sens.
donc pourquoi tramer un récit qui rendrait compte, dans le sens, de la fixité de la jouissance ? […]
ca laisse ouvert un ordre de récit qui est néanmoins concevable à condition de préserver sa propre incomplétude. le récit de passe, tel que Lacan le fait miroiter sans en donner les coordonnées, c’est un récit qui doit comporter essentiellement le caractère de l’allusion, de ce qui n’est pas dit en plein, ni en direct, mais un récit qui traduit le contournement de ce qui, au gré du sens, apparaît comme un vide.
de la vérité à la satisfaction
[ 1 avril 2008 / 29 novembre 2008 ]Extraits du dernier cours de Jacques-Alain Miller (mercredi 26 mars)
… la fin de la psychanalyse … beaucoup plus fuyante
… tout dernier enseignement de Lacan, met en cause l’interprétation de la psychanalyse comme expérience de vérité et qu’il semble introduire la psychanalyse comme expérience de satisfaction. La satisfaction n’apparaît pas, n’apparaît plus comme un obstacle à la découverte de la vérité. En particulier, la satisfaction du symptôme n’apparaît plus comme un obstacle à la découverte de la vérité. Mais c’est la satisfaction elle-même qui apparaît comme une fin.
… « L’Esp d’un laps » … Le texte commence par une récusation de la fonction de l’attention : il commence par dire qu’il suffit qu’on fasse attention à ce qui est dans l’inconscient pour qu’on sorte de l’inconscient. … Et j’isole cette maxime qu’y formule Lacan en disant : Il n’y a pas de vérité qui – virgule – à passer par l’attention, ne mente.
… Et donc Lacan nous prévient de garder l’accent de vérité à sa place, c’est-à-dire à la place où la vérité surprend l’attention, où elle passe, où elle fuse comme un lapsus, que dire la vérité c’est toujours un acte manqué.
… Le déchiffrage c’est une pratique, la pulsion c’est une élucubration – d’ailleurs Freud l’amène comme ça, comme un mythe.
… La sublimation ne repousse pas la pulsion, la sublimation procure une voie artificielle à la satisfaction de la pulsion. C’est-à-dire, elle consiste essentiellement dans l’investissement libidinal d’un substitut au but naturel de la pulsion…
Comment est-ce que, à la fin de l’analyse, le sujet supposé savoir est marqué d’un désêtre, pour permettre l’émergence de l’objet petit a ? Lacan, dans sa « Proposition », dit : C’est un virage. C’est un virage de l’être inessentiel du sujet supposé savoir au réel.
…. Avant le virage de son tout dernier enseignement on peut dire que Lacan formulait : Il n’y a de réel que par la logique. On n’isole le réel que par l’impossible, et l’impossible ne peut être déterminé que par la trame d’une logique. Et donc, la parole du patient, même si elle paraît liquide, cette parole est habitée par un algorithme invariable, qui doit conduire à l’émergence de l’objet petit a.
Cette conviction on peut dire est celle qui est mise en question dans le tout dernier enseignement de Lacan. La notion même de cet algorithme est ébranlée par la notion, mise au premier plan, qu’on ne peut que mentir sur le réel, qu’il y a une inadéquation du signifiant au réel.
… incompatibilité du désir avec la parole / l’incompatibilité de la jouissance avec le sens.
… L’analyse est donc moins l’attente de l’émergence d’une vérité que l’attente d’une satisfaction qui convienne. Et, d’une certaine façon, c’est par après que l’obtention de cette satisfaction donne lieu à l’élaboration d’une vérité.
… il me semble que l’analysant que nous présente Lacan – c’est comme ça qu’il a interprété l’analysant, et spécialement l’analysant à la fin de l’analyse -, il a à construire, et il n’y a de fin de l’analyse qu’à la condition que l’analysant construise.
… à l’époque de la psychanalyse liquide, la fin de l’analyse dépend d’une décision de l’analysant, c’est-à-dire, elle dépend de sa capacité à assumer cette fin comme une feinte cause – je ne dis pas sainte cause -, comme une feinte cause, où il ne s’agit pas tant de la dire, ou de ne pas la dire, mais – je reviens à ce mot – d’y faire allusion.
« du nom à la nomination »
[ 1 décembre 2008 / 1 février 2009 ]Le nom dont il s’agit dans le propos de Lacan, c’est le nom propre, celui qu’il tient de l’Autre, celui qu’il a dans l’Autre. C’est le nom qui lui est conféré dans l’Autre par le Nom-du-Père. C’est le nom comme donné et comme reçu. C’est un nom qui a été donné au sujet, qui le précède. Il s’agit alors, dans cette perspective, de le révéler dans l’analyse. Il s’agit de savoir comment le sujet a entendu dans lalangue le nom qui lui a été donné dans la langue de l’Autre. La particularité de ce nom, de cet entendu, de ce malentendu est de se corréler à un plus-de-jouir qui témoigne du registre dans lequel le sujet jouit de lalangue. Son nom se corrèle à l’objet a dans ses incarnations diverses et, selon la clinique du cas, toujours en quelque façon composé. Ce qui s’écrit S1-a. La coalescence du signifiant et de la jouissance a son lieu électif dans le nom propre. C’est ce dont la clinique analytique témoigne à l’envi. Que ce nom soit celui de l’état civil ou son nom dans sa famille, un surnom, un diminutif, un sobriquet, parfois la façon dont le sujet s’est lui-même nommé quand il a commencé à parler, ce nom imprime une marque indélébile, d’être une marque de jouissance.
[…]
Dans cette perspective, la fin de l’analyse est une nomination, à partir du symptôme, en dérivation du symptôme, et en même temps en rupture avec le symptôme. C’est bien un acte, une rupture d’avec l’Autre. C’est l’invention, par le parlêtre, du sinthome comme nom propre.
Du Nom à la nomination, Jean-François Cottes, Lettre mensuelle n° 253, décembre 2006
2235 (abracadabra; comment j’ai tout bien nettoyé aujourd’hui)
[ 31 janvier 2009 / 30 mars 2010 ]la cigarette me manque incroyablement, depuis un jour ou deux. frédéric est au concert. jules dort. je suis dans mon bureau avec la bouteillede vin blanc portugais pétillant. j’ai bien aimé ces trains, regardez http://theartofmemory.blogspot.com/2009/01/trains-in-cinema-part-5.html. regardez ! et puis, il y a ça, qui n’est pas mal. c’est une adresse provisoire. je ne suis même pas sûre d’être autorisée à la diffuser. mais bon. pour le moment, c’est là: http://bram.org/textdynamics/cnes/index-ecritures.php après, ça sera là http://bram.org/textdynamics/cnes/index.php. à explorer. pour ma part, il faut encore que je m’habitue à lire sur écran. j’ai du mal. les gens que je commence à connaitre, ça va, je veux dire ça va, j’arrive à les lire facilement, l’intérêt m’aide.
[ bon, j’ai changé le template. c’est sobre. le titre aussi. sobre. sobriété. (template, je m’y suis décidée à cause de ça : http://www.smosch.com/, car ça, positivement, ça me fait rêver et on peut rêver et je n’ai rien contre les bourgeois moi les bobos et je n’aime pas le design mais tout cela vous a un air, de netteté, d’adéquation. de précision. qui me fait. en vrai, même comme bobo, je suis ratée. mais j’aime bien regarder. est-ce que j’ai l’air au moins un tout petit peu smosch, maintenant. ) ]
ça me fait penser que je lisais hier soir le dernier cours de jam, la vérité d’une analyse : qu’elle soit ratée.1 je vous dis ça c’est entre nous de vous à moi c’est à dire nulle, rien, part, je me demande si c’est pas ce gars-là que je devrais appeler. car il me fait un effet boeuf de l’effet.
je ne suis plus sur facebook, sinon, j’aurais pu vous dire à quel concert frédéric est. minitel? oui oui, c’estça. j’ai dit : hm, j’ai déjà vu. eux, les gens du groupe, je les trouve sympas, faut les réinviter, mais. les concerts. àvraidireaussiseulequejesoispendantoutelasemaine j’apprécie lessoiréesseule pendant le week end; ça me rappelle le passé. j’écris les mots tout attachés pour qu’on entende que je pense très vite et tout attaché mais comme ça devient moins lisible je crains que les gens ne sautent et/ou ralentissent au contraire le rythme de leur lecture. ceci est écrit très vite, car je tape très vite à la machine. j’écris aussi les mots tout attaché pour faire formule 1), car j’aime parler avec des formules, j’aime les formules (car je suis formuller). les formules c’est magique c’est des mots de fée et ça ne veut rien dire mais ça marche. or malheureusement je n’ai pas le sens moi de la formule si bien que je suis obligée d’en passer par de semblables artifices. des belles formules : là : http://mfx.dasburo.com/art/truisms/ truismes de jenny holzer:
the unattainable is invariable attractive the new is nothing but a restatement of the old sometimes things seem to happen of their own accordmurd a relaxed man is not necessarily a better man disgust is the appropriate response to most situationsextreme behavior has its basis in pathological psychology politics is used for personal gaincrime against property is relatively unimportanter action causes more trouble than thoughthas it disgust is the appropriate response to most situationssmost people are not fit to rule themselves sexu most people are not fit to rule themselvesal sideideals are replaced by conventional goals at a certain ageselflessness is the highest achievementeating too much is criminalholding back protects your vital energies it’s better to study the living fact than to analyzelow expectations are good protection history freedom is a luxury not a necessity fathers often use too much forcepursuing pleasure for the sake of pleasure will ruin you extreme behavior has its basis in pathological psychologyit is heroic to try to stop timedon’t place to much trust in expertsa man can’t know what it is to be a motheroccasionally principles are more valuable than peopleoccasionally principles are more valuable than peoplethe most profound things are inexpressibleyou must know where you stop and the world beginsdreaming while awake is a frightening contradictionviolence is permissible even desirable occasionallyunquestioning love demonstrates largesse of spiritgiving free rein to your emotions is an honest way to livebeing sure of yourself means you’re a foolexpressing anger is necessaryanimalism is perfectly healthypain can be a very positive thingsometimes science advances faster than it shouldstasis is a dream statethreatening someone sexually is a horrible actrandom mating is good for debunking sex mythsself-awareness can be cripplingchasing the new is dangerous to societyin some instances it’s better to die than to continue starvation is nature’s wayyou should study as much as possibleyour oldest fears are the worst oneswar is a purification riteambivalence can ruin your lifeignoring enemies is the best way to fightpotential counts for nothing until it’s realizedunique things must be the most valuablemonomania is a prerequisite of successdecadence can be an end in itselfambition is just as dangerous as complacencyaction causes more trouble than thoughtfake or real indifference is a powerful personal weapondeviants are sacrificed to increase group solidaritydecency is a relative thingit’s important to stay clean on all levelspeople who don’t work with their hands are parasitespeople are boring unless they are extremistsremember you always have freedom of choicethere are too few immutable truths todayanimalism is perfectly healthyanimalism is perfectly healthyhere’s nothing except what you sensekilling is unavoidable but nothing to be proud ofredistributing wealth is imperativeredistributing wealth is imperativethere are no absolutesa solid home base builds a sense of selfold friends are better left in the pastmen are not monogamous by naturedying and coming back gives you considerable perspectivehumor is a releasestrong emotional attachment stems from basic insecuritypeople who go crazy are too sensitiveself-awareness can be cripplingrecluses always get weakpush yourself to the limit as often as possiblepeople are responsible for what they do unless they are insanesolitude is enrichinghiding your emotions is despicableto volunteer is reactionaryautomation is deadlymonomania is a prerequisite of successmurder has its sexual sidechildren are the hope of the futurehabitual contempt doesn’t reflect a finer sensibilityexpiring for love is beautiful but stupidanything is a legitimate area of investigationstupid people shouldn’t breedkeep something in reserve for emergenciesa single event can have infinitely many interpretationsit is man’s fate to outsmart himselfstasis is a dream stateworrying can help you prepareto volunteer is reactionarya sense of timing is the mark of geniusspending too much time on self-improvement is antisocialelaboration is a form of pollutionthe idiosyncratic has lost its authorityany surplus isbeing alone with yourself is increasingly unpopular immoralrepetition is the best way to learnautomation is deadlyautomation abuse of power comes as no surprisedependence can be a meal ticket
[extraits de truismes de jenny holzer,
bises
- bon, les mots exacts c’est : Et la passe du parlêtre, ça n’est pas le témoignage d’une réussite, c’est le témoignage d’un certain mode de ratage. mais je ne suis pas sûre qu’il récuserait ma formulation. [↩]
passe, fin d’analyse et satisfaction
[ 25 novembre 2009 / 30 mars 2010 ]J.-A. Miller nous dit que « le passant de la doctrine classique (celle de la passe de la Proposition de 1967) est supposé témoigner d’un savoir, (…) alors que, à la fin de son enseignement, ce passant-là ne peut témoigner que d’une vérité menteuse. » (Cours du 21 janvier 09)
Deux modalités de la fin de l’analyse sont présentes dans l’enseignement de Lacan :
- « La passe classique », c’est celle qui pense l’inconscient comme savoir. A la fin de l’analyse, ce dont témoigne l’analysant, c’est d’un temps qui va du début à la fin de l’analyse comme clôture de l’expérience.
- « La passe du dernier enseignement de Lacan » porte sur l’inconscient, non plus comme savoir mais comme jouissance. « Lacan a d’abord cherché à enserrer cette jouissance dans l’objet a. Puis il a, dans le séminaire XX, introduit un espace amorphe, où il a mis un grand J, pour démentir qu’on puisse l’enfermer ainsi ».
(Cours du 14 janvier 09)
D’un côté nous avons l’inconscient transférentiel, le sujet supposé savoir, la vérité et la structure de fiction qu’elle soutient.
De l’autre nous avons l’inconscient réel, la jouissance opaque, le sinthome, la satisfaction de la fin d’analyse. « La question est moins de savoir ce qui a été extrait de jouissance, ce qui a été extrait du fantasme, en termes d’effets de vérité, en termes de savoir, que de dire la satisfaction que j’ai réussi à extraire de mon mode de jouir. Car mon mode de jouir est ce qu’il est. » (Cours du 11 février 09).
A la certitude de la fin de l’analyse dans la passe classique, fait place la satisfaction.
Une question et une ouverture.
Que signifie cette satisfaction ? De quoi est-elle l’indice ? Qu’est-ce qui peut satisfaire l’analysant au point qu’il veuille témoigner de cet allègement, de l’irréductible de son mode de jouir qui aurait perdu pour lui sa valeur de prison ?
Il me semble que de tels témoignages, élucidant ce moment particulier où l’analyse conduit un analysant à extraire de sa jouissance, une telle satisfaction lui permettant de vivre avec son sinthome, nous n’en avons pas de savoir préalable. D’autre part, dès lors que cette satisfaction ne se démontre pas, il me semble que la fin de l’analyse n’est plus affaire de temps logique, mais de décision du sujet. La logique de la clôture de l’analyse n’est plus liée à l’expérience de la chute du Sujet Supposé Savoir, ni à la traversée du fantasme, elle est liée à « la nouvelle alliance que le sujet peut faire avec sa jouissance ». (Cours du 1° avril 09)
[…]
La procédure de la passe devrait être ce lieu où se travaillent ces questions de fins d’analyse. La question de la passe pourrait sérier ces sorties, tenter de repérer la place qu’occupe un sujet dans la responsabilité qu’il a de son analyse, du ratage que constitue le temps du déchiffrage. Il s’agirait alors de repérer la transmission qu’il peut faire de l’abord de son rapport à la jouissance, et de la façon dont il s’est distancié de son mode de jouir, des effets sur lui, de ce que Lacan a renommé comme cause du langage, la jouissance. Et de nouer ces temps de l’analyse qui ne sont pas opposables, mais au contraire, fixés par les signifiants de jouissance qui l’ont constitué comme parlêtre.
Journal des Journées n° 62, La passe n’est plus une, Hélène Bonnaud