Articles comportant le mot-clé "politique"

(vie privée et politique)

[ 23 mars 2008 / 6 mars 2009 ]

( La «vie privée» n’est rien d’autre que cette zone d’espace, de temps, où je ne suis pas une image, un objet. C’est mon droit politique d’être un sujet qu’il me faut défendre.)

Parenthèse de Roland Barthes dans La chambre claire, p. 32

où roland barthes parle d’une façon très très proche de celle de gérard wajcman, qui lui il est vrai parlait de l’intime :

… l’espace où le sujet peut se tenir et s’éprouver hors du regard de l’Autre. Un espace en exclusion interne, une île, ce qu’on nomme à l’occasion le chez-soi, où le sujet échappe à la supposition même d’être regardé. C’est la possibilité du caché. […] Je dirais qu’il n’y a de sujet que s’il peut ne pas être vu.

lettres du vent

[ 20 janvier 2009 / 27 janvier 2009 ]

Ceci n’est pas une nouvelle note.

Wacjzman s’est trompé. 1

L’intime, le privé qui passe au public, ce n’est pas le droit d’avoir une vie privée qu’un artiste exerce : c’est la fin de l’intime.  La fin du privé. L’annulation. C’est aller loger l’Autre, celui qui n’existe pas, et parce que cette inexistence est intenable, quelque part dans le public. Quelque part au-delà. Au-delà de la réalité immédiate, au delà du partenaire amoureux – puisque l’intime concerne le moment du sujet où il est sexué.

Trop de voiles levés sur la vie privée, pour élever une scène publique,  en constitue un déni  ( et que cette scène à l’occasion révèle quelque fantasme ne fait qu’apporter de l’eau au moulin. Lequel n’a qu’une envie :  tourner, pas faire du pain).

Spectacle.

Pendant ce temps la belle meunière dort. (Dort,  rêve de mordre). Et son moulin va trop vite.

Notes:
  1. Si je me souviens bien de l’article que j’ai quelque par cité, et largement, dans ce blog, « Les frontières de l’intime ». Et si je me souviens mal, c’est pas grave. Tant il est vrai qu’il me plaît d’affirmer que Wajczman, Gérard, a tort. []

la politique du symptôme, la politique de l’autruche

[ 17 novembre 2009 / 27 mars 2010 ]

« Cet engagement-là relève d’une décision politique, non pas de la politique du symptôme qui est la politique de l’autruche : avoir pris acte d’un réel, mais en même temps refuser d’en tirer les conséquences. Et, en particulier, croire qu’il y en a un, au moins un, qui le fera pour nous. La politique du symptôme – politique du pire parce que c’est celle du père – comporte la croyance à l’Autre : qu’il soit gentil ou méchant, détesté, ignoré ou aimé, est secondaire au regard du fait de le faire consister. L’affect – colère, tristesse, etc., naît en ce point-là où l’Autre se remet à exister. Le trop dont on pâtit – le pathos -, c’est le moment où au lieu de consentir à lâcher sur la jouissance, le sujet préfère faire consister l’Autre et se faire croire qu’il existe. Un nouveau tour est alors nécessaire pour cesser d’y croire, et retrouver la voie du partenaire inhumain – partenaire symptôme des uns et partenaire ravage des autres – plutôt que la voix d’un Autre qui intime l’ordre de jouir du silence de la pulsion de mort. »
Agnès Afflalo, Journal des Journées n° 58

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~ roirs, oldies, pinions, oi

[ 23 février 2010 / 24 mars 2010 ]

de retour d’assenois depuis dimanche. vie douce.

photos, photos,  je pensais  « nourriture pour les souvenirs », mais je n’avais rien oublié. non plus l’odeur.

~

l’opinion (« politique ») des gens / y tiennent parfois comme à eux-mêmes / c’est qu’ils peuvent veulent n’ont rien
à dire, d’eux-mêmes  (et qu’elle leur en tient lieu, d’eux ; les représente ; par quoi ils tentent de se rattacher à l’opinion commune à laquelle ils croient . )

alors, alors, au plus ça va, au moins j’y  accorde de l’importance, à leur
opinion (politique) / c’est-à-dire au fait qu’elle diffère de la mienne /  elle parle pour eux, d’eux – sans qu’on y
entende mais – ou presque //  leur opinion, leurs oignons  =   en quoi la politique

~

évidemment il y a ceux qui en font profession, d’avoir une
opinion politique
à eux, à moins qu’ils ne soient révolutionnaires, que leur pensée ne soit exceptionnelle, je n’accorde aucune importance, me gausserais, même, plutôt.

~

ce qu’ils font : voilà.  et s’ils ne font rien c’est encore rien : ce qu’ils sont, dégagent. un sourire, un regard, une façon d’appuyer la voix, le ton.

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Le sujet est heureux et il ne s’en aperçoit pas,

[ 25 mars 2010 / 30 mars 2010 ]

en raison de son attachement à des idéaux, à des images idéales. La cure analytique a pour effet de détacher le sujet de ces idéaux, elle lui permet de prendre ses distances tant à l’endroit du moi idéal, c’est-à-dire de l’image exaltée de sa personne, de sa puissance, éventuellement incarnée par un autre, que de l’Idéal du moi et des valeurs qui situent sa position. Une analyse conduit le sujet à donner la préférence à la jouissance sur l’idéal.

J’explique que le résultat d’une analyse est de donner le pas à petit a sur l’Idéal,

et donc l’Idéal est plus petit que l’objet a. Le sujet est conduit à donner la préférence, la dominance à l’objet a, sur l’Idéal. Tout le monde pense qu’il s’agit de donner le pas à l’Idéal parce qu’il a un grand I majuscule, pas du tout, c’est le petit, ça traduit une certaine inversion.

La prévalence de l’objet a, de la jouissance sur l’Idéal,

qui est un effet de la cure analytique, marque la société contemporaine, c’est sans doute une contribution de la psychanalyse à la société contemporaine ; en tout cas c’est ce qui fait que la psychanalyse est homogène à la société contemporaine.

La masturbation de Diogène, masturbation publique, avait une valeur subversive,

celle de montrer que ce qui compte, c’est la jouissance, pure et simple, et qu’on ne peut pas faire mieux comme monstration que l’Autre n’existe pas. L’Autre n’existe pas, en tout cas je n’en ai pas besoin. L’usage non copulatoire du phallus à des fins de jouissance solitaire est l’envers de la sublimation, laquelle suppose au contraire que l’Autre apprécie, reconnaisse, jouisse de ce que vous avez à lui présenter comme objet, production. Les analystes se répartissent entre cynisme et sublimation, les uns situant la fin de l’analyse sur le versant cynique, d’autres sur le versant sublimatoire. La sublimation introduit la fonction de la jouissance de l’Autre, alors que Diogène démontre que la seule véritable ou réelle est la jouissance du corps propre.

L’incidence politique dont il s’agirait pour le psychanalyste,

si elle peut se définir comme subversive, subversive des idéaux sociaux, n’est en tous les cas pas progressiste. L’idée qu’il n’y a pas de mieux, qu’il y a toujours une part perdue et donc si on gagne quelque part on perd sur un autre tableau, pas de progressisme.

Il y a beaucoup de considérations de la politique de Lacan au sens de la politique générale,

qui s’inscrivent dans l’ordre de la protestation romantique contre l’esprit bourgeois, et même contre l’esprit des lumières, puisque c’est avec les lumières que s’est faite la promotion des valeurs knave, la promotion des valeurs du commerce, de l’échange jusqu’à « l’enrichissez-vous ! » de Guizot, le libéralisme, le laisser faire, le culte du marché. Il y a eu une protestation romantique contre cette tendance du monde contemporain.

Le knave, c’est le coquin, le valet,

ce sont les termes que l’on retrouve chez Stendhal pour qualifier les excès de la Monarchie de Juillet, si vous relisez Lucien Leeuwen, ce sont des mots stendhaliens pour qualifier ceux qui défendent les intérêts en place, ceux qui se vouent à la défense de l’ordre du monde et des privilèges. Ceux-là se moquent du fool en lui montrant qu’en faisant l’ange, il fait la bête, alors qu’eux préfèrent faire la bête tout de suite. Eux ont le savoir que plus ça change, plus c’est la même chose, donc qu’il ne vaut pas la peine de rien changer, puisque ce ne sera jamais que reproduire du même. C’est une position vile, sans noblesse, ignoble au sens propre.

Lacan, ce qui le distingue de la protestation romantique,

c’est son absence radicale de nostalgie pour les traditions perdues. Et il se distingue par son adhésion à l’esprit des lumières, qu’il mentionnait dans la prière d’insérer des Écrits.

Oui, le père est un semblant, oui on peut s’en passer, oui la psychanalyse n’est pas une religion du père,

on peut s’en passer mais « à condition de s’en servir ». Ce principe vaut pour tous les semblants sociaux, on peut s’en passer, on ne vous demande pas d’ adhérer, mais à condition de s’en servir dans l’ordre politique. Cela définit un cynisme à la Voltaire, qui laissait entendre que Dieu est une invention bien nécessaire à maintenir les hommes dans la bienséance.

C’est une thèse, politique, que la société tient par ses semblants, ce qui veut dire : pas de société sans refoulement, sans identifications, et surtout sans routine ((curieux, non, ce choix du mot de “routine” ? )) . La routine est essentielle. La terre fondamentale qui fonde la politique de Lacan, c’est la disjonction du signifiant et du signifié. On ne saurait pas ce que veut dire quoi que ce soit s’il n’y avait pas une communauté ayant ses routines pour montrer la voie. C’est ce que Lacan énonce dans Encore. C’est la routine qui fait que le signifié garde le même sens. Ce sont nos préjugés qui nous font une assiette, nous permettent de nous tenir. ((ou voilà pq qd tu remets trop et si souvent en cause mes préjugés, je ne me tiens plus… ))

Et puisqu’il y a des semblants, choisissons les meilleurs pour vivre et laisser vivre.

Donc, tolérance, live and let live, ou pour le dire avec Virgile Trahit sua quemque voluptas, choisir les semblants qui permettent à chacun de jouir à la façon qui lui convient sans trop déranger le voisin.

Extraits de La Conférence de Nîmes par  Jacques-Alain Miller