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alors ,

[ 16 juillet 2009 / 19 août 2009 ]

croire qu’il n’y aurait que le semblant qui permette d’en découdre avec la jouissance?

catégorie: rapides| mots-clés: ,

Le sujet est heureux et il ne s’en aperçoit pas,

[ 25 mars 2010 / 30 mars 2010 ]

en raison de son attachement à des idéaux, à des images idéales. La cure analytique a pour effet de détacher le sujet de ces idéaux, elle lui permet de prendre ses distances tant à l’endroit du moi idéal, c’est-à-dire de l’image exaltée de sa personne, de sa puissance, éventuellement incarnée par un autre, que de l’Idéal du moi et des valeurs qui situent sa position. Une analyse conduit le sujet à donner la préférence à la jouissance sur l’idéal.

J’explique que le résultat d’une analyse est de donner le pas à petit a sur l’Idéal,

et donc l’Idéal est plus petit que l’objet a. Le sujet est conduit à donner la préférence, la dominance à l’objet a, sur l’Idéal. Tout le monde pense qu’il s’agit de donner le pas à l’Idéal parce qu’il a un grand I majuscule, pas du tout, c’est le petit, ça traduit une certaine inversion.

La prévalence de l’objet a, de la jouissance sur l’Idéal,

qui est un effet de la cure analytique, marque la société contemporaine, c’est sans doute une contribution de la psychanalyse à la société contemporaine ; en tout cas c’est ce qui fait que la psychanalyse est homogène à la société contemporaine.

La masturbation de Diogène, masturbation publique, avait une valeur subversive,

celle de montrer que ce qui compte, c’est la jouissance, pure et simple, et qu’on ne peut pas faire mieux comme monstration que l’Autre n’existe pas. L’Autre n’existe pas, en tout cas je n’en ai pas besoin. L’usage non copulatoire du phallus à des fins de jouissance solitaire est l’envers de la sublimation, laquelle suppose au contraire que l’Autre apprécie, reconnaisse, jouisse de ce que vous avez à lui présenter comme objet, production. Les analystes se répartissent entre cynisme et sublimation, les uns situant la fin de l’analyse sur le versant cynique, d’autres sur le versant sublimatoire. La sublimation introduit la fonction de la jouissance de l’Autre, alors que Diogène démontre que la seule véritable ou réelle est la jouissance du corps propre.

L’incidence politique dont il s’agirait pour le psychanalyste,

si elle peut se définir comme subversive, subversive des idéaux sociaux, n’est en tous les cas pas progressiste. L’idée qu’il n’y a pas de mieux, qu’il y a toujours une part perdue et donc si on gagne quelque part on perd sur un autre tableau, pas de progressisme.

Il y a beaucoup de considérations de la politique de Lacan au sens de la politique générale,

qui s’inscrivent dans l’ordre de la protestation romantique contre l’esprit bourgeois, et même contre l’esprit des lumières, puisque c’est avec les lumières que s’est faite la promotion des valeurs knave, la promotion des valeurs du commerce, de l’échange jusqu’à « l’enrichissez-vous ! » de Guizot, le libéralisme, le laisser faire, le culte du marché. Il y a eu une protestation romantique contre cette tendance du monde contemporain.

Le knave, c’est le coquin, le valet,

ce sont les termes que l’on retrouve chez Stendhal pour qualifier les excès de la Monarchie de Juillet, si vous relisez Lucien Leeuwen, ce sont des mots stendhaliens pour qualifier ceux qui défendent les intérêts en place, ceux qui se vouent à la défense de l’ordre du monde et des privilèges. Ceux-là se moquent du fool en lui montrant qu’en faisant l’ange, il fait la bête, alors qu’eux préfèrent faire la bête tout de suite. Eux ont le savoir que plus ça change, plus c’est la même chose, donc qu’il ne vaut pas la peine de rien changer, puisque ce ne sera jamais que reproduire du même. C’est une position vile, sans noblesse, ignoble au sens propre.

Lacan, ce qui le distingue de la protestation romantique,

c’est son absence radicale de nostalgie pour les traditions perdues. Et il se distingue par son adhésion à l’esprit des lumières, qu’il mentionnait dans la prière d’insérer des Écrits.

Oui, le père est un semblant, oui on peut s’en passer, oui la psychanalyse n’est pas une religion du père,

on peut s’en passer mais « à condition de s’en servir ». Ce principe vaut pour tous les semblants sociaux, on peut s’en passer, on ne vous demande pas d’ adhérer, mais à condition de s’en servir dans l’ordre politique. Cela définit un cynisme à la Voltaire, qui laissait entendre que Dieu est une invention bien nécessaire à maintenir les hommes dans la bienséance.

C’est une thèse, politique, que la société tient par ses semblants, ce qui veut dire : pas de société sans refoulement, sans identifications, et surtout sans routine ((curieux, non, ce choix du mot de “routine” ? )) . La routine est essentielle. La terre fondamentale qui fonde la politique de Lacan, c’est la disjonction du signifiant et du signifié. On ne saurait pas ce que veut dire quoi que ce soit s’il n’y avait pas une communauté ayant ses routines pour montrer la voie. C’est ce que Lacan énonce dans Encore. C’est la routine qui fait que le signifié garde le même sens. Ce sont nos préjugés qui nous font une assiette, nous permettent de nous tenir. ((ou voilà pq qd tu remets trop et si souvent en cause mes préjugés, je ne me tiens plus… ))

Et puisqu’il y a des semblants, choisissons les meilleurs pour vivre et laisser vivre.

Donc, tolérance, live and let live, ou pour le dire avec Virgile Trahit sua quemque voluptas, choisir les semblants qui permettent à chacun de jouir à la façon qui lui convient sans trop déranger le voisin.

Extraits de La Conférence de Nîmes par  Jacques-Alain Miller