de la pulsion donc, le nouveau sujet

Avant que de poursuivre, j’ai retrouvé la citation dont je suis partie mais dont je n’étais pas plus sûre que ça, à propos du « nouveau sujet » qui advient une fois le tour accompli de la pulsion – et ce malgré que je ne sois pas sûre que ce soit le temps pour moi d’être exacte dans mes citations, que je ne sois pas loin ici de raconter un rêve et que mon souvenir, ce que je peux en dire, compte davantage que ce qu’il en est à l’origine.

Freud nous introduit maintenant à la pulsion par une voie des plus traditionnelles, faisant usage à tout moment des ressources de la langue, et n’hésitant pas à se fonder sur quelque chose qui n’appartient qu’à certains systèmes linguistiques, les trois voies, active, passive et réfléchie. Mais ce n’est qu’une enveloppe. Nous devons voir qu’autre chose est cette réversion signifiante, autre chose ce qu’il en habille. Ce qui est fondamental, au niveau de chaque pulsion, c’est l’aller et retour où elle se structure.

Il est remarquable que Freud ne puisse désigner ces deux pôles qu’en usant de ce quelque chose qui est le verbe. Beschauen und beschaut werden, voir et être vu, quälen et gequält werden, tourmenter et être tourmenté. C’est que dès l’abord, Freud nous présente comme acquis que nulle part du parcours de la pulsion ne peut être séparée de son aller-et-retour, de sa réversion fondamentale, de son caractère circulaire.

De même, il est remarquable que, pour illustrer la dimension de cette Verkehrung, il choisisse la Schaulust, la joie de voir, et ce qu’il ne peut désigner autrement que par l’accollement de ces deux termes, le sado-masochisme. Quand il parlera de ces deux pulsions, et plus spécialement du masochisme, il tiendra à bien marquer qu’il n’y a pas deux temps dans ces pulsions, mais trois. Il faut bien distinguer le retour en circuit de la pulsion de ce qui apparaît – mais aussi bien de ne pas apparaître, – dans un troisième temps. A savoir l’apparition d’ein neues Subjekt qu’il faut entendre ainsi – non pas qu’il y en aurait déjà un, à savoir le sujet de la pulsion, mais qu’il est nouveau de voir apparaître un sujet. Ce sujet, qui est proprement l’autre, apparaît en tant que la pulsion a pu fermer son cours circulaire. C’est seulement avec son apparition au niveau de l’autre que peut être réalisé ce qu’il en est de la fonction de la pulsion.

Jacques Lacan, Le séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 162.

13 Mar 2006 @ 10:53 | | catégorie: autour des tours de la pulsion