la grippe a (h1N1) est une grippette.

il est 11:06, j’arrête d’écrire à 12:06. mardi.

donc, j’ai eu la grippe a. c’est une grippette.

premier soir, de mercredi à jeudi, la semaine dernière. f. absent, en hollande. ressens douleurs un peu partout, courbatures. suis au lit, m’apprêtais à m’endormir. me lève pour chercher thermomètre, ne trouve pas. me rends compte que douleurs m’empêcheront de dormir, prends du paracétamol.

le lendemain matin, jeudi. au réveil, douleurs, courbatures, reprends paracétamol, conduis Jules à l’école. au retour téléphone à f. pour qu’il me dise où se trouve le thermomètre. pense déjà à la grippe a (les courbatures). prends ma température, 37°1, ça n’est pas grand chose. annonce néanmoins  sur facebook que je suis malade. travaille, c’est le matin.

l’après-midi, trop inconfortable, me couche, température monte jusqu’à 38°9. j’espère que je vais bientôt mourir. je me demande si je dois prendre de quoi la faire baisser ou pas, je me demande si je dois appeler un médecin ou me laisser mourir, mais je me demande également comment je vais faire avec jules avec qui je suis encore seule ce soir-là, et qui, si j’ai la grippe a, ne doit pas l’attraper. je renonce momentanément à mourir, j’appelle le médecin qui n’est pas là. sur son répondeur, déclare qu’aimerais simplement un diagnostic, et justifie ce désir du fait de l’existence de mon enfant. le docteur me rappelle. il semble trouver mes questionnements valables, me fait venir à son cabinet. ah oui, ce serait bien la grippe a, dit-il, il n’y a pas d’autres grippes en ce moment. grippe a, par défaut donc. je m’en contenterai. je suis sa première grippe a.

je ressors assez contente. ce diagnostic est celui que je voulais car il est mortel. j’annonce à fred, au téléphone. je vais chercher jules à l’école. lui explique qu’il ne doit pas me toucher. et que ce soir, je ne pourrai pas lui raconter d’histoire (mon pauvre enfant, mon pauvre enfant, ta mère, est indigne). en fait, j’ai beaucoup de fièvre, et la situation est un peu difficile, tendue. je propose à jules de regarder un dvd en échange (de l’histoire). il accepte. si ce n’est qu’à la fin du dvd, il crise. il est teletubbies en ce moment. il crise donc, veut revoir une deuxième fois le dvd. il est très teletubbies en ce moment. j’appelle son père, je suis moyennement patiente, je crois que je voudrais surtout tirer quelque profit de la situation et ne pas lui raconter d’histoire. son père n’est pas convaincant, je raccroche, un peu dépitée. m’énerve, dis à jules, très bien, je vais te raconter une histoire, tu vas tomber malade, toute l’école va tomber malade, et on va fermer l’école et ça sera terrible et voilà ! (je suis trop trop méchante, c’est terrible, c’est horrible) il dit : non, non, non, je veux pas. bien sûr, il ne veut pas ça. il pleure (honte sur moi). je lui dis jules, stp ne sois pas fâché, je suis malade, c’est difficile, tu sais, je ne suis pas bien, ne sois pas fâché stp. bon, je vois que ça va mieux. on se reparle dans une tonalité raisonnable. un peu geignarde mais raisonnable. on va vers la chambre. là, il me dit, quand je m’assieds sur le lit : mais! ne me touche pas ! je sors penaude, punie par où j’ai péché. punie par où j’ai péché.

je vais me coucher, attends son père, lis, dors, lis, prends du paracétamol, lis dors lis. des nouvelles de jg ballard. je n’aime pas tellement l’idée que cette grippe vienne du porc.

le lendemain, vendredi. son père est là, à jules donc. il reste travailler à la maison. il appelle son bureau, ils disent qu’il doit rester à deux mètres de moi ! ho ho. son chef lui dit que je n’ai pas la grippe a, parce que si j’avais la grippe a, j’aurais certainement des courbatures que je n’ai certainement pas. mais j’ai des courbatures, j’ai des courbatures. cette question du diagnostic m’inquiète. je m’en rends nettement compte à ce moment-là. je tiens beaucoup à être affectée d’une maladie mortelle et que cela se sache. je pense à la mort, qui se rapproche, je me couche, je me délecte à l’idée du testament que j’écris mentalement. bonne fille je prends mon paracetamol, par quoi la mort ne devrait tout de même pas être arrêtée, et ma température baisse.

samedi. je dors beaucoup. le matin jusqu’à 2 heures je crois, 14 heures. je suis contente parce que j’ai lu que dans les symptômes de la grippe a, il y avait ça : grande fatigue pouvant aller jusqu’à la prostration. c’est exactement ça, je suis prostrée, je suis prostrée. vaporeuse, évaporée, je téléphone enchantée, mais n’en laissant rien voir, à mon médecin. il n’est pas convaincu, il s’étonne, fatigue ? fatigue ? ah ça, mais ça ne doit pas être la grippe, rien d’autre ? comme symptôme ? ce médecin ne le sait pas encore, ce médecin est un médecin mort, à mes yeux, s’entend. condamné. il sème le doute dans mon esprit. il est très important que j’aie la faculté avec moi, ou, tout du moins, l’un de ses représentants, or ce médecin ne regarde pas internet ! il me dit de le rappeler lundi, tout de même. compte toujours, sur moi, tu m’intéresses. je dis à f. qu’il faudra songer à en changer, de médecin, car ce gars-là n’y connaît rien. inconséquent, f. pense que ce type est très bien, mais s’occupe prudemment de maintenir la distance de 2 mètres entre lui et moi, entre moi et jules. tirerait-il lui aussi une quelconque satisfaction de la situation.

l’après-midi, c’est bonheur. je n’ai plus mal nulle part, je n’ai presque plus de fièvre : 38°1, que je ne ressens curieusement pas, alors que d’ordinaire j’agonise à 37°2, mais, cela se confirme : j’ai mal aux poumons quand je respire. consultation, le soir, d’internet. c’est une complication de la grippe a, une pneumonie virale, lente, insidieuse, pouvant passer inaperçue, moins grave malheureusement que les autres, mais, si je fais bien attention, j’arriverai bien à en mourir, non. mon père en est mort, mon grand père en est mort, ma mère vient récemment de faillir en mourir, ça ne s’invente pas ça, je suis la suivante sur la liste, ça va de soi. joie me pénètre.

nuit de samedi à dimanche : angoisses inexpliquées. qui me maintiennent éveillée. me conduisent à prendre un demi solian.

dimanche : mon état a empiré, j’ai encore plus mal. à chaque respiration. je cache ma douleur pour n’alarmer personne et que je ne sois pas envoyée à l’hôpital et soignée. à chaque respiration, j’ai mal. j’apprends à jules à jouer à Uno, je porte un masque, j’étouffe un peu. on s’amuse bien. mais, je m’inquiète, je ne voudrais pas qu’il attrape cette saloperie qui vous emporte en quelques jours. en m’endormant le soir, je me dis que je suis tout de même bizarre.

à partir de lundi, il n’y a plus rien à dire, car à partir de lundi, il n’y a plus rien eu : je n’ai plus mal. j’éteins toutes les radios pour m’en assurer, fais le calme complet, respire, non, ça ne me fait plus mal, tousse, ah, je tousse, non, ça ne fait plus mal, tu tousses, oui, je tousse. je suis victime d’une grande déception. j’ai 37°5. et pendant la journée, au cours de laquelle je surfe et travaille, je ne suis plus qu’une boule de nausées et de migraines auxquelles je ne prète même pas attention.

aujourd’hui, c’est mardi. je profite encore de ma semaine de quarantaine. ce n’est toujours pas moi qui me lève le matin pour habiller jules. demain c’est fini. le guerrier doit se relever, le dormeur se réveiller.

11:48 : je relis.

12:07 : je publie

13 Oct 2009 @ 11:07 | | 5 commentaires | catégorie: blog note