de la conti nu i té au continu (2: façon_japon)

[ … ]

 

Parce que la coupe émerge de la continuité.

Et parce que la notion de continuité est ce qui prime dans l’expérience du quotidien au Japon. [ … ] la primauté du flux – un flux sans écoulement – homogène : continu. [ … ]

Cette sensation est l’effet de déterminations de nature différente :
– Sociales : le “pas de vague”, l’exigence de consensus unanime, l’ordonnancement millimétré des êtres [ … ]
– “Spatio-culturelles” : [ … ] Parce que la sensation produite est celle non pas d’habiter une maison, un home, mais un espace, un paysage, un milieu.

[ … ]

L’espace comme fond diffus cosmologique. Où tu ne te vis pas comme étoile. Mais jouis paisiblement de participer à la galaxie.

*

Et l’art émerge de la coupe.

*

きれい = 切れ
Kirei : kire.
Le Beau, la coupe.

*

[ … ] les mouvements des corps des japonais, si robotiques, plus paradigmatiquement encore dans la danse, coupant l’espace comme des kata de Karaté, sont aussi des moyens de communier, par le rituel, avec le groupe, avec le passé, avec l’intemporel.

Autrement dit : couper le spontané pour jouir de se fondre dans le groupe.

*

Si l’art exige la coupe, la coupe est tout un art.

Parce qu’introduire du discret dans le continu, c’est prendre le risque de faire surgir un intervalle dont la caractéristique n’est pas d’être vide (無, le vide, est l’espace des dieux, une dimension positive) mais d’être divisible par deux.

Or la division par deux produit l’horreur absolue pour un japonais : un centre de symétrie.

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L’esthétique japonaise est donc nécessairement verlainienne – la rime en moins.

Et pour cela préfère l’Impair


Plus vague et plus soluble dans l’air,


Sans rien en lui qui pèse ou qui pose

SOURCE : http://www.tropiques-japonaises.fr/2008/07/31/discretion-dans-le-continu/

une difficulté cependant par rapport à

ce « pas de vague »,
cette « exigence de consensus »,
ce « pas de star » mais la galaxie :

quid du désir ? dès lors quid du désir et de sa particularité ? sa « condition absolue » ?
sacrifice, aveuglement, déni?

et s’il n’y a pas un moment où il importe de renoncer à la totalité, voire au totalitarisme du nous ?

si le désir n’exige pas la solitude ?

16 Oct 2008 @ 10:42 | | catégorie: images, pour y revenir | mots-clés: