#02 | 0=du lieu au personnage, via Jane Sautière et les cartes postales de Balzac

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Atelier François Bon #02 | du lieu au personnage, via Jane Sautière et les cartes postales de Balzac (18 juin)

Délires / Souffle

Bruxelles, bout de la nuit d’insomnie, agenouillée au pied du canapé. Encore un atelier où j’aurai dû commencer par ruser. Où j’aurai dû commencer par nier. Nier la possibilité d’un lieu. Nier le lieu. Cela s’est imposé. Après des jours d’élucubrations inabouties, de mâchonnages. C’est qu’il n’y a pas de lieu au corps qui n’a pas nom. Ou de lieu qui ne soit de l’étendue de son corps. Ou encore, et c’est moi qui découvre : qu’il n’y ait à ce corps d’autre lieu que celui, imaginaire, du langage, tant qu’il est à portée de corps. Ou d’autre lieu que celui de la pensée. Ca serait à cause de la précédence de la sensation sur le nom, la sensation sans nom. C’est une hypothèse. Bien sûr, j’ai parlé des images aussi. Mais, les images sont une extension du corps. Juste, on n’y pense pas.

Avant l’annonce de tout lieu, il avait fallu poser cela. Un écart du monde.

Ce n’est pas qu’il n’aura pas de nom, le personnage, il en a. Si ce n’est que ce nom lui aurait été posé dessus comme l’étiquette du boucher sur le bout de viande de son étal. Quand bien même ça serait son préféré, au boucher, quand bien même il n’est pas loin de s’en montrer jaloux, lorsqu’il le pose son bout de bidoche, qu’il y appose son étiquette, il omet de la lui enfoncer et donc du bout préféré l’étiquette tient mal et à la première porte claquée – cette porte du boucher ne claque pas, au premier vent engouffré, bourrasque… Hélas. Avait t il craint de la blesser, le boucher. A moins, qu’il ne l’ait juste pas du tout mise l’étiquette du bout de bidoche précautionneusement posé sur le marbre, caresse rapide filée de sa poilue paluche, qu’il se soit dit Ma foi si ça se trouve point besoin d’étiquette, chacun reconnaîtra bien ma bavette, mon tendron, mon alouette, ma fausse araignée. Si ça se trouve…

Et donc à un corps précairement nommé, il faut commencer par dire quelle sorte de lieu est encore possible. Il faut prendre le temps de cette énonciation d’un lieu possible, d’un lieu existant. Celui du corps à sensations.

En vérité, peu de noms de lieux l’ont jamais fait rêver. Le déplacement a toujours fait obstacle. Et c’est pourquoi, comme je l’ai déjà dit, je pars peux en vacances. L’autrice ne part pas en vacances. Ou pas volontiers. Donc dire la possibilité, dire la permission, au monde, de l’a-géographie, de l’être a-géographique, c’est un objectif, à l’autrice. Dire l’adhérence à soi, à son lieu.

Comment dire l’immobile. Qu’est-ce qui dit l’immobile?

Evoquer pour le personnage la possibilité de sortir de lui-même.

De rentrer dans le monde.

C’est donc un texte aussi sur le dedans et le dehors, et c’est un texte qui doit être relu, parce qu’il a trop de mots. Il faut sabrer là-dedans, épurer.

Encore une fois, la consigne m’a confrontée à quelque chose que j’ai ressenti comme impossible, il faut des jours et des jours pour se confronter à ça. Et finalement foncer tête baissée, au petit matin d’une nuit d’insomnie, sans avoir jamais réussi à penser la chose. Et ce qui est sorti, c’est ce texte, donc, encore une fois, il s’agissait d’une invention.

Et l’apparition de quel personnage déjà là ? Selon la consigne : non pas description, mais déambulation d’une conscience, d’un regard caméra, vers un lieu, et, dans l’arrivée au lieu : découverte d’un ou plusieurs personnage(s) déjà là.

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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