« life itself is conceived as a sort of listening »

Publié le Catégorisé comme Cut&Paste

encore un moment veux-tu restons tristes

« Il me semble alors que mon corps se compose de chiffres qui me donnent la clef de toute chose, ou bien que nous pourrions créer entre nous et toute l’existence des rapports nouveaux, féconds en pressentiments, si nous nous mettions à penser avec le cœur. Mais quand cet étrange enchantement me quitte, je ne puis rien en dire ; je pourrais aussi peu exprimer en paroles sensées en quoi a consisté cette harmonie entre moi et le monde entier et comment elle m’est devenue sensible, que je saurais fournir des indications précises sur les mouvements intérieurs de mes entrailles ou les arrêts de circulation de mon sang. »

« life itself is conceived as a sort of listening »

« Et même l’image précise d’un objet absent peut, d’une façon tout incompréhensible, être élue pour se remplir jusqu’aux bords, avec une soudaine douceur, du flot montant d’un sentiment divin. »

 

 
« Il est là, et ce n’est l’affaire de personne que de s’occuper de sa présence. Il est là, et sans bruit il change de place ; et il n’est rien qu’oeil et qu’oreille, et il prend la couleur des objets sur lesquels ses sens se posent. Il est le spectateur, non il est le compagnon caché, le frère silencieux de toute chose, et le changement de ses couleurs lui est un intime tourment. Il souffre de toute chose, et tandis qu’il en souffre, il en jouit. Cette faculté de jouir douloureusement, c’est là tout le contenu de sa vie. Il souffre à force de sentir les choses, et il souffre de la chose individuelle tout autant qu’il souffre de l’ensemble ; il souffre de ce que chacune a d’unique, et il souffre du lien qui les relie toutes. Ce qui est élevé et ce qui est sans valeur, ce qui est sublime et ce qui est vulgaire, il en souffre ; il souffre de leurs états et de leurs pensées ; oui, de simples êtres de pensée, des fantômes, les produits sans substance d’un temps, le font souffrir comme s’ils étaient des hommes. Car pour lui hommes et choses, pensées et rêves ne sont à la lettre qu’un ; il ne connaît que des apparences qui devant lui émergent, et dont l’apparition le fait souffrir, mais d’une souffrance où il trouve son bonheur. Il voit et il sent, sa connaissance a l’accent d’un sentiment, son sentiment, l’acuité d’une connaissance. Il ne peut rien négliger, il n’a le droit de fermer les yeux sur aucun être, sur aucune chose, sur aucun fantôme, pas même sur le plus fantastique rejeton d’un cerveau humain. C’est comme si ses yeux n’avaient pas de paupières. Nulle pensée qui l’assiège, il ne saurait l’écarter comme appartenant à un autre ordre de choses. Car dans l’ordre de choses qui est le sien chaque chose doit trouver sa place. En lui tout doit et veut se rencontrer. Il est celui qui unit en lui tous les éléments d’un temps. En lui, ou nulle part, réside le Présent. »

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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