l’accident de ma mère

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie Étiqueté , , , , ,

Hier, dentiste. M’a arrangé les dents de devant. Ça a été assez long, 2 heures. Je ne m’y attendais pas, à ce qu’on a fait. Le résultat est joli, inespéré. On peut craindre cependant, je crains, que ça ne tienne pas.

Soir, après minuit, n’arrivais pas à dormir. Et soudainement ai pensé au rêve du dentiste assassiné et… c’est devenu affreux… instantanément. 

Je me suis souvenue de l’accident de ma mère, à ses dents de devant, quand elle était petite, j’essayais de me rappeler ce qui lui était arrivé, elle avait, je crois mais je me suis mise à douter, je l’ai toujours su, mais là, je me rendais compte compte que je l’avais oublié, reçu une porte en pleine figure, ce qui lui avait explosé les dents de devant. Ma tante, Titi, avait claqué cette porte. Et je me demandais si le souvenir était exact. Et comment il était possible qu’un accident similaire soit arrivé une génération après, quand l’un de mes cousins a claqué une porte sur son frère, en verre, ce qui a entraîné une très importante blessure au bras. 

C’est ce qui me faisait douter. 

Et, lorsque je me suis souvenue de l’accident du dentiste, dans mon rêve, de son assassinat, la balle qu’il reçoit dans ses dents, je ne sais pourquoi, je me suis mise à imaginer/sentir l’éclatement de mes dents de devant, les dents même qui avaient été travaillées, celles de ma mère, ça ne cessait de se répéter. J’ai déjà vécu ça, c’était atroce. Par le passé. Pas dans la réalité, de cette façon. Un peu comme une hallucination. Ça se répétait, les coups, et j’entendais au loin une voix qui disait des choses peu aimable. 

Par le passé, c’est comme ça que ça avait commencé, les coups. Dans la figure, la mâchoire, le cou. Le crâne, les os du crâne explosés. La mâchoire. L’année où on est allé en Toscane. C’est là que les « Fracassemeurs » avaient commencé. Avec des coups ultra violents, puis les voix. Après, les coups ont disparu, il ne restaient que les voix, que je pouvais entendre n’importe quand. D’abord, de façon très angoissante. Mais, petit à petit, je me laissais moins impressionner. Je me disais que ça n’avait aucune signification. Que ce n’était que du bruit. (Et le signe d’une volonté, isolée, mauvaise, en moi.)

Et ça a disparu. Je l’ai lié de plus en plus certainement à la cigarette. Parce que déjà en Toscane, j’avais remarqué que c’était lié à la cigarette, au fait que j’avais recommencé à fumer, jamais plus d’une cigarette par jour cependant. Et les terribles crises, elles apparaissaient chaque fois que je fumais. Une cigarette. Et chaque fois que par la suite, j’avais repris la cigarette, rarement plus d’une par jour, les crises revenaient, surprenantes. Mais, de moins en moins graves, parce que j’avais appris à les connaître. 

Je me suis levée très vite, c’était trop affreux, j’ai pris un demi anafranil, et me suis recouchée. J’ai dit à Frédéric que j’avais d’affreuses angoisses. Il m’a prise dans ses bras. C’était bien, ça aidait, sans pouvoir  être suffisant. À un moment, son doigt a touché mon cou, j’ai pensé balle dans le cou. Je n’avais aucun moyen d’agir sur ma pensée. J’ai eu de loin l’idée d’exercices de relaxation, mais… Je ne pouvais qu’attendre. Je savais que le médicament ferait son effet et que je finirais par m’endormir.  

Bien sûr comme le dentiste avait travaillé ces dents, elles étaient sensibles. 

Ma mère porte un appareil dentaire. À ses dents de devant, de la mâchoire supérieure.

Je me souviens, souvenir-écran, d’un matin, devant la porte d’entrée de sortie, vitrée en partie, de la maison, je m’apprête à sortir pour aller à l’école, ma mère m’embrasse pour me dire au revoir. Je ne sais pourquoi à cette image se lie le souvenir du désir qui m’est venu d’avoir comme elle un appareil. Alors que mes dents étaient… parfaites. « De petites perles », aimait à répéter ma mère, reprenant les mots du dentiste.

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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