peut-être me dis-je si je ne m’étais pas tant tue si j’avais parlé davantage, parlé en mon nom propre, peut-être me dis-je si je ne m’étais pas contentée de relayer la parole de quelques autres la parole les images sans les commenter, de quelques lanceurs d’alerte, peut-être me dis-je à l’heure qu’il est y eût-il eu moins de morts, voilà ce que je me dis (bien imbue bien sûr de ma propre personne) peut-être me dis-je est-ce cela la lâcheté peut-être me dis-je est-ce cela l’absence de courage, et est-il temps de m’en accuser. moins de mort.es comme tu y vas. moins de blessé.es. une parole et je serai guérie. où ta parole s’est-elle retenue, dans quelles limbes. de qui as-tu eu peur ? quelle parole s’est-elle complue à se diluer à se perdre à se désarticuler à s’inarticuler? (et depuis combien d’années…) qui as-tu voulu protéger qui as-tu eu peur de blesser quel parti n’as-tu su prendre à qui n’as-tu voulu déplaire quelle réponse as-tu craint ? quelle langue n’as-tu inventée ? pour faire face à celle qui te sidère, pour t’opposer ? peut-être continueras-tu à te taire, à te complaire dans ton impuissance, est-ce de cela qu’il s’agit ? te complais-tu à te haïr et à reporter sur l’autre la faute de la parole que tu n’oses toi-même prendre, du silence. cela ne suffit pas de diffuser des images de Gaza,
samedi 10 février 2024