Re: Sorcières

ce texte est venu à point comme je me posais des questions sur ce qui avait pu se passer en Europe, à sa suite dans  le monde occidental, pour qu’elle oublie, occulte complètement, ce que l’on continue de trouver dans d’autres cultures. je pense bien sûr au chi, à l’énergie, à ce que je découvre dans le taï chi chuan.

ce qui m’a donc intéressé  dans cette interview, c’est l’idée qu’il y aurait eu, à la sortie du Moyen-âge, une volonté délibérée de séparer l’humain de ses connaissances ancestrales – proximité avec la nature, connaissance de son propre corps,  afin de mettre en place le capitalisme.  et qu’à ce moment-là, ait été établi une  nouvelle répartition des rôles de l’homme et de la femme, en vue d’instaurer le monde du travail que l’on connaît aujourd’hui. avec d’un côté les femmes censées s’occuper, par amour, du ménage et de la mise au monde des bébés, futurs petits travailleurs, et de l’autre, les hommes, travailleurs et salariés. ça, et à côté de ça, le monde de la science qui s’approprie le savoir sur le corps, et qui expulse du savoir tout ce qui ne relève pas du langage : « Les savoirs ancestraux doivent êtres dénigrés : l’État officialise une connaissance qui se théorise, s’étudie, s’écrit. Les femmes qui soignaient doivent être réprimées au profit des pratiques des médecins et de la science officielle qui se déploient. »  Et que la mise en place de la religion ait participé de cet assujettissement au monde du travail, de cette aliénation à la science officielle. « Les croyances impies en les signes de la nature doivent être méprisées, rendues dangereuses : la croyance culpabilisante et asservissante de la religion prend le pas sur l’animisme et les croyances naturalistes. »

Et que toute cette science, que je ressens comme très féminine, très proche du corps, ait alors systématiquement été poursuivie au travers de la chasse aux sorcières qui a alors sévi. « La chasse aux sorcières durera deux siècles. Des milliers de femmes sont accusées d’infanticide, de sexualité avec le diable ou de sexualité libre, elles sont sorcières, jettent des sortilèges… Ces femmes sont torturées — on transperce leur corps de grandes aiguilles pour y trouver la marque du diable, elles sont encagées et longuement immergées dans les rivières — puis brulées vives en place publique… Avant d’expier, elles doivent dénoncer une sorcière de leur connaissance à laquelle le même sort sera réservé. »

Silvia Federici pense donc, elle, qu’il n’y avait pas, tout du moins au Moyen-âge, de ségrégation des femmes, enfin celle que l’on connaît aujourd’hui, et qui trouve sa forme la plus visible  dans le monde du travail, et, à mon sens, dans l’utilisation qui est faite du langage, comme instrument de pouvoir, dans le déni de ce qui le dépasse.

 

J’ai commencé à lire le texte en anglais : https://libcom.org/files/Caliban%20and%20the%20Witch.pdf

je n’aime pas du tout lire des pdf, donc, si je n’y arrive pas, j’achèterai le livre (mais qui est épuisé apparemment et devenu fort cher)

 

je mets k. en copie parce que j’ai rêvé d’elle cette nuit et qu’elle vient d’un pays de sorcières ;)

 

bisous doux,

v from Paris (où c’est l’été indien)

 

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