« Ce qu’elle nous présente comme forme: un écart, une reconstruction fictionnelle, une mise à distance. Ce qui est reconstruit fictionnellement, c’est comment elle l’auteur est séparée d’elle-même par cette reconstruction d’elle qui lui arrive. » François Bon, à propos de Gertrude Stein dans Autobiographie d’Alice B Toklas
donn, nuit
elle marche tout à fait dans le vide maintenant. c’est encore une autre nuit. il n’y aurait presque rien d’autre à dire.
la tête dans l’oreiller. elle marche tout à fait dans le vide maintenant. les consignes se multiplient, ne se ressemblent pas. de la tête elle ne sait plus où. y a la 11bis qui attend. il semble que j’avais déjà parlé de ça, de l’auteure en lectrice.1 or qu’ai-je déjà dit, c’est ce que je ne sais plus et le brouillard de ce que je ne sais plus s’étend à la terre, s’étend à la nuit. or oui tu l’as dit, tu as dit la bonne lectrice que tu as été, t’es abstenue de dire la mauvaise lectrice devenue. car c’est une très mauvaise lectrice l’auteure qu’elle est devenue, très mauvaise. tu dis cela à cause de la nuit. je dis cela à cause de l’exaspération. parce que j’en ai déjà parlé et qu’il faut remettre ça. porctrait de l’auteur en lectrice. commençons comme ceci: elle lut. l’auctrice lut. et ne lit plus ? non, ne lit plus. imagine un personnage rincé de la lecture.
se lever, repousser les couvertures, le chat suit. ce bonheur de descendre les escaliers pieds nus, ces escaliers-là en particulier, est-ce leur hauteur, chaque fois elle se demande. la nuit. elle s’éclaire à presser un doigt sur son téléphone, en maintenir la veille.
elle lut/lut-elle?elle lut/et de l’impossibité de dire comment elle ne lit plus/comment le dire/faut-il le dire/qu’est-ce à dire/elle écrit les mots qu ilui sont venus plus tôt, dans le lit, la tête sur l’oreiller ,elle tente de rattraper les mots pensés, les mots en allés.
des années aurait lu, comme passe-temps. à quelques auteurs près, ça n’aura jamais été que comme passe-temps. tu es dans la nuit de la destruction. je suis dans la nuit. tu es dans la destruction. comme passe-temps. quoi encore ? ça fait bien dans les dîners, où tu ne vas pas. les dîners ? quoi encore ? les événements mondains. quoi encore ? la culture. destruction à tout petit niveau. of course, venant d’elle. qu’est-ce qui viendrait à un haut niveau. of course. je disais donc. elle disait. il y a encore un autre pousse-à-lire. oui, quelque chose de l’ordre d’une croyance. oui. écoute, laissons la croyance en place. tu as raison. laissons. je crois que tu as bien raison.
et pourtant dans les dîners. elle y brille pas l’autrice. sinon par sa beauté ? sinon par son absence. car comme je l’ai déjà dit, l’auteurice, et comme j’ai pas tellement envie de le répéter, l’auteurice oublie les noms d’auteurs ce qui l’empêche de prendre part aux conversations. non mais de cinéaste aussi, etc. de personnages. c’est une tare. c’est une tache. non mais tais-toi, c’est désagréable.
débaptisation de l’autrice
on en est là. on se voit devenir désagréable. qu’est-ce qui de ça s’écrit. est-ce obligé de devenir désagréable. j’ai l’idée depuis quelques jours, qui me trotte, de débaptiser l’auteur. tu ne penses pas qu’il faudrait la débaptiser ? oui je le pense, oui. elle ne s’en sort pas. laissons-lui une chance. ce serait pour son bien. oui, son bien. pensons ensemble à son bien.
il y a des hauts / il y a des bas / jamais de très hauts / jamais de très bas. plus jamais de très hauts, plus jamais de très bas. il y eu. et quand les bas arrivent arrivent (la vérité chère autrice, arriverait alors tout ce qui te motive comme auctrice, arriverait à reculons, a massive train of thoughts aveugle qui revient vers toi prêt à t’écraser),
je vais débaptiser l’auteure et je vais la baptiser du nom de son personnage. bonne idée. oui, c’est pas mal comme idée, c’est vrai. ou on la garderait sans nom. tu sais, je crois que finalement, ça serait encore ce qu’il y a de mieux. oui, moi aussi. ce que je préférerais. tout compte fait. l’auteure, qu’elle n’ait pas de nom, ça ne l’empêche pas d’exister. ni d’écrire. exactement, ni d’écrire, de pianoter. ce qui est dommage ça serait qu’on supprime la scène du baptême. on supprime pas. on a essayé, on laisse. qu’on vienne pas nous dire qu’on n’a pas essayé. exactement.
on y va.
Sonia
au nom de je ne sais quoi et de je ne sais quoi
de la mère ?
ha ha
why not
au nom de la mère et de l’autre mère et de l’arrière-terre,
(au nom du non de la mère)
je te dépabtise
ouf, voilà c’est c’est fait, exit Sonia Delarue.
et exit Sonia Rue.
et exit Sonia Ruhe.
tranquille
exit ce nom.
elle, identique à la nuit qui noircit. exactement.
on garde ça comme titre de chapitre : exactement.
ok.
on retourne à ses lectures ? et ses dîners ?
à ses qualités de lectrice. elle en a cependant quelques qualités ? oui.
une voiture passe dans la nuit.
tu n’as pas donné le nom de ta mère. le nom de sa mère…
la triche elle est que quand même : tu dis l’auteure, ou l’autrice, tu l’as débaptisée mais t’as toujours les moyens de parler d’elle. car parler d’elle, je te dis, je le vois : c’est parler du lien de nuage qui la lie à son nom. tu aurais mieux fait de dire : nom de lauteur.trice : trou. tu aurais encore mieux faite de dire : Sonia Ruhe DelaRue : trou. tu vois que ça tient pas. fais de la poésie, si tu veux dire pour du vrai. c’est pas le point, le point c’est : brode. point brodé pour dire le nom de cette autrisse. ce qu’il faut cerner c’est c’est c’est – c’est quoi ce nom qu’elle a qui est sien qu’elle n’aime pas c’est quoi ce qui la lie à ça comment ça se nomme dit son lien à son nom, unique. et comment ce nom la sépare du monde. c’est beau ce que tu dis. oui. ce nom la sépare du monde. le monde est sans son nom. c’est ça. c’est dans le monde que ce nom est trou. tu sais qu’elle guérira pas. je sais. et tu sais pas d’où ça vient, je sais pas.
alors, parler d’elle en lectrice, c’est aussi parler d’elle et des noms qui pour elle tinrent. tu vois, reviens un peu par là chérie, grimpe un peu les rochers, reviens sur du dur, les noms qui ne s’écoulèrent pas dans la grande nuit de l’oubli. les noms qui furent les piliers de ses cathédrales. de sa cathédrale. une toute petite cathédrale alors. parfois immense. oui. parfois nombreuses.
certains noms tinrent. un certain temps, certains noms d’auteur tinrent. puis quelque chose se défit. faux. puis autre chose commença. elle changea de cathédrale. il va bien falloir finir par le dire.
comment lut-elle. dis le nom de sa mère. comment lut-elle. sa mère, à l’auctrice, s’appelle Lut. sa mère lut aussi. il n’est pas encore temps de parler de sa mère. si tu lui dis joyce, elle est dans joyce. duras ? dans duras. dostoievski ? dans dostoiev. et cætera. elle est dans la matière, elle est dans le livre.
tout ça pas sérieux t’as raison, comment c’est mal vu mal dit mal écrit. pas sérieux.
l’autrice est vraiment perturbée, ça fait des jours que ça dure, alors elle jette les mots qui veulent bien venir sans distinction.
quand elle lit, elle est dans la matière de ce qu’elle lit. tu crois pas qu’on l’est un peu tous. hm. elle croyait qu’il y avait un on. mais c’est de moins en moins certain. au plus ça va, au moins c’est certain, qu’il y ait le moindre on au monde, au plus elle accuse la différence. la différence de quoi. de jouissance. hm. efface.
la vérité, c’est qu’on a déjà écrit le portrait de l’autrice comme lectrice et qu’on doit reporter le lecteur trice au chapitre 0, on a commencé par ça.
de là, on ajoute. donc, comme je l’ai déjà dit, il fut un temps où l’auteur.e retenait les noms d’auteurs et puis un jour fini, elle retient plus. c’est cela. et on attribuerait ça a quoi.
on ne peut pas tout savoir.
une meilleure activité serait de retourner marcher dans le vide.
indeed.
non sans avoir préalablement un peu mâchonné.
et se réjouir un peu de la nuit et des airs d’éternité qu’elle se donne.
exactement.
tu sais de quoi t’as pas parlé ? t’as oublié de dire qu’on était à l’heure où même les moucherons dorment. ça peut pas parler au lecteur. who knows ? il faudrait vérifier cela dans la littérature scientifique (Google), si les moucherons dorment.
tu disais qu’elle ne lit plus. oui c’est mal. depuis quand ? depuis l’internet et les séries. ah ouais. et Blanche ? sa personnage ? si elle ne lit pas, ça sera autre chose. ça sera qu’on cherchera à dire autre chose d’elle. on voudrait qu’elle soit écrite indépendamment de cela. on ne sait très bien ce qu’on veut pour elle. on voudrait qu’elle soit aimée.
inutile de consulter la littérature : les moucherons ne dorment pas.
dormir.
lundi 2 octobre 2023 07:59
paris, nautre nuit, netit matin.
Nous savons tous comment les personnes sont faites, nous le savons. Nous sommes sans ignorance. Connaissance de la labilité, transparence complète sur les fonctionnements, géographies internes, aucun progrès encore à attendre, tout su, tout donné, reçu.
Et donc nous pensons tous nous le pensons que tout sera toujours possible nous le pensons. Nous tous ainsi fûmes enseignés tous.
Or, hélas, moi, Sonia-Blanche D. pourtant doit vous dire que non. Tout, non, n’est pas possible, non. S’agissant de la Honte, avec h, tenez, que nous avons pour habitude, tous, d’écrire avec une majuscule, moi, Sonia-Blanche, D et alors que la Honte, sa localisation dans le cerveau, nous la connaissons, la Honte sa multi-localisation dans le corps, nous la connaissons, non ? Blanche-Sonia vous parlera de sa masse à elle de Honte. Sa masse Honte à elle est localisée de façon immuable dans une impasse de son cerveau, au fond du creux d’un lobe, d’où elle ne se délogera plus, jamais, où, de jour en jour d’année en année, elle durcit davantage s’endurcit et comme elle est prise dans une poche dans un recoin à l’arrière d’un goulot d’étranglement, vous l’avez compris, elle n’en sortira plus. Je voudrais surtout que vous considériez que c’est jamais que cela n’arrivera plus jamais, que cette Honte ne la lâchera pas ne se ramollira pas, ne se diluera pas, ne s’évaporera pas, c’est une chose dont il convient absolument de se convaincre du réel de ça. Elle est née avec cette Honte là là et nul ne l’en délogera. M’opposerez-vous qu’elle n’est pas grosse, sa Honte, je vous répondrai que sa puissance est infinie. Et c’est de l’ombre de sa poche qu’elle dirige le monde de Sonia D Blanche.
nlu tard
quoiqu’il en soit il y aura toujours la honte de Sonia blanche D dont elle ne se départira pas il n’y a là dessus pas d’illusion à se faire
et donc il n’arrivera pas qu’elle vienne vers vous au grand jour qu’elle sorte de son terrier qu’elle s’expose au grand j
et s’il y avait un portrait d’elle à faire en lectrice ça serait vite fait elle ne lit plus il n’arrive plus qu’elle lise son temps de lecture aujourd’hui entièrement dépensé sur internet
elle lut.
lut-elle.
elle lut (comme je l’ai déjà dit, elle lut)
de la littérature, elle en lut.
ne l’ai-je pas déjà dit.
mercredi 4 octobre 23 06:43
n’y aura t il jamais que l’aveu
la honte
in fine
d’autre visée que celle
là
en venir à l’aveu
qu’y aurait-il
d’autre
que pourrait-il
tu vois, va te coucher, te recoucher
et cherche ça
ce qui pourrait contrebalancer ça
souvent quand je me lève la nuit, je
suis amenée à me dire : j’aime marcher pied nus
les escaliers, aussi, les descendre
pieds nus, les monter
pieds nus
- oui oui, tu l’as fait dans l’invention de l’auteur, non non, c’était dans le suivant, le zérounbis, le bloc brouillon, tu avais beaucoup trop parlé de tes lectures, mais déjà dans le zérozéro, le livre sans auteur, t’avais abusé. j’ai parlé d’elle à l’école, et comment elle aima ça mini-salope les livres, comment elle lut, dévoratrice, boulimique, comment elle fut bonne aussi, à bien tout lire, à bien tout retenir, et comment c’est par la littérature et les auteurs et leurs noms qu’elle trouva son introduction à l’histoire (avec un grand h), à la marche du temps. ensuite, j’ai raconté l’accident, les 3 mois passé au canapé, à lire découvrir Duras Beckett et Lacan, et alors à écrire. et certainement j’aurai mentionné le fait qu’elle ne lit presque plus. ↩︎