samedi 14 mars 2015

Chère Madame, Il est possible que je ne me sois pas suffisamment fait entendre,

Chère Madame,
Il est possible que je ne me sois pas suffisamment fait entendre, ou bien plutôt que je n’ai pas été assez précise (je ne me suis pas résolue à restreindre mon propos et à imposer d’abord ce qui avait en premier motivé ma venue). J’aurais dû résister aux sirènes que je joue volontiers (mais malgré moi et passionnément) dramatique de la psychanalyse,  mais j’ai fermé sur moi la porte de la machine à laver et je suis laissé emporter. A sec et éloignée de vos séduisants rivages, je vous dirais que je suis venue vers vous poussée par cette décision dont je vous ai à peine touché un mot,  d’entamer dès septembre prochain des études d’assistante sociale. Ce choix, difficile, est motivé par le fait que je souhaite retrouver une certaine indépendance, retrouver également une vie sociale qui s’ancre dans un monde moins « épistolairement » virtuel que le mien actuellement. Il s’agit aussi de suivre certaines inclinaisons tendant à un monde plus juste, une vie en résistance au capitalisme. J’aurai essayé de trouver sympathique de naviguer dans les îles du rien et de l’absence, mais je crois qu’il est temps de revenir à des terres moins insensées. On ne voyage pas en solitaire quand on manque d’argent et qu’on a charge d’enfant. L’autre du quotidien mérite amplement que je me plie à la quête de sens, aux séductions même vieillottes, même trompeuses du désir.

lundi 5 septembre 2022

nouvelle objectivité

La vie d’avant était si différente!
Ceux qui le nient, tu le sais, ils mentent!
Nous étions tous, du réveil au coucher
Sous l’emprise d’une grande nervosité
Si dans sa cage un oiseau mourait
Pendant des semaines la famille pleurait
Mais aujourd’hui dans l’air du temps
Si tu vois Monsieur Koch ton ami
Tu lui demandes, tout objectivement:
« Comment, Monsieur Koch, toujours en vie? »

Il y a dans l’air une objectivité
Il y a dans l’air comme des épines hérissées
Il y a dans l’air , il y a dans l’air, dans l’air
Il y a dans l’air quelque chose d’idiot
Il y a dans l’air quelque chose d’hypnotique
Il y a d ans l’air, il y a dans l’air
Quelque chose qui semble s’y plaire

Qu’y a-t-il donc dans l’air aujourd’hui?
Mais qu’a-t-on donc mis dans l’air aujourd’hui?
Regardez là : dans les airs déjà filent
Images, radio et coups de fil
Sans un câble, tout passe à travers
L’air est confus, ne sait plus que faire
Avions, dirigeables, s’y amassent au passage
Ecoutez-moi ces grondements et sons de Wagner
Et à travers tout cela se fauffile une image

Il y a dans l’air une objectivité (…)

Otez ces ornements, ces moulures, ces défauts
Une finition lisse sur les murs qu’il nous faut
Si les maisons deviennent encore plus fades
Bientôt nous aurons des murs bruts comme façade
Les bibelots on n’en veut plus
Tant de choses qui sont superflues
Sortons les meubles de l’appartement
Jetons tout, c’est si encombrant !
Et je le dis sans ménagement:
« Même les humains y sont dératgeants ! »


Paroles de la chanson Es liegt in der Luft (1928), extraite de la revue du même nom de Mischa Spoliansky sur un livret de Marcellus Schiffer

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