États des gravures
Ce qui m’a le plus immédiatement frappée, touchée, parlé : les deux états qui sont données à voir de deux gravures, dans l’avant-dernière salle. Celle du Christ présenté au peuple (dont c’est un des premiers états qui était affiché dans la cuisine de mes parents) et celle des Trois croix.
D’abord, l’inexorable et dramatique réduction à l’essentiel que donnent à voir les deux états du calvaire à trois croix. Avec un dernier état devenu noir, sombre, ravagé, sa pluie de lumière (dans un océan de noirceur ;)).
Je découvre qu’il y a eu une exposition à la BNF sur ces gravures et tous leurs états : http://expositions.bnf.fr/rembrandt/grand/048_1.htm
Ensuite, en moins directement dramatique, Le Christ présenté au peuple –troisième et septième états, avec la disparition de toute l’assemblée devant l’estrade, remplacés par deux ouvertures sur les caves (prison) (avec en plus, au centre, la figure de Saint Thomas, je crois):
États des Pèlerins
J’ai aimé également découvrir (toujours dans l’avant-dernière salle) les versions plus tardives des Pèlerins d’Emmaüs.
La peinture de 1648 m’a parue beaucoup moins intéressante que celle de 1928, mais la gravure, plus tardive, est remarquable de luminosité.
Première version, dont j’admire le mystère, l’originalité (1628) :
La version peinte de 1648, avec son Christ un peu bêta, me paraît beaucoup plus conventionnelle, même si les commentaires y insistaient sur la finesse de la psychologie (« psychologie », est-ce pertinent ?) :
En revanche, dans la gravure, presque toute ouverte à la lumière, la figure du Xst, m’a paru refléter la douceur et la sérénité que l’on s’attend (à tort, à raison, un peu facilement) à découvrir dans l’évolution de l’œuvre d’un artiste.
Le commentaire de ces Pèlerins, trouvé ici : http://artifexinopere.com/?p=1244, me parait apporter quelques éléments éclairants.
Etonnement
J’ai lu le mot « étonnement » quelque part dans les panneaux de présentation des œuvres, que j’ai en général tendance à négliger. Or, c’est peut-être bien un signifiant (?) dont il serait intéressant de repérer la trace, le parcours chez Rembrandt. Cet étonnement me paraît toujours présent dans la gravure des Pèlerins d’Emmaüs de 1684. Par comparaison, on lira dans l’œuvre de jeunesse un certain effroi.
Je pourrais reconnaître une forme de cet étonnement également dans une peinture de la dernière salle, dans le portrait de sa dernière compagne, Hendrickje Stoffels. Dominique se demandait à voix haute s’il s’agissait de tristesse, j’y lisais quelque chose de l’ordre d’un Che vuoi? non dénué de tendresse, empreint de confiance. De celle qui continue à se demander « Mais qu’est-ce qu’il me veut? »… Une absolue absence de mièvrerie, une présence singulière aux siècles à venir, un « Je suis là ».
M’appuyant encore des photos que j’ai pu prendre, celle-ci, prise dans le catalogue, de cette très belle gravure, Les trois Marie devant le tombeau vide du Christ (1654 ?). Très touchée par ce lit/linceuil vide :
La simplicité de cet « Autoportrait en artiste » (une œuvre qui mériterait d’intéresser les prochaines Journées de l’École, tant l’artiste me paraît ici nous voir le voyant, se donnant à voir nous regardant le voir…)
que je voudrais mettre en rapport avec ce tableau
Enfin, les saisissants portraits du médecin, le Docteur Tholinx, mécène et ami de Rembrandt dans la dernière salle qui m’ont rappelé que Rembrandt, c’est aussi ses Leçons d’anatomie, c’est aussi cette époque où l’on ouvre les corps morts pour voir ce qu’il y a dedans
et là, ce texte, que je n’ai pas encore lu, qui resitue cette œuvre dans son contexte historique 17e siècle, Lumière 2 -La main, le regard, la lumière – De La Tour, Rembrandt
voilà, voilà,
Espérant n’avoir pas été trop longue,
Des bises,
à vous,
véronique
REMBRANDT INTIME – Du au – MUSÉE JACQUEMART-ANDRE – http://musee-jacquemart-andre.com/fr/rembrandt-intime