RE: Rembrandt!
— REMBRANDT INTIME - Du 16/09/16 au 23/01/17 - MUSÉE JACQUEMART-ANDRE

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— REMBRANDT INTIME - Du 16/09/16 au 23/01/17 - MUSÉE JACQUEMART-ANDRE

États des gravures

Ce qui m’a le plus immédiatement frappée, touchée, parlé : les deux états qui sont données à voir de deux gravures, dans l’avant-dernière salle. Celle du Christ présenté au peuple (dont c’est un des premiers états qui était affiché dans la cuisine de mes parents) et celle des Trois croix.

D’abord, l’inexorable et  dramatique réduction à l’essentiel que donnent à voir les deux états du calvaire à trois croix. Avec un dernier état devenu noir, sombre, ravagé, sa pluie de lumière (dans un océan de noirceur ;)).

Rembrandt, Les Trois Croix, 4° état.
Pointe sèche et burin.
~1653
Rembrandt, Les Trois Croix, 3° état. Pointe sèche et burin.  ~1653
Rembrandt, Les Trois Croix, 3° état.
Pointe sèche et burin.
~1653

Je découvre qu’il y a eu une exposition à la BNF sur ces gravures et tous leurs états : http://expositions.bnf.fr/rembrandt/grand/048_1.htm

Ensuite, en moins directement dramatique, Le Christ présenté au peuple –troisième et septième états, avec la disparition de toute l’assemblée devant l’estrade, remplacés par deux ouvertures sur les caves (prison) (avec en plus, au centre, la figure de Saint Thomas, je crois):

Le Christ présenté au peuple
Le Christ présenté au peuple
(Photographies du catalogue de l'exposition Rembrandt intime)
(Photographies du catalogue de l’exposition Rembrandt intime)

États des Pèlerins

J’ai aimé également découvrir (toujours dans l’avant-dernière salle) les versions plus tardives des Pèlerins d’Emmaüs.

La peinture de 1648 m’a parue beaucoup moins intéressante que celle de 1928, mais la gravure, plus tardive, est remarquable de luminosité.

Première version, dont j’admire le mystère, l’originalité (1628) :

La version peinte de 1648, avec son Christ un peu bêta, me paraît beaucoup plus conventionnelle, même si les commentaires y insistaient sur la finesse de la psychologie (« psychologie », est-ce pertinent ?) :

En revanche, dans la gravure, presque toute ouverte à la lumière, la figure du Xst, m’a paru refléter la douceur et la sérénité que l’on s’attend (à tort, à raison, un peu facilement) à découvrir dans l’évolution de l’œuvre d’un artiste. 

Le commentaire de ces Pèlerins, trouvé ici : http://artifexinopere.com/?p=1244,  me parait apporter quelques éléments éclairants.

Etonnement

J’ai lu le mot « étonnement » quelque part dans les panneaux de présentation des œuvres, que j’ai en général tendance à négliger. Or, c’est peut-être bien  un signifiant (?) dont il serait intéressant de repérer la trace, le parcours chez Rembrandt. Cet étonnement me paraît toujours présent dans la gravure des Pèlerins d’Emmaüs de 1684. Par comparaison, on lira dans l’œuvre de jeunesse un certain effroi.

Je pourrais reconnaître une forme de cet étonnement également dans une peinture de la dernière salle, dans le portrait de sa dernière compagne, Hendrickje Stoffels. Dominique se demandait à voix haute s’il s’agissait de tristesse, j’y lisais quelque chose de l’ordre d’un Che vuoi? non dénué de tendresse, empreint de confiance. De celle qui continue à se demander « Mais qu’est-ce qu’il me veut? »… Une absolue absence de mièvrerie, une présence singulière aux siècles à venir, un « Je suis là ».

Rembrandt, Portrait de Hendrickje Stoffels circa 1654-6
Rembrandt, Portrait de Hendrickje Stoffels
circa 1654-6

M’appuyant encore des photos que j’ai pu prendre, celle-ci, prise dans le catalogue, de cette très belle gravure, Les trois Marie devant le tombeau vide du Christ (1654 ?). Très touchée par ce lit/linceuil vide :

La simplicité de cet « Autoportrait en artiste » (une œuvre qui mériterait d’intéresser les prochaines Journées de l’École, tant l’artiste me paraît ici nous voir le voyant, se donnant à voir nous regardant le voir…)

que je voudrais mettre en rapport avec ce tableau

Enfin, les saisissants portraits du médecin, le Docteur Tholinx, mécène et ami de Rembrandt dans la dernière salle qui m’ont rappelé que Rembrandt, c’est aussi ses  Leçons d’anatomie, c’est aussi cette époque où l’on ouvre les corps morts pour voir ce qu’il y a dedans

Rembrandt La leçon d’anatomie du Docteur Deyman (détail), Huile sur toile, 100 x 134 cm, 1656. Rijksmuseum Amsterdam.

et là, ce texte, que je n’ai pas encore lu, qui resitue cette œuvre dans son contexte historique 17e siècle, Lumière 2 -La main, le regard, la lumière – De La Tour, Rembrandt

voilà, voilà,

Espérant n’avoir pas été trop longue,

Des bises,

à vous,

véronique


REMBRANDT INTIME Du au  –  MUSÉE JACQUEMART-ANDRE  –  http://musee-jacquemart-andre.com/fr/rembrandt-intime

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