lundi 21 août 2006

le devoir de suicide
— rêve réellement extraordinaire, cauchemar

Je crois que nous sommes devant la mer. J’ai déjà, en cachette, peut-être dans l’autocar, avalé, à moins que je ne les tienne encore en main, les 5 cachets avec lesquels je compte me suicider. Je ne sais pas si je commence mon suicide, si ce sont les premiers cachets de mon suicide, ou si ce sont les premiers et derniers, les seuls. Je ne sais pas si je commence alors à mourir. Toujours est-il que les cachets que je prends et que je ne vais cesser de reprendre à partir de là vont commencer à faire leur effet.

Il y a une chose que nous allons faire deux fois, devoir faire deux fois. C’est une épreuve, un exercice difficile – c’est lié au devoir de suicide ou au fait que nous postposons le suicide, à la situation dans laquelle nous sommes. La première fois, ça se passe sans trop de difficultés, nous arrivons à le faire. La deuxième fois, ça va devenir si difficile, l’épreuve, que, moi qui suis partie devant, qui mène les autres, vais finir par abandonner, ce qui entraînera mon réveil.. J’avalerai au cours de cette épreuve plusieurs fois des cachets. A la fin, les autres s’en apercevront, le « chef » aussi. Qui se demande également s’il va le faire, si c’est le moment de le faire, qui ne sait pas quoi me dire. Personne ne sait quoi me dire par rapport à mon suicide.

Je ne sais plus exactement en quoi consiste l’épreuve. Je crois qu’il y a des armoires dans la mer. Nous devons grimper sur ces armoires, au dessus desquelles il y a des chaussures, chaussures que nous enfiler les unes après les autres. L’épreuve consiste à avancer d’une armoire à l’autre en ayant successivement passé son pied dans chacune des chaussures. Les chaussures sont toutes différentes, ce sont, je crois des chaussures de femmes, à talon, des escarpins. Elles deviennent de plus en plus nombreuses. Elles sont en fait assez petites. On ne peut, en fait, à peine y glisser un orteil. Il ne s’agit pas de les mettre, il s’agit d’y glisser l’orteil ou le bout du pied et puis de passer à la suivante, mais de les faire toutes, sans exception. Les armoires deviennent de plus en plus difficiles à escalader et de plus en plus encombrées de chaussures. C’est parce que la dernière est vraiment trop haute, que je pleure et renonce à en sauter, comme je le devrais. Je me retrouve sur la terre ferme, je suis très triste, le désarroi est complet, je veux prendre les derniers médicaments, les autres s’en aperçoivent. Tout le monde a abandonné, en fait, ils ne savent pas quoi dire. Je me réveille.

Ce qui a poussé au suicide. Quelqu’un, que j’appelle le chef, mais qui est en fait une personne très forte, tue tout le monde. Cette personne en a plusieurs à son service. Des gens qui l’aiment et veulent tout faire pour elle, tout faire pour son service. L’une de ces personnes est un jeune homme blond, a l’air doux, avec des lunettes. Que rien ne prédestine à devenir un assassin. Il va pourtant aller jusqu’à tuer deux personnes. Ces personnes qu’il tue sont des connaissances à lui, qu’il aime peut-être, mais cela n’importe pas pour lui, à cause du chef. Ses crimes accomplis, ses devoirs accomplis, il revient auprès du chef et le chef, qui a déjà tué beaucoup de monde, après un moment d’hésitation, et parce qu’il a déjà tué tellement de monde et que rien n’a plus vraiment de sens, le tue également, d’un coup de révolver, lui et une autre personne qui se trouve plus loin. Je crois qu’il y a du sang, c’est très violent. L’ensemble du rêve est très violent, réaliste. C’est à la suite de ces meurtres que le chef, et puis moi-même, se demande s’il ne doit pas se suicider. Le décide. Puis, il y a les armoires dans la mer, avec les chaussures.

lundi 16 novembre 2009

Il n’y a pas d’accord possible entre la chaussure et le pied.

[… ] « Le gnomon du psychanalyste ».
Voilà un homme qui ose poser le problème de ce que c’est que devenir
un analyste quand on est un homme ! Comment faire, quand on est un homme,
pour devenir une femme, puisque l’analyste a une position de femme ?
Lacan utilise le terme de gnomon p. 877 des Écrits.

Je rappelle dans quel contexte. La division du sujet est un point-noeud, dit Lacan. Elle se
noue à un manque – le manque du pénis de la mère. D’où le mathème que Lacan
propose : (-j) / $. Le pas-de-savoir $ est articulé au pas-de-pénis (-j).

Pas-de, Leonardo l’a fait remarquer, c’est non seulement le manque, mais
aussi le pas que l’on fait.

[… ]

(L’actrice américaine Robin Wright Penn, qui vient de se séparer de
Sean, a confié à un journaliste que le point d’appui (le gnomon, pourrait-on
dire) dont elle se sert pour composer les personnages variés qu’elle
joue, ce sont les chaussures. Qu’ils soient bien ou mal chaussés est
quelque chose de très important pour elle. « Faire chaussure », selon
l’expression de Lacan, elle s’y emploie, donc, car c’est ce qu’elle prend
particulièrement à cœur.)

[… ]

Une femme, dans l’auditoire, l’a
souligné
: « Trouver chaussure à son pied, c’est impossible. Il n’y a pas
d’accord possible entre la chaussure et le pied. »
Une faille, de lui, la
sépare, elle. Le chausse-pied, aussi habile soit-il, n’en peut mais.

Leonardo, cependant, l’a précisé – c’est une femme qui lui a permis
de faire le saut par dessus la faille, c’est-à-dire de quitter le fantasme
de continuité de la commune mesure, dans lequel le chausse-pied est captif.

Extraits du Journal des Journées n° 57

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Le mot Gnomon est un mot latin qui veut dire aiguille de cadran solaire, venant du grec Gnômôn qui désignait une règle ou ce qui sert de règle. Par dérivation un gnomon est le nom du plus simple cadran solaire : un bâton planté verticalement dans le sol, ou même encore plus simple : l’homme lui-même.

The gnomon is the triangular blade in this sundial

The gnomon is the part of a sundial that casts the shadow. Gnomon (γνώμων) is an ancient Greek word meaning « indicator », « one who discerns, » or « that which reveals. »

It has come to be used for a variety of purposes in mathematics and other fields.

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