on m’a si souvent dit que j’avais un accent étranger

7 janvier 2009 | janvier 2009 | brouillonne de vie | , , |

ma mentalité de midinette m’a joué  un petit tour.

de l’utilité d’être parfois un peu parano : se resituer dans l’adversité, le sentiment de l’adversité, voire le sentiment imaginaire de l’adversité, sortir de la concorde du nous.  de quel nous parlais-je ? celui d’une communauté qu’il me plaît à imaginer, à laquelle je me souhaite appartenir // la solitude d’une cause et  ses communautaires moments.  j’en connais moi ( dans leur nuit)  qui ne se connaissent aucune cause. or  moi non plus moi non plus,  je ne la connais (communauté d’insavoir). j’en sais. j’en saurais. moi qui suis fille du doute et de

qui donc est cette insistante pasiphaé ?

ôter au doute sa coloration d’angoisse et c’est la certitude (de la poésie) / mais non mais non, je l’ai déjà dit, rien, je ne comprends, rien, à la poésie / OÙ résonnent les voix qui la disent ? (où le peuvent-elles) dans quelles aires ? trouveraient-elles à s’incarner (reviendraient-elles dans un corps, descendraient), je comprendrais . Mais dans le silence d’une pensée, le bavardeux (si, j’y insiste) silence d’une pensée : non. sombre.

il reste encore à dénoncer les liens de la voix et de la pensée.

[ le gros pouah ces voix sans chair

poésie et – s’agit-il, l’accueil d’une voix qui ne fût pas la sienne. l’étrange erre.

 

/ il dit : lisez lisez même si vous n’y comprenez rien on a presque envie de dire : surtout
surtout si vous n’y comprenez rien / soit vivez vivez

 

_ chantait mourir pour des idées d’accord mais de mort lente. je n’ose pas te le dire, mais la mort ne me fait pas peur (ni plus que les idées).

 

moi, c’est mon ordinateur que j’allume pour savoir quelle température il fait dehors.

ma mère l’oiseau

24 octobre 2021 | octobre 2021 | brouillonne de vie | , , |

ma mère l’oiseau
ta jolie tête penchée ton petit bec piquant
la moire de tes yeux
tes plumes toutes de soie
tu veilles sur nous
tu nous dis

entends-tu la couleur du tu, comme la terre
d’où tout revient
c’est l’envers de la grammaire
qui tire son teint des beaux oiseaux
tu nous dis

de la syllabe murmurée
bulle
entends-tu
le vert l’émeraude du secret de tes rêves

nous dit-elle de sa langue oiseau, qui tapote tricote faufile faucille
ses pattes nous laissent tranquilles signes
comme des baisers de cils

oct 21/nov 22 – atelier Laura Vazquez (Christine Lavant)

tu je 1, 2 et 3

21 mars 2022 | mars 2022 | brouillonne de vie | , , |

tu je 1
tu vois
il n’y a plus du tout de je
il n’y a plus du tout de tu
(on dirait)
et je parle à je
je lui dis
qui es-tu
je me dis
qui est tu
qui est tue
et surtout
que dis-tu
que dit tue
et pourquoi ?
est ce tu
(des profondeurs)
tu es je
je vois-tu
ça me tue
ça tue je
ça je tue
 
puis tu dis
mais à qui
tu te tues tu te tues tu te tues
tu redis
mais à qui ?
et pourquoi ?

tu je 2
que tu dis que tu dis que tu dies et que du
que je dis que je dis que je die et que jus
que je mie que je tie que je die et que tu
que tu zides, que tu dizes, que tu dizes et que zu

tu je 3
que tu gies, que tu gies, que tu gies, et que jus
que tu gies, que tu gies, que tu gies, et que ju
que tu gies, que tu gises, que tu gises, et que j’us
que tu mises, que je tises, que je tuses, et que j’eus
que je rie que tu dies, que tu filles, et que dû que je gie,
que je gie, que je gie, et que j’eus
que je gie, que je gise, que je gise, et guedu
que je sus, que je mû, que je nue
et guedu

Atelier Anne Sexton

cléa téléphone moment
— ça la prend

24 octobre 2022 | octobre 2022 | brouillonne de vie | |
et puis, y aura toujours ce moment où
cléa prendra son tel et ira
ira errer errera
sur les réseaux sociaux
ça la prend
sans son gré (toute entière, dans un moment d’éclipse, puits d’oubli)
au cœur de la nuit, à l’orée du jour ou à son apogée, dans l’aube montante ou descendante, mais aussi à table aussi sur le trottoir à tant d’autres angles incongrus
ça la prend
n’importe où n’importe quand pour n’importe quoi
ça la tire
dans les tunnels de l’abolie volonté (du cycle mort de l’heure éteinte ; corps tus corps mourus océan de voix dont les sonorités opinionnées ne résonnent pas plus loin que la calebasse la cabasse que la caboche et ça lui suffit à cléa, des voix qui ne franchissent l’enclos d’aucune bouche, voix blanches, mijotantes, qu’elle est seule à ouir (qu’elle oit).  ah mais tais-toi toi aussi, puisque souvent également il n’y a plus de mots, de seuls défilés d’images où cléa s’engloutit. ah les mystères sont insondables. ah ah les mystères sont insondables. ne le sont-ils ? cléa n’entend que sonne l’heure.)

dans le très noir – moment

27 octobre 2022 | octobre 2022 | brouillonne de vie | , |

fermez les yeux, soyez avec moi dans le noir, le très noir, le jour ne s’est pas encore levé. tout est noir et vous vous en délectez. 

noir sous les paupières en un lac chaud, noir dans le corps  longuement étalé, noir tout alentour.

(je ne sais si vous connaissez ce lac sensationnel de l’œil, celui qui vit sous les paupières, qui repose sur le globe oculaire. nous avons 2 yeux? oui, mais ici, 1, les yeux fermés, il y a le lac, et plus rien d’autre, nul songe aux 2 yeux, c’est très large, et reposant, mais il y a deux yeux bien sûr. )

le poids de la couette est exquis, la chaleur qu’elle vous communique, itou, sa douceur sur votre bouche, vos cuisses. douceur encore de votre poids enfoncé dans le matelas, couplé à la rassurante résistance qu’il vous oppose et où vous vous reposez.

douce chaleur  sous la paupière, la profondeur de son poids que vous appréciez et qui se communique, vous roule à l’intérieur du corps, dans un mouvement à la fois rapide et lent où vous vous enveloppez du dedans, vous emplissez du dedans et d’une matière d’air et compacte où s’oublient les viscères ou les os, d’air ou de liquide, chaud, épais.
l’heure est unique, précieuse, fruit mûr offert par la nuit, vous aimeriez vous y couler, vous rendormir, retourner dans les royaumes du sommeil, ne pas assister au lever du jour, vous vous roulez sur le côté.

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