Hier, mercredi 22, revu analyste à 10h…. avant d’y aller, je publie en vitesse le post sur les 3 chiens, comme je venais juste de retrouver dans ma mémoire le premier petit chien noir : un jouet. dans la salle d’attente je relis sur le téléphone le rêve de la chambre de Sylvie, Frédéric devient fou, ce qui m’amène à parler du double meurtre de mon oncle, de la façon dont il a été aimé par ma tante et ma grand-mère, de l’aveuglement de mon grand-père, du procès en Assises, de sa sortie de prison, et de la relation « spéciale » de ma mère à mon oncle, jusqu’à ce qu’il lui saute dessus… j’étais toute chose après ça, lourde.
journée qui a suivi : mal, malade, mal au ventre. beaucoup de découragement par rapport à l’écriture, au blog. beaucoup de ménage.
au soir: discussion avec J, sur trans et TERF, les féministes antitrans, après visionnage épisode 3 de la série Sex education…. je parle de la difficulté qu’il y a à être femme; il dit pas si difficile que ça ; je veux dire : tu n’en sais rien tandis qu’il veut dire qu’il en sait plus que ce que je ne crois. nous nous interrompons. je ne sais comment j’arrive à dire que ce que j’ai vécu était difficile, et que ça n’aurait pas eu de sens que j’intègre dans mes difficultés la pensée aux trans. il acquiesce. dit qu’il s’est désintéressé de la question des genres. dit qu’il ne se définit ni comme homme ni comme femme. F dit qu’il en va de même pour lui. je dis qu’on aura beau créer et multiplier des regroupements autour de minorités de genre, de jouissance, on ne pourra pas faire qu’à l’intérieur de ces minorités encore, ça soit différent, qu’à l’intérieur même on ne soit pas dans l’identique, dans l’identité, qu’à l’intérieur même de ces regroupements, il y ait encore de la sexualité qui ne se définisse que par rapport à un seul individu, qui ne soit étrangère à toutes les autres, que là encore, comme dans ce que j’ai vécu et mis du temps à comprendre : toutes les femmes ne vivent pas la même chose, toutes ont une sexualité différente, que pour moi la bannière femme existe mais ne recouvre aucun universel. il acquiesce, il dit qu’il faut que ça soit comme ça, pour tous. je dis que je ne vois pas, au point où j’en suis, comment aborder le monde autrement qu’au départ de l’existence de deux sexes. je dis et ne dis pas, je n’arrive pas à continuer ma phrase. cette phrase où j’avoue en quelque sorte mon absolue binarité et où je réalise jusqu’à quel point elle m’a fondée, cette pensée. je ne continue donc pas ma phrase, la garde pour moi. même si les premiers mots ont bien été entendus. nous sommes en terrain délicat. sinon, je suis fatiguée à l’idée d’avoir à m’intéresser à ce monde, tellement étranger, du genre, du féminisme ou du LGBTQIA+, etc., qui multiplie les acronymes et auquel je ne comprends rien. comme si mon monde n’était pas déjà suffisamment complexe et qu’il ne fallait déjà pas perpétuellement le rapiécer. mais, ça a le mérite de faire réfléchir et de remettre en question et à voir les choses d’un autre point de vue(1), puis, c’est la pensée qui est celle du monde contemporain. je veux dire que je suis sûre que c’est cette pensée qui recouvre au plus près ce qu’il en est du réel du monde contemporain. je suis représentante d’une pensée has been, d’un monde qui n’existe plus, qui n’est pas arrivé à survivre, qui n’a pas assumé sa propre transmission.
(1) je crains cependant n’avoir plus l’agilité d’esprit suffisante pour l’assimiler. toujours ce sentiment que les choses ne font plus que glisser sur moi. il faut que je trouve le moyen, dans ce que je vois passer, dans ce que j’ai raté, de la pensée contemporaine, que je trouve le moyen de m’en approcher, de m’y attarder, mon fils, son intérêt, sa connaissance, pourrait m’aider, et il faudra que je défasse probablement ce qui seulement me soutient. ou pas. car à quoi tient-on. à quoi tient-on. à quoi tiens-je. et ce que j’ai conçu – conquis de haute lutte – pour m’expliquer le monde au départ de la binarité des sexes enseignée par la psychanalyse, au départ de la différence sexuelle, comme au coeur de ce qui cloche : l’autre ne jouit pas pareil, ce qui m’a aidée à faire face à ma propre différence, mon propre inassimilable, a fait son office, n’a-t-il fait son office? ainsi maintenant que tout a bien pris, plutôt terre glaise que ciment, que tout s’est même raidi, et tient, peut-être puis-je retirer les bouts de bois qui ont servi d’étais, d’attelles, d’ossature. finalement, je suis aujourd’hui bien plus solide que je ne le laisse entendre ici.