Dois fermer le blog, pas le courage de l’écriture, trop paresseuse, devenue trop paresseuse ; ai été travailleuse, ne le suis plus. Du coup continue à trop restreindre ce que je dis. Présuppose, crains, espère, m’attends à certains lecteurs, qu’internet rend d’ailleurs trop proches, auxquels je cherche à servir ce à quoi je m’attends qu’ils s’attendent.
Par exemple, entre autres, et s’opposant d’ailleurs à mes autres supposés lecteurs, crains trop la lecture des psychanalystes, moins leur lecture que celle de l’École (de la Cause freudienne), qu’ils représentent pour moi. Ce que je crois de ce qu’elle peut savoir, qu’elle veut savoir, de la façon dont elle veut le savoir, du moule, des modèles (langagiers) dans lesquels elle fonctionne, de l’étroitesse de ces moules, dans lesquels pourtant je voudrais forcer ma pensée. Cela ne veut pas dire qu’elle ne supporterait pas que ces moules soient forcés, élargis, mais cela y demanderait une assiduité à l’écriture que je n’ai pas.
C’est quelque chose du style de l’École qui ne me paraît pas propice à l’auto-analyse, un style trop maîtrisé, surveillé, stéréotypé, et peut-être le fait que trop peu d’analystes aient suffisamment insisté pour faire reculer les limites de leur propre analyse. Pour les faire sauter. Ou pour témoigner de ces limites, des limites de la psychanalyse. De ce qu’ils n’ont pas pu faire sauter comme verrou.
Quelque chose cloche dans la psychanalyse, quelque chose rate, qui au moment de son enseignement se voit pris dans un discours qui certes lui convient, « L’Autre qui n’existe pas, le trou du langage, l’insensé du réel, etc. », mais qui rate de trop bien fonctionner, de rater son ratage. Le lisse et le poli même de son discours lui fait rater, trahir l’objet qu’elle a su pourtant cerner. Elle devrait trouver le moyen de bégayer un peu plus et la finesse d’en rire. Le discours de la psychanalyse ne devrait se supporter, ne consister, que de l’invention (et donc de l’incrédulité que l’invention éveille).
Politiquement, elle est trop sage, peu incline à reconnaître qu’elle ne devrait s’avancer qu’en se passant des atours politiques habituels, atours, discours dont elle ne devrait se revêtir qu’avec la plus grande prudence, plutôt que la déférence dont elle fait montre, se limitant dans un premier temps à un rôle de révélateur et de critique, dans le souci de d’abord faire entendre la voix de la psychanalyse plutôt que celle du discourcourant politique.
Je voudrais qu’elle cesse de croire et de porter aux nues une élite intellectuelle – parlant ici surtout de ce qui se passe à Paris -, à laquelle elle appartiendrait. Parce que cette croyance l’aveugle et diminue considérablement la portée de ce qu’elle annonce, présente. Dans le même esprit, ses intérêts culturels sont bien trop limités.
C’est à cause de tout ça que moi je dois cesser d’écrire mon blog, où je suppose, espère toujours la présence d’un psychanalyste dans mes lecteurs, mais d’un psychanalyste en tant que représentant et responsable de l’ École, une école exploratrice, laboratoire, inventrice d’un enseignement toujours à réinventer. Et c’est à cause de ce que je connais des limites de cette École que je me limite d’écrire et c’est pourquoi je dois cesser de croire en elle, et cesser d’écrire ce blog.