cela fait des années que je ne sors plus

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cela fait des années que je ne sors plus.

c’est un symptôme
qui s’aperçoit à peine.
je veux dire moi-même,
à peine
je m’en rends compte,
les jours seulement passent
sans que je mette le nez dehors.

les autres, habitués à ce que je n’y sois pas,
dehors,
dans le monde,
ne paraissent pas s’en apercevoir.
de loin en loin
– j’imagine -,
j’apparais
et je disparais.

a priori, je n’ai rien contre,
le fait de sortir,
simplement
cela ne se fait pas.

à vrai dire, je ne sais pas trop
ce qui me retient dedans.
c’est ma façon de vivre,
je vais
de proche en proche,
comme une boule de billard, je cogne
les parois de l’appartement, les meubles,
les murs
et je rebondis.
c’est comme ça, que je vais.

rare, que la porte de l’appartement soit ouverte au moment où je roule sur elle,
rare que je m’échappe.

non, plus sérieusement, sortir, demande quelque chose
que le rebondissement n’attend pas,
le rebondissement sur les murs.

demande à se projeter
dehors, dans le futur,
demande un corps
habillé, vu.
entraîne
le choc de l’air

on s’attendrait  presque à
un pas hors de la gangue du présent, de l’ici et maintenant.
on croirait presque un pas dans le temps.

alors qu’alors,
dehors,
toujours me reprennent,
bien plus encore qu’au dedans,
l’ici et le maintenant,

me tressaillent, me vident,
je suis air dans les airs
(et dans ce nom : mû l’air)
et dans un corps

qui s’actionne et voit

et voit, comme on boit beaucoup.
et voit, comme on boit beaucoup.

(voit comme on prie)

qui s’actionne avec enthousiasme.
ô cuisses ô bras ô cou.
et pieds bien sûr, ces sains saints.
et le reste, tout le reste, la chair,
sous la peau du visage, frémie par le vent, par un rien, etc.

je sors pour les courses. et comme je sors peu, l’exotisme se perpétue, un rien m’enchante. parfois il faut aller plus loin, en transports. les rendez-vous. ça distrait. sauf si je me perds, affolement (c’est qu’on se sent alors du dedans régie par des forces obscures, maléfiques). il faut combattre un sentiment qui s’apparente au désespoir. ça s’apprend, ça passe. un peu comme tout.

cela dit,
donc,
l’un dans l’autre, je sors peu.
je reste au dedans.

(ceci dit sans plainte, dans un constat qui s’étonne.)

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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