mercredi 29 juin 2016

Le philosophe Giorgio Agamben : « La pensée, c’est le courage du désespoir »

Article publié par Télérama le 10/03/2012, propos recueillis par Juliette Cerf : http://www.telerama.fr/idees/le-philosophe-giorgio-agamben-la-pensee-c-est-le-courage-du-desespoir,78653.php

Le capitalisme ? Une religion. L’homme ? Un animal désoeuvré. La loi ? Trop présente.  Le philosophe italien analyse avec sagacité notre société et ses dérives « biopolitiques ».

[…]

La théologie est maintenant très présente dans votre réflexion. Pourquoi ?

Les dernières recherches que j’ai entreprises m’ont montré que nos sociétés modernes, qui se prétendent laïques, sont au contraire gouvernées par des concepts théologiques sécularisés qui agissent avec d’autant plus de puissance qu’ils ne sont pas conscients. Nous n’arriverons jamais à saisir ce qui se passe aujourd’hui sans comprendre que le capitalisme est en réalité une religion. Et, comme le disait Walter Benjamin, il s’agit de la plus féroce des religions car elle ne connaît pas d’expiation… Prenez le mot « foi », d’habitude réservé à la sphère religieuse. Le terme grec qui lui correspond dans les Evangiles, c’est pistis. Un historien des religions qui essayait de comprendre la signification de ce mot se promenait un jour dans une rue d’Athènes. Tout à coup, il vit écrit sur une enseigne : « Trapeza tes pisteos ». Il s’approcha et se rendit compte qu’il s’agissait d’une banque : trapeza tes pisteos veut dire « banque de crédit ». Ce fut une illumination.

Que nous révèle cette histoire ?

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