Bois café, 8h, au lit, noir, tout le monde dort.
Pas vrai que j’aime tant que ça à écrire sur ce téléphone. J’aime le peu de place qu’il prend, le peu de bruit qu’il fait, la petite taille de son écran brillant dans la nuit grâce à quoi je focalise mon attention en un point restreint, compact, son inconfort même me gardant de m’éparpiller – de surfer par exemple. Sinon, j’y pratique des phrases plus courtes que mon ordinaire ( soit du fait de la susdite étroitesse de l’écran, soit que je veuille plus rapidement atteindre le point (de la fin de la phrase), de façon à me rassurer quant à l’effective possibilité d’écrire sur cet engin et continuer d’avancer, m’offrant alors cet étrange, non-invité, bienvenu, neuf petit plaisir, du point que je tape, particulier, léger, rebondissant), tant il est vrai que je ne peux pas m’y esquinter à les corriger indéfiniment (ce qui n’est hélas plus vrai dès que je passe à la publication sur WordPress, sur le blog, que je pratique sur un écran d’ordinateur et où je peux donc malmener mes phrases inlassablement, ce qui est le cas pour le moment, je manipule des virgules, je fais sauter des points, et d’une façon qui finit par devenir un petit peu angoissante. Le point rapidement apporté à la fin de mes phrases sur le petit téléphone comporte donc cette jubilation inédite d’être un point allé droit au but, purement, simplement, sans circonvolutions inutiles et pouvant s’avérer déplaisantes. En effet, je ne maîtrise pas du tout la frappe sur cet appareil (cela dit, je le note à toutes fins utiles, il est possible que ce soit au lit que je m’en sorte le mieux). Mais comment font les gens pour taper à deux pouces, ça, je regrette de ne pas le savoir – et non sans une pointe d’amertume à l’idée que les « jeunes » y parviennent mieux que moi. Perso, je le tiens dans la main gauche (celui-ci, le Samsung S6; le précédent, le Samsung Galaxy Note 2, je le tenais à deux mains), je tape un peu, très peu, du bout du pouce gauche et pour l’essentiel du médium droit. Le plus agaçant, je crois, c’est que régulièrement, avec le petit bout de chair, de gras qui se trouve à la plante du pouce (gauche donc), j’appuie sur la touche 123 du clavier (SwiftKey) et perde le clavier des lettres – faut que je maigrisse du gras du pouce ou que je réduise encore son utilisation, que je me résolve à n’écrire qu’à un seul doigt. Enfin, assez rapidement, j’ai mal aux mains. Et, j’avoue stupidement aimer que cet appareil soit si lisse. Lisse comme du verre poli mais avec l’élasticité et la chaleur du plastique. J’ai terminé hier soir la lecture du livre de Ferdinand. Il faudrait que je lui écrive, je m’en voudrais de ne pas le faire. Mais je ne trouve particulièrement pas mes mots en ce moment, enfin surtout quand je m’adresse à quelqu’un. Je n’y arrive plus bien, je panique, tout se disperse, les mots, il me semble que je les vois s’envoler, me quitter, je me sens dans un sentiment d’immaîtrise absolue. Et puis ce livre, et les livres en général, que j’aime… – BATTERIE FAIBLE ! Va falloir que je change de place ! VOILA ! Lumière (brillante, étonnante, c’est soleil dehors) et froid du salon! – Les livres donc, je m’en veux, toujours, de ne pas leur rendre, à chaque fois, l’hommage qui, me semble-t-il, leur est dû. De ne pas arriver à restituer ce qu’ils me font, comment ils pénètrent ma vie. Il me semble être toujours en-deçà de ce qu’ils m’offrent, et je pense que je ne m’en voudrais pas tant si je ne ressentais pas, de l’intérieur, là, sous la peau, tout près, la possible expression de ce qu’ils entraînent, amorcent en moi. Les fils qu’ils tendent, que je pourrais saisir, étirer, tisser. Pourquoi faut-il que je reste toujours en deçà de quelque chose, de quelqu’un, pas à la hauteur de moi-même. Maintenant c’est Chester qui est venu s’installer sur moi…. décidément, on ne peut pas écrire tranquille dans cette maison.