un manque ici recouvre un autre manque

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie Étiqueté , , , , ,

dimanche, lendemain des ateliers
atelier chi et santé suivi par atelier de méditation
avais la veille envoyé à n.  l’ensemble  des textes écrits jusqu’à présent sur la méditation et le taï chi (qu’il serait d’ailleurs bon que je relise, analyse) –  du coup, n’étais plus dans la belle et bonne distance, indifférence que j’avais fini par atteindre

1. chi et santé

travail sur le plexus solaire (encore un de ces endroits dont je ne ne suis jamais sûre, au moment où il est nommé, d’où il se trouve…) 

peau d’abord, puis sous la peau, puis très profond /  main gauche sur plexus côté gauche, main droite posée en antenne  / main droite « déplace » sorte de vague souterraine (que l’on a mis un certain temps à réveiller) côté gauche, du haut vers bas, du pouce vers le petit doigt de la main placée sur le plexus, puis redirige le tout vers tantien

ce qui a été remarquable, c’est l’effet que ça m’a fait. ressenti non pas au niveau du plexus, mais dans le pied gauche, dans le haut du pied gauche !!!

c’était la révolution dans le pied. 

ce qu’il y avait à sentir au niveau du plexus solaire, je ne le ressentais pas là, mais au niveau du pied gauche, très très nettement et même très agréablement, et même des deux pieds. et  je ne m’en suis sur le moment même pas tellement étonnée, je me suis juste dit, voilà, c’est ça, c’est un déplacement (comme on parle de déplacement en psychanalyse) et la facilité que j’éprouve dans le tai chi avec les pieds, ma sensibilité particulière de ce côté-là, vient de ce que les sensations perdues, réprimées, anesthésiées au niveau du ventre, se sont déplacées, sont allées s’exprimer au niveau des pieds. bon sang, pourquoi ça m’arrive à moi, pourquoi ça m’arrive et que je doive le raconter!!!)

je l’éprouve et j’en suis certaine, mais je n’en suis pas moins convaincue que cela peut paraître, doit paraître complètemement débile.

bon, je ne peux pas chercher plus loin pour le moment. faut que je me dépêche de dire un mot ou deux de la méditation qui a suivi, puis que je passe aux véritables actions de la journée (construire le lit de jules).

(f. qui se réveille, qui est malade mais qui va mieux,  dit qu’il veut du steak haché. donc, faut que je me dépêche encore plus.)

2. méditation

après un long travail sur la posture, durant la méditation, je n’arrive à remarquer que certains craquements  que j’entends au niveau du plafond, au-dessus de moi, vers la droite. parfois rejoints par d’autres craquements  plutôt provenants  de la gauche et du bas. heureusement la forte respiration de mon voisin s’est entre-temps faite plus discrète, mais je ne parviens à rien trouver d’exaltant aux craquements que j’entends. veux-je d’eux, me dis-je, veux-je de ces craquements, non, je ne veux pas de ces craquements. j’ai beau faire, je ne leur trouve RIEN et leur rien s’étend à tout.

pour la première fois, je me demande ce que je fous là.  j’y suis sans attache, ni sens.

à un moment, la faille discrète du chant d’un oiseau, la lumière du printemps qu’il annonce, le souvenir de la nature, pourrait venir éclairer mon visage, mais je rejette cette échappée factice, facile. je m’en tiens à ce pesant ennui. ce repli.

de penser à f et j ramène peut-être un peu de sens. je ne sais pas si je ne culpabilise pas un peu. est-il vrai que l’autre soit nécessaire à l’advenue du sens. mais quid alors de la fondamentale solitude, qu’est-elle? elle et son absurdité? et l’est-elle, absurde ou n’est-ce que la culpabilité qui parle. et que générerait-elle?  de quoi est-elle d’office coupable, cette solitude? et si ce n’est pas le sens qu’on cherche là, dans ces séances de méditation, si c’est au contraire vers la rencontre de son absence que l’on s’avance : alors quoi? (et qu’on viendrait à la trouver : alors quoi?)

n. propose alors, en  fin de méditation, d’accueillir en soi quelqu’un, je ne sais plus quels étaient ses termes, elle a réactivé la respiration en l’évoquant, en l’associant peut-être à une « douce chaleur dans la poitrine », un creux où accueillir un autre, laisser venir quelqu’un, sans d’ailleurs chercher à choisir la personne. mais je ne veux d’aucun, sinon f et jules.  ainsi peut-être vraiment n’est-ce que la culpabilité qui a « parlé », qui a agi, dans l’aperçu, l’entrevoiement de ma coupable solitude.

(coupable : de ce qu’aucun sens ne s’y lie. qu’in-dé-cens.)

il s’agit là déjà de longs développements sur ce que j’ai ressenti. fondamentalement, il n’y avait guère plus que ces craquements que j’entendais occasionnellement, du désappointement et finalement, un peu de  chaleur recherchée côté f et j.

après, la méditation, et par curiosité de ce qu’elle pourrait en dire, n, de ce que j’ai ressenti,  je parle de ces craquements, de ce rien, du vide. mon sentiment est très neutre. elle parle. elle entend : rien. elle sourit. peut-être n’est-ce qu’à elle que j’ai voulu dire : tout cela n’est rien. 

( jules a acheté le steak haché)

sortant de là, je pense à ces termes de Lacan : « un manque ici recouvre un autre manque« . 

et je songe qu’il va bien falloir que je m’en détache de cet objet, rien, qui n’est pas rien, comme le disait d’ailleurs n. puisque le rien n’est pas le vide. 

rien n’est le nom d’un manque, n’est que l’objet, l’enforme qui vient recouvrir un autre manque, plus fondamental, plus vide.

en sortant, j’aurai pensé (voulant dire : cela sera ce qui s’est pensé) : il était donc là, c’est lui qui sera venu se présenter, cet objet que je connais : ce rien dont il faut que je me détache. et peut-être est-ce lui qui a couvert le vide du mot d’ennui (comme d’un vernis). 

car que sait-on du manque, que connaît-on sinon tous les avatars que l’on en forge, que l’on enforme

(le détachement du rien : au travail de quoi je suis. peut-être ce travail est-il infini. peut-être n’y aura-t-il rien de plus que ça :  ce mouvement de détachement, de décollement. ou pas. ce que je fais ici : rien. le blog : quel pour-rien me permet-il de le faire? (c’est parce qu’il est fait pour rien que j’arrive à le faire) à la gloire du rien dans nul achèvement (et donc surtout pas de livre). c’est le le blog en lieu et place du le-livre. je suis en guerre contre les idéaux, car ils m’ont rendue impuissante. car ils m’ont condamnée à ne rien-faire. car l’idéal chez moi est toujours de l’Autre , à portée de l’Autre (Sbarré flèche S1), l’idéal est S1, et à S1 : je désobéis. tandis que rien est le nom de ce que j’ai dans le ventre. S barré flèche S1 et Sbarré sur petit a – petitau nom de rien. avatar : rien. ce rien de réel. on aimerait dire : il y a juste lieu de s’en décoller, de ne pas s’y identifier.)

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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