les frigos – une question d’espace et de mouvement

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie Étiqueté , ,

08:24

[Réveillé à 6h30, hier déjà, net progrès. 6h30, heures des poumons.]

Pour  le moment, je suis très triste mais ce n’est peut être qu’une question d’espace et de mouvements. Qu’il me manque, qu’il nous manque,  l’espace et les mouvements. 

Nous étions l’autre jour chez Darty, à l’étage des frigos, et moi qui allais si mal, au bout d’un moment, j’ai senti que j’allais beaucoup mieux, que j’étais même joyeuse, oui, que nous étions tous passés joyeux. Mais, ce qui nous plaisait, peut-être, je le réalise maintenant, ce n’était pas tant d’acheter ensemble, l’acte consommatoire, que de circuler ensemble d’un frigo à l’autre en nous amusant à les commenter, en les ouvrant joyeusement, et que cela se passe dans un espace très grand, très haut de plafond, une vieille bâtisse peinte en blanc, où nous pouvions nous déployer, glisser,  tandis que nos paroles écoulaient des commentaires légers, nous offrant pour un court instant (de réaliser son but, à la parole et) d’atteindre un certain accord sur l’objet, en l’occurrence, le frigo. Lequel n’avait que très peu d’importance, au moins dans sa fonction première, même si, à la réflexion, leur taille, généreuse, légèrement supérieure à la nôtre, posés qu’ils étaient, alignés sur une surélévation du sol, leur ample largeur, la douceur de leurs courbes, en faisaient des objets rassurants. Et sans d’ailleurs que nous nous payions l’illusion de pouvoir acquérir ce caractère, tant l’espace confiné de notre propre cuisine en aurait, je le crains, plutôt fait ressortir l’aspect morbide,  dès que nous l’y aurions coincé. Eh quoi, pas de nouveau frigo, alors. 

*

08:41

Il est temps que nous récupérions nos organes. Nos organes et les espaces qui leur conviennent.

Je me demande s’il y a assez d’espace sur terre pour que chacun y soit logé dignement. Chacun d’entre devrait pouvoir  vivre dans un château. Certains d’entre-nous, toutefois, préfèrent-ils peut-être des espaces plus confinés. Cela dit, dès que l’espace public nous aura été restitué, la question ne se posera peut-être plus de façon si poignante. 

De mon point de vue, l’espace extérieur n’est plus aménagé que pour que les travailleurs travaillent. Que l’on songe aux voitures, n’est-ce pour le travail qu’elles circulent d’abord principalement. Et lorsqu’elles circulent toutes ensemble aux moments des transhumances d’été, n’est-ce encore pour obéir aux exigences du travail. 

Et donc, non, il ne s’agit plus d’un espace public, d’un espace appartenant à la cause du vivre ensemble, à la polis, mais d’un espace dédié à la mise aux travail des humains.

(Je me propose d’observer s’il n’y aurait pas quelque  avantage à traiter la parole comme un organe. Que nous apprenions à en prendre soin comme nous apprenons à prendre soin de nos organes, à nous les réapproprier.)

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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