13 oct 24
7h 22, éveillée depuis 3h du mat, je vais bientôt me recoucher. Découragée par la façon dont je fais avancer le travail sur le blog. Hier, attardée toute la journée sur… le mois de janvier 2023! Cela en dépit des décisions et du travail de la veille, cela probablement parce que je venais d’importer ce mois dans le blog depuis Evernote (via Diarium). Quelque chose attire mon attention, je n’y résiste pas. Ce peut être n’importe quoi à proprement parler : c’est pur et simplement l’impulsion de la pulsion et je je m’empare de strictement n’importe quel objet : qu’il s’agisse d’un problème de fond ou de forme, il faut que je m’y attelle sans tarder. Cela me met dans un état de transe que rien n’arrête. Cela n’est pourtant pas tout à fait sans cause particulière, cela n’est pas tout à fait indifférent, me dis-je pour me rassurer, (cela peut-être se rattache-t-il à un projet plus grand que moi, qui me dépasse, peut-être faut-il que j’y croie, à ce qui en moi serait plus grand que moi, quoi donc, sinon : tu vas mourir et il ne restera rien de toi), il s’agissait tout de même, hier comme la veille, d’un regard en arrière, d’un regard sur ce que j’ai pu écrire, voulu écrire, d’un sentiment d’effroi à voir le peu qui reste, à voir tout ce qui est perdu et la prise alors démesurée d’une envie de compléter, d’aboutir à quelque chose qui soit, in fine, tout simplement, lisible. Puis, quand la nuit vient, la tristesse m’envahit, le désarroi, le sentiment d’avoir été menée par le bout du nez, de n’avoir pas vu le jour passer, de m’être une fois de plus laissé dériver, désamarrée. Comment y consentir, à cette façon d’avancer dans la dérive ? Ou comment ne pas écouter le jugement que je porte sur moi et mener le projet jusqu’au bout, dans la dérive mais les rives de ce blog. Comment consentir à cette jouissance plus forte que moi. Pourquoi ne pas y consentir. C’est que le projet est démesuré. Je me rassure, je me dis : commence par un mois, commence par une semaine, choisis un seul sujet, fixe-toi une année. Cela déjà, sera bien. Or je sais que je ne peux compter sur cet engagement.
l’objet blog
Dès que j’ai cet objet du blog en main, dès que je me mets à le manipuler, tout m’y intéresse, tout m’appelle. Je n’ai aucun sens d’aucune priorité, valeur. Cette nuit, avant que je ne me lève, j’étais une fois de plus tenue éveillée à la pensée de sa mise en page. Je rêve maintenant de quelque chose de beaucoup plus épuré, je rêvais de noir et blanc, je voyais ce que je voulais, touy en étant posséder âr que l’envie d’ajouter encore des images. Il faut probablement que je parle de la virtualité de cette objet, de ses possibles, de l’impossible de ses possibles, et e ses modifications constantes. Mais pour en dire quoi? Et c’est parce qu’il s’offre à être perpétuellement retravaillé, je rêve de le voir imprimé, fini. Mort terminé détaché. Détaché de moi, sorti de ma tête, manipulable par les autres. Si je pouvais arriver à ça. Une petite part, l’en détacher, en faire une petite publication séparée, qui existe dans le monde, qui puisse être tenu en main, qui prenne de la place, physiquement, que je puisse envoyer à des amis, etc.
Je songeais cette nuit aussi à cette notion découverte hier dont j’oublie à l’instant le nom, à propos de la révolution induite à la littérature par Mallarmé. Le parataxe… Donner forme au manque de liens de coordination, de subordination. Accepter la juxtaposition d’éléments disparates. C’est là me disais-je que le carcan WordPress est pesant, qui voudra tout afficher à l’intérieur d’un modèle, qui supporte de moins en moins les personnalisations des uns et des autres (comme ce que dénonce Olia Lialina depuis des années), car on voudrait que ce vide qui relie les choses les unes aux autres s’affiche, se voie. On voudrait aussi que l’espace qu’il prenne soit lié aux particularités des éléments qu’il sépare et relie. Comment afficher la disparité, comment laisser la place au vide. Comment le supporter au coeur même de sa vie. Je songe donc à ce carcan de WordPress et je suis découragée. Carcan que j’ai recherché, voulu, voulu imposer à l’espace de l’écriture. Espace de l’écriture sur écran. Espace devenu immaitrisable aujourd’hui, à cause de la diversité de taille des écrans et des navigateurs. Et je me dis qu’il ne me reste que le papier.
Il reste le papier : Je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à sortir de cette boule de blog un extrait, à m’en séparer, à le faire exister ailleurs, IRL. Le blog, c’est ma poche.