l’écriture est sa doublure alors qu’elle devrait être son manteau

La vie de Sachs est en effet modelée par des  traits de genre qui forment un système : la vie comme un texte, un palimpseste cousu de figures lisibles à qui sait les lire.

Première des figures de son existence rhétorique, le paradoxe de cet homme qui vénère la chose écrite est son incapacité à produire un texte en vue de le montrer. Impossible à rendre publique, l’écriture est sa doublure alors qu’elle devrait être son manteau.

Maurice Sachs le désoeuvré, Thomas Clerc, pp. 20-21

écrire le journal de judas

Contrairement au tricheur qui jouit d’une petite supériorité d’un quart d’heure sur les autres et ne fait que justifier l’ordre auquel il s’adosse, le traître, lui, est une figure d’artiste, il est fondateur de péripéties. Gilles Deleuze a réglé trop vite « le cas pathétique de Maurice Sachs » sans voir que voleur, escroc, artiste ou faussaire ornaient son tissu de nuances multicolores.

[…]

Que fut la trahison pour lui, sinon l’autre visage, suprême et dégradé, de la Littérature? Sa propension à décevoir les autres ne prit fin que lorsqu’il s’enferma dans la fiction, déclarant forfait comme on retourne une carte. Un écrivain authentique aussi est un traître, traître au monde, à sa classe, traître aux choses qu’il remplace par …
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